Dix ministres de la Communication, quatre intérimaires. Un record en onze ans de règne. L'instabilité chronique affectant ce département ministériel n'est pas sans conséquences sur la gestion du secteur des médias et de la communication officielle, devenu le parent pauvre de la gouvernance Bouteflika. Contrairement à de nombreux vizirs cultivant impopularité générale et secret de longévité, les titulaires successifs du portefeuille de la Communication (et de la Culture) ont à peine le temps de se familiariser avec leur siège éjectable. Ils laissent souvent leurs projets de « réforme » en chantier, condamnés à ne jamais aboutir. La durée de vie d'un ministre de la Communication chargé de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de communication et de culture ne dépassant pas les 9 mois. Depuis son arrivée (ou retour) au pouvoir en avril 1999, le président Bouteflika a usé plus d'un ministre écuyer. Bouteflika nomme, dégomme, au gré des changements de gouvernement, à la vitesse des remaniements ministériels, les ministres. Parfois, ce sont les ministères qui font les frais des humeurs présidentielles. Le lifting ministériel de novembre 2008 a vu disparaître de l'organigramme du gouvernement le ministère de la Communication. Une liquidation pure et simple d'un ministère dont le président Bouteflika ne considérait pas l'« utilité ». En lieu et place, il a été institué un secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Communication. Le titulaire de ce poste, Azzedine Mihoubi, aujourd'hui « appelé à d'autres fonctions », cédera son maillot à pois de grimpeur à Nacer Mehal, le patron en exercice de l'agence APS. La Communication reprend à la faveur du dernier remaniement, « son » ministère. Un ministère « plein »… de (mauvaises) surprises pour ses titulaires ! Abdelaziz Rahabi (décembre 1998 - juin 1999), le (premier) ministre de la Communication et de la Culture sous l'ère Bouteflika s'est fait limoger en plein Conseil des ministres. Un mois après l'intronisation de Bouteflika. « A la fin de la réunion (Conseil des ministres), il m'a dit devant tous mes homologues : vous comprendrez, M. Rahabi, que je veux m'occuper moi-même de la communication », témoignait l'ancien ministre. Le poste restera vacant pendant six mois. Les affaires courantes sont expédiées par deux intérimaires dont Tidjani Salaouandji, ministre délégué aux AE. Abdelmadjid Tebboune, ministre de la Communication et de la Culture, est nommé en décembre 1999. Tebboune ne fera pas long feu. Six mois après, en juin 2000, il est déposé. Le secrétaire général du ministère, Sahraoui, assurera l'intérim. Mahieddine Amimour devient ministre de la Communication de août 2000 à mai 2001. C'est Mohamed Abddou, directeur de l'ENTV, qui reprendra le flambeau. Khalida Toumi lui succédera en juin 2002. La transfuge du RCD deviendra ministre de la Culture et de la Communication, porte-parole du gouvernement. Un poste qu'elle gardera jusqu'à avril 2004. Boudjemaâ Haïchour héritera après l'élection présidentielle du portefeuille de la Communication. Khalida Toumi se contentera, bon an, mal an, de la culture. De mai 2005 à mai 2006, de nouveau le trou noir au Ruisseau, siège du ministère de la Communication. Après un an d'intérim – assuré par le SG du ministère –, le département de la communication, sis ravin de la Femme sauvage, échoira à Hachemi Djiar, ancien wali (d'Alger ), conseiller du président de la République. Il sera ministre de mai 2006 à juin 2007. Abderrachid Boukerzaza, ministre délégué chargé de la Ville, lui emboîtera le pas. Porte-parole du gouvernement, Boukerzaza s'est distingué par ses points de presse hebdomadaires. Une pratique vite enterrée. Le black-out intégral et la communication à minima reprendront leur droit. Boukerzaza quittera le gouvernement en novembre 2008. Le ministère de la Communication n'est plus. La communication officielle, non plus !