Aussi imposante que celles qui l'ont précédée, la manifestation populaire contre le système a mobilisé des milliers de citoyens, à Annaba, hier. Ne voulant pas être en reste des habitants des autres wilayas du pays, les Annabis ont répondu massivement à l'appel à la participation à la marche de ce 20e vendredi, qui a coïncidé avec la date de la commémoration de la Fête de l'indépendance et de la jeunesse. Une date qu'ils ont tenu à marquer durablement par une affluence record de femmes, d'hommes et de jeunes enfants sur le Cours de la révolution, sur les mêmes lieux où des milliers de leurs compatriotes ont célébré, 57 ans plus tôt, la libération de l'Algérie et la fin d'une guerre sanglante contre le colonisateur français. À l'unisson, les manifestants ont crié leur refus de voir le pays livré à un pouvoir militaire, alors qu'ils viennent à peine de se débarrasser du bouteflikisme. C'est à travers les slogans "Echaâb la yourid houkm askari min jadid !" (le peuple ne veut pas d'un nouveau régime militaire ! et le désormais et déterminé "Daoula madanya, machi âskariya !" (nous voulons un Etat civil et non un Etat militaire), que les marcheurs ont interpellé le général-major Ahmed Gaïd Salah. Reprochant à celui-ci l'arrestation inexpliquée, il y a quelques jours, du commandant de la Wilaya IV historique, Lakhdar Bouregâa, qui est devenu l'une des figures emblématiques de la révolution nationale et du hirak, ils ont scandé tout au long des artères du centre-ville "Ya Amirouche ! Ya chouhada ! Bouregâa filhabs !" et "Libérez Bouregâa ! Libérez l'Algérie !". Cela sans oublier de rappeler la revendication première et inconditionnelle du mouvement, qui est "La Bedoui, lal'mridh, antoum matahch'mouch, ouahna ma nahb'souch !", traduire par "Non à Bedoui, non au malade (allusion faite au chef d'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah), vous vous entêtez de manière éhontée, mais nous ne nous arrêterons pas non plus !". A. Allia