Lourde atmosphère hier au siège social de la compagnie aérienne Tassili Airlines. L'assemblée générale tenue par le syndicat de l'entreprise s'est transformée en un procès contre le directeur des ressources humaines (DRH). Le secrétaire général du syndicat, Abdelhakim Benamar, qui a convoqué l'assemblée, a été le premier à livrer son réquisitoire, considérant le DRH comme le responsable de tous les « maux des travailleurs » et à l'origine de « tous les problèmes » que vit la compagnie ! « J'interpelle le président-directeur général pour qu'il prenne des mesures d'urgence dans l'intérêt de l'entreprise et des travailleurs. Et je lui demande de commencer par remplacer les directeurs qui sont défaillants », tonne-t-il devant quelques dizaines de travailleurs qu'il invite à se mobiliser grandement pour forcer ces changements. Des changements qu'il présente comme « impératifs » à la sauvegarde de l'entreprise. Si rien n'est fait, estime M. Benamar, Tassili Airlines ira droit dans le mur. « Le commissaire aux comptes m'a affirmé que l'entreprise est dans une situation difficile. Ce n'est pas pour vous effrayer, mais croyez-moi que notre avenir est incertain », lâche-t-il. Djamel Boutalbi, responsable de la section syndicale UGTA-pilotes, a pour sa part tiré à boulets rouges sur le DRH, lui reprochant sa « mauvaise gestion ». Il exige par ailleurs une augmentation salariale de 20% pour l'ensemble du personnel de Tassili, estimé à près de 700 employés. Une telle revendication, il la justifie par le fait que « les responsables s'offrent chaque année des voitures de plus de deux millions de dinars ». Cela veut dire, à ses yeux, que « la compagnie a aussi de l'argent à donner à ses employés ». Du côté des travailleurs, on ne voit pas les choses du même œil. Il y a même des syndicalistes qui disent du bien du DRH. « C'est un cadre compétent qui a su en un laps de temps record remettre de l'ordre au sein de l'entreprise. Il a pu réhabiliter les compétences longtemps marginalisées à Tassili Airlines. Il semble déranger beaucoup de monde par son honnêteté. Je ne comprends pas cet acharnement contre lui », a souligné un syndicaliste UGTA- siège. L'assemblée générale des travailleurs intervient au moment où les services de l'Inspection générale des finances (IGF) passent au peigne fin les comptes de l'entreprise et épluche les dossiers des marchés de gré à gré. L'enquête qui poursuit son cours concerne essentiellement les exercices 2008 et 2009, où beaucoup de contrats ont été signés entre la compagnie et des entreprises portant sur la formation du personnel de Tassili Airlines et sur le consulting. Filiale du groupe Sonatrach, Tassili Airlines trébuche depuis des années, ne trouvant plus son équilibre. Au parc aéronautique réduit, elle n'arrive même pas à accomplir la mission qui lui est dévolue, à savoir assurer le transport des pétroliers.