Les relations entre l'Algérie et l'Italie sont au beau fixe. Et ce n'est ni Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, ni la secrétaire d'Etat italienne aux Affaires étrangères, Stefania Graxi, en visite éclair à Alger, qui vont le démentir. Pour matérialiser leur rencontre, les deux responsables –qui se sont rencontrés à plusieurs reprises ces derniers mois, jusqu'à se tutoyer- ont annoncé, lors d'une conférence de presse commune animée hier à l'hôtel El Djazaïr d'Alger, un agenda des plus éloquents. Cela commence par la visite, le 14 juillet, du ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. Et, cerise sur le gâteau, le traditionnel sommet algéro-italien aura lieu cette année à Alger «au dernier trimestre de l'année». Cette rencontre, institutionnalisée depuis la signature, en 2003, de l'accord stratégique de bon voisinage entre les deux pays, n'a pas eu lieu l'année précédente, à cause notamment des problèmes internes à l'Italie. Mais avant ces échéances, et pour maintenir le mécanisme des relations bilatérales, les deux ministres se rencontrent souvent. Il est questions cette fois-ci, selon M. Messahel, de plusieurs points importants. A commencer par la coopération économique. «L'Algérie veut bénéficier de l'expérience italienne dans le domaine des petites et moyennes entreprises», a dit M. Messahel, conforté par son invitée du jour. Il faut dire que ce secteur des PME-PMI constitue 65% du tissu économique italien qui en fait un exemple en la matière. A entendre les deux conférenciers, rien, ou presque, ne divise les deux pays. Et pour cause. Les affaires marchent à merveille. «L'Algérie est le deuxième client de l'Italie et son troisième fournisseur», souligne Abdelkader Messahel qui précise également que l'Italie fait partie des cinq plus importants partenaires de l'Algérie. Cette convergence de vues se prolonge même sur d'autres terrains aussi problématiques que l'émigration clandestine ou les conflits dans la région. «La presse algérienne donne une mauvaise image de l'Italie sur la question de l'émigration», constate Stefania Graxi. «Cela n'est pas vrai. L'Italie est un pays accueillant. Nous disons bienvenue à ceux qui veulent venir travailler chez nous. Mais il est clair que nous luttons contre l'émigration clandestine et les trafics d'êtres humains», a-t-elle poursuivi. «Il n'y a aucun problème entre l'Algérie et l'Italie sur l'émigration», précise de son côté Abdelkader Messahel qui donne le chiffre de 16 000 Algériens habitant en Italie. Ces derniers sont, selon la ministre italienne, «un apport pour l'Italie», puisque, poursuit-elle, «ils sont intégrés dans notre société». «Seuls 25 Algériens sont en situation irrégulière en Italie. Ils vont bientôt rentrer au pays», dira encore le ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, pour essentiellement démentir des informations sur des émigrants clandestins algériens. L'autre point de convergence entre les deux pays est celui de la lutte contre le terrorisme. «L'Italie apprécie particulièrement les efforts et le leadership de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Nous apprécions également l'approche globale qu'adopte l'Algérie contre ce phénomène», a affirmé Stefania Graxi. Cette dernière s'est montrée un peu déçue du fait que les autres pays d'Europe «ne jouent pas le jeu». «Je pense que si nous ne sommes pas capables de construire quelque chose autour de la Méditerranée, c'est un désastre. Mais nous continuons à croire, en Italie, que le meilleur cadre de concertation entre les pays de la région est le 5+5», a dit Mme Graxi au sujet de «la panne» qui caractérise la construction de l'Union pour la Méditerranée. «Je crains que le sort de l'Union pour la Méditerranée ne soit celui du processus de Barcelone», a encore indiqué la ministre italienne, rejointe par le ministre algérien qui parle d'une «panne provoquée par la situation au Proche-Orient». A. B.