Le gouvernement libyen d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, est décidé à tenir tête au maréchal Khalifa Haftar, qui a lancé en avril dernier ses troupes pour prendre Tripoli. Pour Fayez El Sarraj, son responsable, il n'est pas question, en tout cas, de capituler. Bien au contraire, dit-il, les troupes du GNA promettent d'infliger une leçon à l'homme fort de l'Est libyen. «Les forces du gouvernement libyen d'union nationale n'arrêteront pas leur contre-offensive tant que les unités de Haftar ne seront pas ramenées à leurs positions d'avant-guerre», a déclaré Fayez El Sarraj, dans un entretien accordé à la version francophone du site russe Sputnik. Le responsable libyen a soutenu que ses troupes étaient en situation de légitime défense et qu'elles avaient par conséquent le droit de leur côté, ce qui n'est pas le cas des hommes de Khalifa Haftar qu'il qualifie d'«agresseurs». «Les forces du GNA agissent dans le cadre de leur droit légal et souverain de protéger leur patrie et de faire valoir les espoirs des Libyens à un Etat civil et démocratique», a-t-il dit tout en insistant sur le fait que la guerre en cours ne se terminera qu'après la défaite de l'ANL. «La guerre ne prendra fin que quand l'agresseur sera vaincu pour que les Libyens reprennent le chemin de la réconciliation, chose que l'agresseur tentait d'empêcher», a-t-il assuré au média russe. Légitime défense Le Premier ministre libyen a fait savoir à l'occasion que «la situation dans les régions du pays où le GNA a mené des opérations contre l'Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar est excellente». «Nos forces progressent résolument, conformément aux plans élaborés par le commandement, et ont remporté un grand succès, le mois dernier, en libérant la ville de Gharyan», a détaillé le président du GNA. Il a expliqué que c'est à Gharyan, localité située à 100 km au sud-ouest de Tripoli, que les forces pro-Haftar avaient établi leur centre de commandement. Sur un autre plan, Fayez El Sarraj a déploré, selon Sputnik, que les pays étrangers n'aient proposé aucune initiative de médiation au règlement du conflit en Libye. «Il n'y a toujours pas d'efforts de médiation pour accélérer la fin de la guerre. Il n'y a que des déclarations et des adresses de nombreux dirigeants étrangers appelant à la désescalade et à la reprise du processus de règlement politique», a-t-il regretté. Evoquant la situation politique en Libye, il a espéré que des élections présidentielle et législatives puissent se tenir d'ici fin 2019. Il a, par ailleurs, annoncé que les Libyens avaient présenté une initiative visant à mettre en place, en coordination avec la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), un forum national afin de désamorcer la crise et de parvenir à la stabilité dans le pays. La Libye otage La sortie du premier responsable du GNA intervient moins de 24 heures après l'intervention du représentant spécial et chef de la Manul, Ghassan Salamé, devant les membres du Conseil par visioconférence, depuis Tripoli, dans laquelle il a attiré l'attention sur le fait que «le conflit armé en Libye ne montre aucun signe d'apaisement». «Ignorant les appels à la désescalade, les parties au conflit libyen ont intensifié leurs campagnes aériennes, avec des frappes ciblées, menées par des avions et des drones armés», a alerté M. Salamé. Le responsable onusien a également fait état d'une hausse du recrutement et de l'utilisation de mercenaires étrangers en Libye, parallèlement à l'utilisation croissante d'armes lourdes et d'attaques au sol. Les belligérants multiplient également les raids aériens contre des objectifs secondaires mais aux dommages catastrophiques sur les vies humaines. «Les parties croient toujours qu'elles peuvent atteindre leurs objectifs par des moyens militaires», a regretté l'envoyé de l'ONU, estimant que «le présent et l'avenir de la Libye ne doivent pas être pris en otage par les parties belligérantes». A l'occasion, Ghassan Salamé a fait savoir que la guerre autour de Tripoli a déjà fait près de 1100 morts, dont 106 civils, et que des centaines de milliers de personnes ont dû fuir leurs maisons dans la capitale et aux alentours en raison des combats.