Plus d'un enseignant sur deux est vacataire. Résultat, la rentrée scolaire se fait avec plusieurs semaines de retard. Dix jours après la rentrée officielle, les élèves n'ont toujours pas repris le chemin des écoles, dans la commune de Zekri. Si les affectations des vacataires sont enfin débloquées, la rentrée pourra avoir lieu courant octobre. Les derniers enseignants arriveront en novembre. Commune déshéritée, au plan socio-économique, Zekri est lourdement pénalisée en matière d'encadrement dans le secteur de l'éducation nationale. Elle se situe à 40 km à l'est d'Azazga, à 80 km du chef-lieu de wilaya. Les responsables de la direction de l'éducation s'indignent des résultats scolaires médiocres, sans chercher à régler efficacement le problème de manque d'encadrement qualifié. L'on se prend même à sanctionner un directeur de CEM qui n'est en poste que depuis un an, alors que l'instabilité du corps enseignant ronge le secteur depuis de longues années (lire article ci-dessous). Gérer le secteur avec 60 % du corps enseignant constitué de vacataires, c'est accepter une éducation au rabais et descendre la barre de la réussite scolaire au plus bas. Un élu à l'APC, par ailleurs parent d'élève, parle de sa fille, en classe de 6e, qui refuse d'aller à l'école. « Elle me dit qu'on les maintient en classe à ne rien faire, jusqu'à 14h. Elle m'a dit qu'elle ne veut plus y aller », regrette l'élu local. A l'école primaire concernée, au village Tabaârouth, nous rencontrons un enseignant qui confirme la situation. « Nous n'avons même pas reçu les manuels scolaires, dit-il. Nous dépendons du CEM qui se trouve actuellement bloqué », nous dit-il. Les enseignants ne sont pas tous en poste. Il y a 5 enseignants vacataires et 4 titulaires. « L'inspection de Azazga nous a informés que les affectations vont arriver dans les prochains jours », ajoute l'enseignant. La même précarité règne dans les autres écoles. Chaque rentrée scolaire est marquée par cette période de flottement, d'incertitude, qui affecte dès le départ la disponibilité des élèves. Au lieu d'être pris en charge dès le premier jour, en leur imprégnant l'assiduité et l'effort, les élèves sont invités à prolonger leurs vacances, L'administration de wilaya gère chaque année avec le même détachement le programme du manque de personnel enseignant. « Lorsque le vacataire obtient sa titularisation, il quitte Zekri, vu l'éloignement et l'absence de logements de fonction », soulignent les parents d'élèves. Leur association a saisi les autorités locales et la direction de l'éducation à propos de la construction de logements afin de « sédentariser » les enseignants. Aucune réponse n'a émané des destinataires. Encore moins de projets de construction de logements de fonction. Les parents d'élèves ont également demandé l'inscription d'un CEM en dur, pour la commune de Zekri. L'actuel établissement est en préfabriqué, vétuste, inadapté, voire dangereux. Plusieurs salles de classe ont été sinistrées il y a deux ans, sous les chutes de neige. Un petit projet de réalisation de 4 nouvelles salles a été affecté, mais traîne en longueur. Un vrai sentiment d'exaspération transparaît chez les villageois et les parents d'élèves de Zekri.