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Haftar charge le médiateur onusien Ghassan Salamé
DANS UN ENTRETIEN AU JOURNAL DU DIMANCHE
Publié dans L'Expression le 27 - 05 - 2019


Pour le maréchal, il n'y a que Haftar qui compte
Le diplomate libanais estime que les combats, près de Tripoli, entre Khalifa Haftar et son Armée nationale libyenne autoproclamée (ANL) et les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al Serraj, vont «conduire à la division permanente du pays».
Sûr de lui et dominateur, le maréchal Khalifa Haftar s'est comporté durant sa visite en France en terrain conquis. Il en a profité pour accorder un entretien au Journal du Dimanche dans lequel il a taillé en pièces le médiateur onusien Ghassan Salamé qu'il a accusé, ni plus ni moins, de «partialité». Pour quelle raison? L'ambitieux général à la retraite n'a évidemment pas digéré les dernières déclarations du médiateur libanais qui, après son exposé devant le Conseil de sécurité de l'ONU, a mis en garde contre la situation dramatique imposé au peuple libyen, menacé d'une «division permanente» et en proie à «une guerre civile qui risque de se prolonger indéfiniment» parce que des pays tiers veillent à l'alimenter pour protéger leurs intérêts étroits.
On sait de quels pays il s'agit, aussi bien dans la région du Moyen-Orient qu'en Europe, malgré les discours de façade. Les propos du maréchal Haftar qui pense se débarrasser à bon compte de la médiation conduite depuis 2014 par la communauté internationale et donner ainsi libre cours à son insatiable appétit du pouvoir, conforte pourtant les mises en garde de Ghassan Salamé à l'adresse des pays membres du Conseil de sécurité. L'émissaire de l'ONU pour la Libye Ghassan Salamé est donc devenu «un médiateur partial» dans le conflit, selon le maréchal Khalifa Haftar, «l'homme fort de l'Est du pays» comme se complaît à le présenter la presse occidentale, dans cette interview publiée par le média français précité. Le diplomate libanais avait prévenu que les combats, près de Tripoli, entre Khalifa Haftar et son Armée nationale libyenne autoproclamée (ANL) et les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al Serraj, reconnu par la communauté internationale, vont irrémédiablement «conduire à la division permanente du pays». Quelle réponse a Haftar à cette crainte du médiateur? «La partition de la Libye, c'est peut-être ce que nos adversaires veulent. C'est peut-être ce que Ghassan Salamé souhaite aussi», affirme-t-il, nullement gêné par la contradiction. Et de prétendre, dans une enième fanfaronnade; «Mais tant que je serai vivant, jamais cela ne se produira.» «M. Salamé multiplie les déclarations irresponsables. Il n'était pas comme ça avant, il a changé. D'un médiateur honnête et impartial, il est devenu un médiateur partial. Ce genre de propos révèle qu'il y a une opinion commune chez ces gens-là, qui parlent de partition et de conflits entre tribus. Mais, encore une fois, cette division est impossible car les Libyens resteront unis et la Libye restera un seul peuple. Tout le reste n'est que chimères», a ajouté le maréchal. Celui-ci oublie, ou plutôt feint d'oublier juste une chose. C'est lui et son ANL qui ont programmé depuis belle lurette cette agression contre Tripoli et c'est lui qui se trouve là où on ne l'a pas invité. Depuis le lancement de cette attaque brutale dont font les frais les milliers de Libyens qu'il prétend respecter, le 4 avril dernier, il y a eu selon les agences de l'ONU plus de 510 morts et plus de 2500 blessés tandis qu'environ 100 000 ont dû fuir, abandonnant leurs maisons et leurs quartiers. Haftar peut promettre comme il le fait de laisser «rentrer chez eux» les combattants qui se rendront à ses troupes. «Ceux qui acceptent de hisser le drapeau blanc, de rendre les armes et de rentrer chez eux resteront sains et saufs. Ils ne seront pas poursuivis par l'armée et bénéficieront d'une amnistie», a-t-il déclaré à qui veut bien le croire surtout quand il déclare, toujours dans l'interview: «Bien sûr que la solution politique reste l'objectif», «Mais, pour revenir à la politique, il faut d'abord en finir avec les milices. Le problème à Tripoli est d'ordre sécuritaire. Tant que des milices et des groupes terroristes y perdurent, il ne peut être résolu (...) La solution est de faire régner la paix et la sécurité à Tripoli, d'y ôter le poids que constituent les milices.» Pour résumer, le maréchal libyen qualifie de «foutaises» les propositions de Fayez al-Sarraj, qui exige un retrait de ses troupes. Khalifa Haftar qui pense que ses troupes «continuaient d'avancer» vers Tripoli, n'a aucune intention de laisser place au dialogue, tant que la force est de son côté.


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