Mohamed Benouza n'ira pas en Afrique du Sud. Les portes de la Coupe du monde 2010 se sont définitivement fermées pour lui, jeudi 27 mai. En effet, la FIFA a décidé de se passer de deux des trente trios d'arbitres sélectionnés pour officier lors du prochain Mondial et notre arbitre s'est trouvé dans le mauvais wagon... à cause de son compatriote et arbitre assistant, Maâmar Chaâbane qui a échoué lors des derniers tests physiques organisés au début du mois à Cape Town. La défaillance de Maâmar Chaâbane s'est négativement répercutée sur Mohamed Benouza qui, lui, a parfaitement réussi tous les tests ainsi que le dernier membre du trio, l'arbitre assistant égyptien, Nasser Abdel Nadi. Pour comprendre la situation, il faut remonter à 2006, c'est-à-dire au lendemain du Mondial organisé par l'Allemagne. La FIFA avait décidé, à l'époque, de sélectionner 56 quatuors d'arbitres dans la perspective de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Au départ, Mohamed Benouza avait trois assistants : son compatriote Maâmar Chaâbane, l'Egyptien Nasser Abdel Nadi et un Erythréen. Le groupe a fonctionné ainsi jusqu'en 2009, date limite imposée par la FIFA pour la détermination du trio. La mission de choisir deux assistants parmi trois était laissée à l'appréciation de l'arbitre directeur. Mohamed Benouza a estimé que Chaâbane et Abdel Nadi étaient les plus aptes à l'accompagner dans la dernière ligne droite. Tout s'est bien passé jusqu'au test à Cape Town. Benouza, Chaâbane et Abdel Nabi ont passé avec succès les tests et rendez-vous à Johannesbourg, Las Palmas et en Suisse. La dernière sortie avant le Mondial a été fatale à Chaâbane. Les résultats du dernier test à Cape Town ont fragilisé le trio. Contrairement à Benouza et l'Egyptien, Chaâbane a échoué. Les conséquences ont été dramatiques pour les représentants de l'arbitrage de l'Afrique du Nord. La règle édictée préalablement par la FIFA ne souffrait aucune ambiguïté. L'échec d'un arbitre entraîne l'élimination des deux autres. Contre mauvaise fortune, Mohamed Benouza fait bon cœur. « C'est notre destin. On n'y peut rien. C'est vrai que c'est rageant de rater la Coupe du monde à cause de quelque chose dont on n'est pas directement responsable. Mais que faire ? La règle est connue. Je n'en veux pas à mon collègue Chaâbane qui est plus abattu que moi. » Maâmar Chaâbane, lui, n'a fait aucun commentaire sur le sujet. Joint par téléphone il y a quelques jours, il s'est contenté de cette (brève) déclaration : « Je ne suis pas en état de parler de ce sujet. » De son côté, la fédération n'a pas encore réagi. Elle a pris note. Chaâbane refuse de commenter Un spécialiste de l'arbitrage, ancien arbitre international européen, a exprimé son point de vue sur cette affaire en indiquant : « La FIFA ne badine plus avec la qualité de l'arbitrage et ces mesures le prouvent. C'est d'ailleurs un des objectifs principaux de l'instance mondiale et suprême du football que d'améliorer la qualité de l'arbitrage en Coupe du monde. Une série de mesures ont été prises en ce sens récemment. En effet, le comité d'arbitrage de la FIFA a décidé de ne plus sélectionner que des trios d'arbitres issus des mêmes Confédérations et qui parlent la même langue. Les instructions ont notamment été très claires du côté des Confédérations : si l'arbitre central ou l'un de ses assistants ne parvient pas à passer les tests physiques imposés, c'est tout le trio qui est recalé. Les instructeurs FIFA ont appliqué à la lettre les consignes dans les six Confédérations à travers la planète. Un nouveau trio arbitral a d'ailleurs été rappelé en renfort pour combler les défections. Il est composé de l'arbitre Martin E. Vazquez Broquetas (Uruguay) et ses assistants Carlos Pastorino (Uruguay) et Miguel Nievas (Uruguay). » La non-sélection de Mohamed Benouza prive le football et l'arbitrage algériens d'une place amplement méritée au Mondial 2010 pour l'ensemble de son œuvre (Benouza) au cours des quatre dernières années. Off the record des referees algériens avance : « La faute n'incombe pas seulement à Chaâbane. S'il avait été bien suivi par sa structure, peut-être qu'on n'en serait pas là. Il a été abandonné dans la nature sans suivi ni contrôle. » La critique vise le président de la Commission centrale d'arbitrage (CCA), Belaïd Lacarne, qui réfute en bloc cette argumentation. « Depuis une année, les arbitres internationaux avaient à leur disposition un préparateur physique avec pour consigne de bien se préparer au plan physique. Chaâbane, à l'instar des autres, a bénéficié de cette attention. Si quelque part il y a eu des lacunes, ce n'est pas la faute à la CCA. La fédération a mis tous les moyens qu'il fallait pour que nos arbitres soient au top », fait remarquer le patron de l'arbitrage algérien. Une autre partie pointe du doigt « la légèreté avec laquelle Maâmar Chaâbane s'est conduit la veille du dernier test physique ». « Il dit qu'il a effectué ce test tout en n'étant pas en possession de tous ses moyens. Il souffrait, paraît-il, d'une blessure depuis trois semaines. Il aurait dû la signaler à la fédération qui, à son tour, aurait pris langue avec la FIFA pour lui demander de décaler l'examen de l'arbitre algérien. Au lieu de cela, Chaâbane a préféré prendre le risque. Le résultat, et surtout les conséquences, tout le monde les connaît », conclut notre interlocuteur.