A Crans-Montana, en Suisse, où les Verts s'apprêtent à entamer la phase la plus importante du stage de préparation à la Coupe du monde, Rabah Saâdane recherche encore son équipe type. Après une semaine de préparation, la sélection nationale entame le volet technico-tactique dès aujourd'hui à Crans-Montana. La phase la plus importante de la préparation, où le sélectionneur national donnera les contours de son onze-type (voir encadré). Une mission difficile dans le contexte actuel. Pourquoi ? D'abord, certains Verts n'ont pas joué depuis des mois. « Comment peut-on sélectionner pour la Coupe du monde des joueurs qui n'ont pas joué depuis des mois ?, s'interroge un consultant de la Fédération algérienne de football. Depuis son retour de la CAN, Karim Ziani n'a fait que de très rares apparitions dans son club allemand de Wolfsburg. Mourad Meghni, blessé, n'a pas joué avec la Lazio de Rome depuis au moins janvier ! Ces deux joueurs n'auraient jamais dû être convoqués. En France, Patrick Vieira, qui a à son actif plus de 100 sélections et qui, sur les 13 derniers matchs avec Manchester, en a joué 8, n'a pas été retenu pour la Coupe du monde. Après six semaines d'observation, on a considéré qu'il n'avait pas le niveau. » « ça se discute, nuance Fayçal Oulebsir, journaliste pour le site d'information Dzfoot. Ziani, par exemple, était blessé quand il a joué contre le premier match des qualifications contre l'Egypte. Cela ne l'a pas empêché d'effectuer deux passes décisives. Il est capable de bonnes surprises. » Paramètres affectifs Un argument que n'entendent pas les techniciens. « Là, on sort du débat scientifique pour entrer dans un débat surréaliste où entrent des paramètres affectifs, poursuit un éditorialiste. Personne ne discute la valeur de Ziani. C'est un joueur de qualité, qui a fait toute la campagne des qualifications, une petite star au sein de l'équipe, un gentil garçon. Mais la question est : peut-il être assez bon avec une défection de quatre à cinq mois ? » Idem pour Yazid Mansouri, qui, à Lorient, n'a pas joué depuis des mois, n'étant parfois même pas convoqué. Ou Rafik Alliche, que le Nacional Madeira, son club portugais, a écarté. « Un vrai problème, insiste un technicien. Car ces joueurs sont les cadres de l'équipe, des éléments incontournables. » L'entraîneur de Batna, Mustapha Biskri, poursuit dans ce sens : « Un joueur inactif depuis un mois a besoin d'au moins quatre ou cinq matchs pour retrouver son rythme de croisière. » Autre handicap : la discipline n'est pas le point fort des Verts. Alors que Saâdane avait fixé dimanche dernier comme dernier délai pour l'arrivée de tous les joueurs, ils étaient encore trois – Medhi Lacen, Abdelkader Ghezzal et Rafik Djebbour – à ne pas avoir encore rejoint le stage mardi. Lundi, c'est Karim Ziani qui quittait Crans-Montana pour rejoindre la France afin de signer un contrat publicitaire. Et hier, il était encore question que Djamel Mesbah qui quitte le stage pour aller disputer le match Vicenza-Lecce pour le compte de l'avant-dernière journée de la série B italienne. Et cela, alors que tous les clubs étaient tenus de libérer les joueurs avant le 17. Pacte tacite « Parce que voilà, l'équipe nationale n'échappe pas au fonctionnement de la société algérienne en général, relève un éditorialiste sportif. Quand ils sont à l'étranger, les joueurs respectent la discipline imposée par leur club, mais dès qu'ils rejoignent l'équipe nationale, c'est le relâchement total. » Toutefois, pour Fayçal Oulebsir, tout cela ne devrait pas perturber la préparation. « La gestion de Saâdane a montré ses fruits. Le plus important, c'est qu'il communique avec ses joueurs et qu'il y ait une bonne ambiance. » Une bonne ambiance ? A voir. « On sait très bien comment fonctionne l'équipe, ajoute l'éditorialiste le sourire en coin. Les joueurs qui l'ont quittée expliquent que les choix tactiques ne sont pas décidés par Saâdane mais par une petite poignée de joueurs. Joueurs et staff technique se neutralisent par un “pacte tacite“ : les premiers ne critiquent pas les seconds qui laissent aux premiers leurs libertés. » Ce qui expliquerait l'absence d'organisation. Car à Crans-Montana, le programme du stage change régulièrement. A la dernière minute... Mélanie Matarese, T. A. S., Yazid Ouahib