L'examen du bac dans les communes de Beni Ilmane et Ouanougha, région frappée par un violent séisme le 14 mai dernier, se déroule dans les pires conditions. Les 357 élèves, repartis dans 18 tentes, nous ont fait part de leur angoisse devant des conditions climatiques insoutenables sévissant dans ces contrées steppiques. Ils se sentent lésés par rapport à leurs congénères passant le bac dans des conditions bien meilleures. Assia, une lycéenne de Beni Ilmane, estime qu'on ne devrait pas passer ces épreuves sous des tentes, c'est une erreur monumentale qui a été commise par les autorités quant à ce choix. Si la température enregistrée en cette journée du 8 juin à l'air libre, vers14h30, affiche 45° à l'intérieur des tentes, elle dépasse les 52°. Il est pratiquement impossible de se concentrer sur un sujet quelconque du fait de la chaleur suffocante. Une lycéenne de Ouanougha, Samia, enchaîne pour dire qu'aucune concertation n'a précédé cette option de passer l'examen dans les tentes. « C'est vraiment du n'importe quoi, on a choisi à notre place, personne ne nous a consultés, c'est nous qui sommes les victimes de cette situation que beaucoup d'élèves qualifient de mascarade », a-t-elle fulminé. Hanane, qui vient juste de pénétrer dans ce lieu inapproprié faisant office de classe, les yeux rouges et larmoyants et trouvant des difficultés à respirer, lança en direction de ses camarades : « Je suis devenue allergique à la tente, à son odeur et tout ce qui se rapporte à la tente, et dès que je rentre à l'intérieur, je suffoque, et je n'arrive plus à respirer, je suis certaine que je suis devenue asthmatique. » Dans ce camp de toile qui est une véritable fournaise, ces élèves ont droit à une bouteille d'eau de 33 cl, qui a perdu toute sa fraîcheur avant même que ne sonne le début de l'épreuve de français. Les surveillants, subissant les mêmes conditions, confirment les conditions insoutenables que vivent les candidats et qu'eux-mêmes endurent. « Il aurait été judicieux de passer l'examen du bac à M'sila dans un centre avec Internet, dans des classes climatisées, et les candidats des deux communes sinistrées n'auraient pas ce sentiment de frustration qui les ronge au fur et à mesure que se rapproche la fin des épreuves », ont-ils dit. Pour le ministre de l'Education nationale, en réponse à notre question, « le choix de passer cet examen dans ce camp de toile incombe aux parents d'élèves. Pour ma part, j'étais disposé à leur faire subir les épreuves du bac même à Alger ». Et de soutenir que cette situation n'est aucunement le fait du ministère de l'Education. Preuve en est, a noté le M. Benbouzid, « j'ai dépêché mon secrétaire général pour justement mettre en place les modalités pratiques permettant aux candidats du BEM et du bac des communes sinistrées de passer les épreuves dans de bonnes conditions ». D'aucuns estiment que faire passer les examens du bac sous les tentes aura des conséquences fâcheuses sur les candidats.