Après de nombreux reports, le deuxième sommet algéro-italien devrait se tenir à Alger durant le dernier trimestre de l'année 2010. L'annonce a été faite, hier, par Stefania Craxi, la secrétaire d'Etat italienne aux Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse animée conjointement, à l'hôtel El Djazaïr, avec Abdelkader Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, en marge d'une rencontre algéro-italienne sur le développement de la PME-PMI. Mme Craxi a précisé que sa présence en Algérie s'inscrit précisément dans le cadre de la préparation de ce sommet qui devrait être précédé de la visite, le 14 juillet prochain à Alger, du ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. L'Algérie et l'Italie ont, rappelle-t-on, signé le 27 janvier 2003 à Alger un Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération qui prévoit des consultations annuelles entre les plus hauts responsables politiques des deux pays. Depuis novembre 2007, date de la tenue du premier sommet algéro-italien à Alghero en Sardaigne, les leaders des deux pays ne sont toutefois pas parvenus à respecter le calendrier des rencontres de haut niveau fixé par ce Traité d'amitié. Dans le souci, sans doute, d'exclure l'idée que ces reports successifs de ce deuxième sommet algéro-italien ont pour origine un éventuel différend politique, M. Messahel a expliqué que le séisme qui a endeuillé la région d'Aquila en avril 2009 et les calendriers politiques serrés des dirigeants des deux pays sont les principaux facteurs qui ont milité en faveur d'un ajournement de la rencontre entre Abdelaziz Bouteflika et Silvio Berlusconi. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a soutenu néanmoins que les deux parties ne ménagent actuellement aucun effort pour faire en sorte que le sommet algéro-italien débouche sur du « concret ». Une manière de dire que la qualité de la coopération entre les deux pays ne se juge pas uniquement sur le nombre de rencontres tenues. M. Messahel a ainsi profité de l'occasion pour souligner le caractère stratégique et exemplaire des relations algéro-italiennes et la volonté d'Alger et de Rome de les « approfondir » et de les « renforcer ». Il ne manquera pas d'ailleurs de rappeler que l'Italie est le deuxième partenaire commercial de l'Algérie avec des échanges évalués à 10 milliards de dollars annuellement. Au titre particulièrement de la coopération bilatérale dans le domaine de la PME-PMI, le ministre a considéré que l'Algérie peut tirer profit de l'expérience et du savoir-faire italiens en la matière, en raison du rôle important joué par ce secteur dans la croissance économique et la création d'emplois (la PME-PMI génère 65% des richesses en Italie). Dans ce contexte, M. Messahel a plaidé en faveur d'un transfert de technologie et d'un échange d'expériences. L'UPM dans l'impasse L'appel du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines n'est pas tombé dans l'oreille d'une « sourde », puisque Mme Craxi a exprimé, elle aussi, la volonté de l'Italie de participer au développement économique de l'Algérie ; la qualifiant de « partenaire privilégié », Mme Craxi a fait savoir que les entreprises italiennes étaient particulièrement intéressées par l'investissement en Algérie dans les secteurs des infrastructures, de l'agroalimentaire, des services et de l'industrie. En plus de l'économie, Mme Craxi et M. Messahel ont soutenu qu'il existe une grande convergence de vues entre l'Algérie et l'Italie concernant les grands dossiers régionaux et internationaux. Le constat est, selon eux, valable autant pour la problématique de la sécurité au Sahel que pour la question palestinienne, le dossier du Sahara occidental, le nucléaire iranien ou l'Union pour la Méditerranée (UPM). Concernant ce dernier point, les deux diplomates n'ont pas hésité à reconnaître que le projet lancé par Nicolas Sarkozy, en juillet 2008, est en « panne » et se trouve présentement « hypothéqué » par le conflit palestino-israélien. Stefania Craxi s'est même dit craindre que l'UPM subisse le même sort que le processus de Barcelone. Une telle hypothèse qui serait, d'après elle, « catastrophique, car la coopération est vitale dans l'espace euro-méditerranéen ». Mme Craxi s'est montrée néanmoins rassurée par le fait que les différents forums euro-méditerranéens continuent toujours à se tenir. Abdelkader Messahel a rappelé pour sa part que l'Algérie – qui privilégie le bilatéral – a toujours considéré le cadre des 5+5 comme le noyau dur de la coopération euro-méditerranéenne.