La visite de Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale, hier dans la zone sinistrée de Ouanougha et Beni Ilmane, wilaya de M'sila, a été un véritable cauchemar pour les élèves des établissements de ces deux communes, notamment le CEM El Jadida de Ouanougha, où le ministre a fait une halte et s'est enquis de l'état des lieux. Plus de 200 élèves sur les 346 que compte l'établissement, ayant répondu à la convocation du CEM, se sont présentés, mais ont refusé de rentrer dans les classes pour les besoins de la visite ministérielle, en dépit des pressions récurrentes de la direction. Choqués par la tournure des événements et profondément affectés psychologiquement, les élèves ont refusé d'être utilisés comme un faire-valoir pour le ministre de l'Education nationale. « Nous sommes terrifiés à l'idée de pénétrer à l'intérieur d'un bâti, depuis le tremblement de terre du vendredi 14 mai, nous ne sommes pas rentrés chez nous, surtout que les répliques n'en finissent pas », a déclaré Marwa, collégienne de 16 ans au CEM El Jadida. « Ils veulent nous faire entrer de force pour faire plaisir au ministre », a-t-elle ajouté. « A ce jour, aucune assistance psychologique ne nous a été dispensée ». « On a peur, a enchaîné Hicham 16 ans, on ne mange même pas. Comment voulez-vous vous concentrer pour étudier ? » « Depuis le début de la catastrophe, a-t-il regretté, on ne mange pas à notre faim. » Il est déplorable que des responsables, n'agissant que pour les besoins de leur carrière, ne s'embarrassent pas, en se ridiculisant, obligeant des collégiens, sous l'effet d'un choc psychologique, d'agir et de faire comme si de rien n'était. En pénétrant dans cet établissement, le ministre a saisi au vol le fait que les élèves étaient sous le choc et a fustigé les responsables, en charge de l'éducation, d'organiser les compositions pour des élèves qui n'ont bénéficié d'aucune assistance psychologique. Il a aussitôt pris la décision d'annuler toutes les compositions du dernier trimestre pour tous les paliers et a donné la possibilité aux élèves de terminale qui échoueraient au bac de refaire l'année, quel que soit l'âge du candidat. M. Benbouzid a visité les tentes-classes dressées la veille par les éléments de l'ANP. L'annulation de toutes les épreuves du dernier trimestre de l'année scolaire 2009-2010 pour les établissements des deux communes sinistrées rend caduque l'initiative de la substitution des classes endommagées par des tentes.