Tout le monde s'accorde à dire que jamais un incendie dans la forêt dense de Bouni, entre les communes de Theniet Ennasr, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, et Ighil Ali, dans la wilaya de Béjaïa, n'a détruit autant de végétation. Des familles entières des villages alentour ont été évacuées et des dizaines d'hectares de pins d'Alep, d'oliviers, d'arbres fruitiers, de broussailles, ont été ravagés par les flammes il y a deux semaines. Certains riverains et habitués des lieux que nous avons rencontrés sur la RN106 font toujours grise mine et ne cachent pas leur consternation. «A l'indifférence et l'incivisme de l'homme s'ajoutent le manque de moyens et la prolifération des décharges sauvages. Donc des ingrédients suffisants pour qu'une telle catastrophe se produise inéluctablement un jour ou un autre. Certains citoyens ‘‘distraits'' croient trouver la bonne solution en brûlant les mauvaises herbes pour épargner leurs récoltes en leur permettant de mûrir correctement. Or, ils oublient qu'il ne faut jamais jouer avec le feu, surtout en période de canicule. Mais jusqu'à présent aucune hypothèse, quant à l'origine de l'incendie, n'a été établie», se désole un riverain. Deux semaines plus tôt, sous nos yeux, des nuées de perdrix et d'oisillons qui commençaient à peine à voler de leurs propres ailes ont été grillées en plein ciel, avant de tomber à terre. Et certainement, beaucoup d'autres animaux qui constituent la faune n'ont pas échappé aux flammes dans leurs terriers. Aux abords de cet axe reliant Bordj à Béjaïa, des dizaines d'usagers marquent une halte en ce week-end, à la température relativement clémente. Sauf que cette fois-ci ce n'est pas pour admirer le paysage féerique et le joyau végétal que leur offrait jadis cet endroit, mais pour constater les dégâts. A Boumsaâda, Tafreg, Achabou, dans la commune de Djaâfra, comme à Bouni et dans les villages avoisinants de Ferracha et Djedida, dans la commune de Theniet Ennasr, le paysage verdoyant a laissé place aux arbres calcinés et aux cendres. «Il faut plusieurs décennies pour que la forêt se régénère et autant d'années pour les vergers, constamment entretenus par leurs propriétaires», se lamente un usager de la route. Par ailleurs, des appels, via les réseaux sociaux, ont été lancés, incitant les citoyens à rester vigilants dans l'espoir de sauvegarder la faune et la flore, ou ce qu'il en reste.