Un précédent. C'est la première fois depuis le début du mouvement populaire contre le système qu'un responsable politique est mis en prison pour ses déclarations. Karim Tabbou, ancien premier secrétaire du FFS, actuel chef de l'Union démocratique et sociale (UDS), a été placé jeudi sous mandat de dépôt par le tribunal de Koléa (Tipasa), après avoir été arrêté le matin de la même journée devant son domicile. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Il est accusé d'«atteinte au moral de l'armée », pour des déclarations faites le mois de mai dernier. L'arrestation et l'emprisonnement de Tabbou a suscité une vague de colère et d'indignation auprès des acteurs politiques, associatifs et les internautes qui ont qualifié l'acte de «scandaleux» et de «grave dérive». Craignant les dérapages et la confrontation, des appels en masse sont lancés pour préserver le caractère pacifique des manifestations. «Le seuil du tolérable a été encore une fois dépassé», a dénoncé le président du RCD, Mohcine Belabbas. Dans un communiqué, son parti a condamné «la justice aux ordres» et évoqué un «enlèvement par des barbouzes» du responsable de l'UDS. Pour le RCD, «l'agenda antinational du pouvoir se dévoile un peu plus. Il s'agit ni plus ni moins que de faire taire tous les opposants à un simulacre de transfert de pouvoir par une présidentielle voulue sur mesure par ses parrains de l'ombre à l'intérieur comme à l'extérieur du pays», accuse le parti qui met en garde contre la poursuite de telles «dérives». «Le RCD demeure convaincu qu'aucune solution qui consiste à résoudre la crise du système ne peut être imposée au peuple algérien mobilisé. Par contre, cette feuille de route qui met en branle la répression et la division du peuple algérien risque de porter atteinte à l'unité du peuple algérien. Ses promoteurs en porteront l'entière responsabilité», soutient le même parti, affirmant qu'une solution démocratique et pacifique est toujours à la portée de tous les acteurs politiques soucieux du devenir du pays et de la nation. Le FFS, ancien parti de Karim Tabbou, a condamné «énergiquement cet acte irresponsable et arbitraire». Le FFS exige sa libération immédiate et l'arrêt des intimidations contre les militants qui luttent pacifiquement pour une Algérie libre et démocratique», a lancé le parti dans un communiqué signé par le Premier secrétaire, Hakim Belahcel. Pour sa part, le PT a soutenu que l'arrestation de Tabbou «est un acte inadmissible que nous condamnons fermement et vigoureusement». «Cette arrestation arbitraire d'un autre responsable politique constitue un pas qualitatif supplémentaire, franchi par le régime, dans sa criminalisation de l'acte politique et ses attaques violentes contre la démocratie et le multipartisme», a dénoncé le PT dans un communiqué, rappelant que «après l'arrestation de Louisa Hanoune, le 9 mai passé, le Parti des travailleurs avait bien dit que c'était un pas très dangereux qui allait ouvrir une nouvelle ère porteuse de toutes les dérives et de tous les dérapages». L'arrestation de Tabbou a suscité la condamnation de plusieurs autres partis politiques. Le mouvement associatif a dénoncé, lui aussi, cet acte du pouvoir. L'association RAJ s'est dit «consternée» par la nouvelle, exprimant sa solidarité et son soutien à Karim Tabbou, à sa famille et aux militants-es de l'UDS. Il a dénoncé son interpellation et exigé sa libération immédiate en appelant au respect du droit à la liberté d'expression. Scandalisé par la détention de Tabbou, le vice-président de la LADDH, Said Salhi, a exprimé la solidarité de son organisation au chef de l'UDS et exigé sa libération immédiate et celle de tous les détenus et la levée de toutes interdictions. K. A.