Officiellement baptisé « Programme d'investissement public », le plan censé aboutir à la modernisation de l'Algérie apparaît, aux yeux du citoyen lambda, comme une aubaine pour les politiciens peu scrupuleux et les personnalités indélicates qui fréquentent les milieux d'affaires. Les plans quinquennaux se succèdent, engloutissant plusieurs milliards de dollars, sans que les objectifs préalablement fixés soient atteints. En plus de la mauvaise gestion, la corruption apparaît comme l'un des facteurs participant à ralentir les chantiers. Pourtant, combien de parlementaires, de ministres et d'élus se sont engagés à anéantir ce fléau ? Dans les discours, la lutte contre la corruption apparaissait comme le cheval de bataille du président Bouteflika, l'alpha et l'oméga de son action gouvernementale. Dans les faits, la situation semble s'aggraver tant les scandales financiers s'amoncellent. Le dernier rapport de l'Organisation internationale Transparency International classe l'Algérie à la 111e place des pays les plus corrompus, au même titre que l'Egypte, le Togo et le Mali. Le fait que les supposés responsables des malversations ne soient pas inquiétés par la justice achève de ternir l'image du pays. Car sous les scandales, les personnalités influentes ploient mais ne rompent pas. « Par ricochet, constate Djilali Hadjadj, représentant de l'Association de lutte contre la corruption, ces budgets ont permis aux très puissants réseaux mafieux de la grande corruption et de la criminalité transnationale organisée de faire fructifier leurs affaires, réseaux qui ont accéléré la déliquescence des institutions de l'Etat et ont totalement neutralisé – quand ils ne les ont pas contaminés – les organes de contrôle et de répression. » A en croire le responsable de l'AACC, la plupart des révélations de grande corruption publiées dans les journaux sont le résultat de « luttes intestines au sein de ces réseaux de la grande corruption », visant à faire main basse sur la manne financière publique et les marchés les plus juteux, sur fond de règlement de comptes tous azimuts. Le fait est que l'Etat algérien endosse plusieurs rôles dans la réalisation des projets supposés structurer le pays : il est à la fois le gérant et l'exécutant, le financier et le régulateur. La faille des plans dessinés par le président Bouteflika provient essentiellement du fait que des sommes colossales sont déboursées sans mettre en place des moyens de contrôle efficaces. Les choses s'aggravent davantage lorsqu'un ministre, ayant pour mission de conclure des accords d'investissement en Algérie, reconnaît que « la corruption est inévitable ».