Comme attendu, Alger a répondu aujourd'hui, 21e vendredi de la révolution pacifique, au dernier discours agressif du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaid Salah, où il a qualifié de « traîtres » les manifestants qui appellent à l'instauration d'un « Etat civil, non militaire ». Le slogan « Etat civil, non militaire » a dominé la marche du 21e vendredi à Alger. Il a été scandé par des milliers de manifestants et transcrit sur de très nombreuses pancartes. Le chef d'état-major de l'armée a eu droit à une chanson politique d'une grande lucidité, avec une belle mélodie, et un texte dépourvu de la moindre agressivité. « Dites à El Gaid, nous sortirons chaque vendredi, nous ne nous arrêterons jamais. Dites à El Gaid, il est où l'article 7 (Le pouvoir constituant appartient au peuple… NDLR ). Dites-leur que vous ne pouvez pas nous distraire avec le football. Dites-leur que nous aurons la liberté et adviendra que pourra !», ont chanté les manifestants à la rue Pasteur, à Place Audin et à la rue Didouche. Les manifestants ont scandé les slogans habituels à l'instar de « y'en a marre des généraux », « le peuple ne veut plus du pouvoir des militaires » et « Algérie libre et démocratique». Les foules géante, qui a submergé le centre de la capitale aujourd'hui, n'a pas oublié les dizaines de jeunes porteurs du drapeau amazigh et le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, placés sous mandat de dépôt. « Attalgou welad'na ya elhagarine (Vous les injustes, Libérez nos enfant) ! » et « Libérez Bouregâa ! ». Sur les pancartes, outre l'omniprésent « Etat civil, non militaire », les manifestants ne se sont pas lassés d'adresser des messages aux tenants du pouvoir, espérant, après près de 5 mois de mobilisation, d'obtenir une réponse favorable. « Elle est où la liberté d'expression ? Elle est où l'indépendance de la justice ? », « Libérez les détenus d'opinion », « Gouvernement illégitime, président illégitime. Dégagez ! ». On peut lire aussi sur les pancartes « contre le mépris, pour l'Algérie, indignons-nous », « Le pouvoir au peuple, Assemblée constituante souveraine » ou encore « les revendications du Hirak sont une ligne rouge ». Les marcheurs, sortis dès la matinée, ont commencé à se disperser vers 17h00. La chaleur était intense. Et l'ambiance joyeuse, malgré l'importance des enjeux qui engagent toute l'Algérie.