Faire une escale dans les jardins et parcs d'Alger ne relève plus de ces randonnées bucoliques d'autrefois. Certains de ces charmants espaces, qui offraient détente et farniente aux familles venues se requinquer l'espace d'un temps, sont devenus des coupe-gorge comme bhirat Marengo (jardin de Prague), alors que d'autres servent davantage de refuge pour des bandes venues s'adonner à leurs vices que pour une halte invitant les âmes tourmentées à plonger dans un décor apaisant…. Le quidam, qui s'aventure à faire une virée dans le parc Saint Saëns ou Mont-Riant (parc de Beyrouth, actuellement) est certes enchanté par la luxuriance végétale, les espèces exotiques et l'exubérance verdoyante qui jubilent au rythme biologique des saisons. Mais le geste ou le comportement humain, à défaut d'admirer ces espaces verts et cette architecture paysagère plus que centenaire, viole cette osmose. Des tonnes d'ordures ménagères sorties d'on ne sait où agressent ce parc où sont nichés, par ailleurs, le musée de l'enfant et une crèche. La directrice du musée a beau s'égosiller pour débarrasser le plancher de ce rebut balancé en pleine nature. Son cri reste lettre morte. Nul n'est responsable de ce hideux décor. Personne ne semble s'émouvoir aussi de l'état presque d'abandon dans lequel se morfond ce joyau, véritable poumon de la cité. Plus, en dévalant le dédale de cet enclos, un bien patrimonial hérité de la période coloniale, on est pris par un pincement au cœur. En termes clairs, on ne peut fermer l'œil sur des pans de pierre arrachés, des statues moisies, des treillages décloués par l'outrage du temps et l'incurie de l'homme, des graffitis traçant de vulgaires graphies sur des éléments architectoniques réalisés en marbre sculpté et, parfois, gisant à même le sol, une volière disparue, etc. Et passe du chiendent qui amoche par endroits le lieu. En somme, un décor qui donne le haut-le-cœur. Plus bas, le parc de la Liberté propose un autre spectacle que celui de lieu de repos et havre de paix. Beaucoup de riverains n'osent pas se ressourcer au milieu de ses terrasses ombragées ni emprunter ses couloirs d'amont en aval ou vice versa. Pour l'unique et simple raison que l'endroit est « devenu infréquentable, voire un lupanar », nous balance crûment un vieil homme. Et son ami de renchérir : « la liberté individuelle est certes sacrée, mais je m'interroge où commence la mienne dans ce parc dit de la Liberté où Charles de Galland doit se retourner dans sa tombe. » No comment.