L'explication peut ne pas paraître convaincante, mais elle est ce qu'elle est, et elle est surtout le fait de techniciens. Elle se rapporte à la relation entre l'Algérie et l'Afrique du Sud, toujours qualifiée d'exceptionnelle et d'ancienne. Mais elle n'a jamais dépassé le stade politique, et là intervient la fameuse explication, les échanges économiques qui auraient dû lui donner une plus grande profondeur, ne sont pas ce qu'ils auraient dû être, en raison de la distance qui sépare les deux pays placés aux deux extrémités du continent africain. Une question de surcoût lié au transport. Du point de vue strictement économique, l'argument est inattaquable. Et pourtant la lutte contre le système d'apartheid n'a pu être altérée par une quelconque explication de ce genre. Ou encore, se rappelle t-on, les années qui avaient suivi la chute de l'apartheid avaient été marquées par un plus grand rapprochement entre l'Algérie et l'Afrique du Sud faisant en sorte que le passé commun serve de socle. Elles avaient pour cela mis au point le cadre juridique et les instruments de la coopération bilatérale, perçue comme l'élément de base de la relation multilatérale que sera plus tard le Nepad, sauf que celui-ci ne peut en aucun cas se substituer au premier. Une évidence, dira t-on. Mais force est de constater qu'après une quinzaine d'années d'efforts, le résultat se fait encore attendre, puisque le chef de l'Etat sud-africain a reconnu que la commission mixte « n'a pas fonctionné comme elle devait le faire par le passé ». Il a affirmé, à cet égard, que les deux pays se sont mis d'accord sur la nécessité de renforcer cette commission dans l'intérêt des deux pays et du continent africain. Ou encore réitérer ce qui n'est rien d'autre qu'une déclaration d'intention, comme le fait que les deux pays entendent développer une coopération économique aussi solide que les relations politiques qui les lient. Les deux pays en sont encore là, alors que leur parcours commun plaide pour quelque chose qui échappe à de nombreuses considérations. Pour en faire tout simplement une obligation, comme l'a indiqué une ministre sud-africaine, en déclarant que « nous sommes tenus d'aller vers un partenariat d'excellence basé sur le sang versé par nos aînés, de sorte à leur faire honneur ». Ce sera alors une manière de ne plus rechercher des arguments, même s'ils sont irréfutables comme ceux avancés par les techniciens, et donc suffisamment forts pour être dissuasifs. Et quand bien même, il faut être attentif à certains critères, le domaine de la coopération est extrêmement vaste pour ne pas s'arrêter à la sphère commerciale. L'inventaire de ce qui peut être fait a été établi sans certainement être exhaustif. Mais c'est le principe de base d'une coopération privilégiée, régulièrement mise à jour.