La projection du film Eden, du réalisateur Mohamed-Faouzi Delmi, a eu lieu jeudi, en fin d'après-midi, au palais de la culture Malek Haddad, et ce après sa diffusion en avant-première à la salle Mouggar d'Alger. S'inscrivant dans la veine du cinéma d'action, cette deuxième réalisation (après El Manaâ en 2008) n'a pas déçu un public, peu exigeant, venu nombreux soutenir l'enfant du pays. De Constantine, justement, il n'en a point été question dans le film, ceci malgré les affirmations du réalisateur-scénariste ; les présents ont été désarçonnés en voyant la faculté centrale se muer en « Place des Martyrs », et le musée Cirta se transformer en tribunal ! Eden, s'il surpasse toutes les productions du genre diffusées ces quinze dernières années (notamment le lamentable Made in de Moussa Haddad), il n'en reste pas moins sans gros défauts : même si l'intrigue principale tient la route, on perd vite pied par la faute d'un scénario cafouilleux, qui au lieu de s'attarder sur la psychologie des personnages principaux (dont on ne sait finalement pas grand-chose), part dans des digressions invraisemblables et superflues, comme cette histoire de fille suicidée que tente de sauver vainement le héros du film, interprété par un emphatique Ahmed Riad, et qui (l'histoire) n'avait au final aucune incidence sur l'intrigue. Autre bémol, une série de scènes surréalistes et d'accoutrements fantasques arborés par les acteurs, qui ne cadrent aucunement avec le lieu et l'époque où est censée se passer l'histoire, ce qui laisse parfois le sentiment que le réalisateur confond fiction et invraisemblance. Le jeu des comédiens, dont beaucoup de débutants et quelques « gueules », à l'image du réalisateur Ahmed Zir, sorte de Boualem Bennani en plus jeune, ont souffert d'une direction d'acteurs absente ; seule Bahia Rachedi arrivera, son immense expérience aidant, à tirer tant bien que mal son épingle du jeu. Concernant la réalisation, nerveuse à souhait, le constat est que Delmi retombe dans ses travers et recourt encore une fois de manière abusive aux gros plans, néanmoins, on sent une plus grande maîtrise par rapport à El Manaâ, grande preuve en est la scène de course poursuite en voiture filmée dans les arcades de l'avenue Abane Ramdane. Signalons la fin ouverte et ambiguë à souhait, ce qui sauve un tant soit peu les meubles. Eden est en définitive un film qui aurait mérité un scénario plus cohérent et une réalisation moins « cliché ». On reconnaîtra néanmoins à Mohamed-Faouzi Delmi le mérite d'essayer de présenter un cinéma différent.