Arrestation de manifestants du mouvement populaire, répression, interdiction de circulation sur le territoire national… Le Conseil national des droits de l'homme (CNDH), dont la mission est la promotion et la protection de ces droits, ne s'est visiblement pas intéressé aux cas révélés ces derniers mois par les militants, des avocats et des ONG. Un rapide coup d'œil sur le site internet du Conseil (cndh.org.dz) renseigne sur l'intérêt porté à ces cas par l'institution présidée par Mme Fafa Sid Lakhdar Benzerrouki. La dernière activité du CNDH remontant au 8 septembre 2019 concerne la réception et les entretiens accordés par la présidente à la représentante du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP). Plus tôt en juillet, il est mentionné la participation de Mme Fafa aux réceptions organisées par les ambassades du Vietnam et des Etats-Unis, l'audience accordée par l'ambassadeur du Yémen ou encore le 20e anniversaire de l'accession du roi Mohammed VI au trône. Ces derniers mois, marqués par un vaste mouvement populaire, le CNDH n'a pas accordé d'intérêt à la situation des droits de l'homme, qui s'est dégradée. L'une des commissions du CNDH, celle des droits civils et politiques, présidée par Bouzid Lazhari, désigné membre de l'Instance nationale de dialogue et de médiation (INDM), n'a accompli aucune activité, si l'on se fie à la rubrique qui lui est réservée sur le site. Même inaction de la commission des droits économiques, sociaux, culturels et de l'environnement. Les questions qui s'étaient posées aux Algériens (détentions arbitraires, violences dans les marches, arrestations pour port de l'emblème amazigh…) n'ont pas été traitées par le CNDH, qui est resté muet. Pourtant, la loi 16-13 du 3 novembre 2016 fixant la composition et les modalités de désignation des membres du Conseil ainsi que les règles relatives à son organisation et à son fonctionnement est claire. Conformément à l'alinéa 1 de l'article 5 de cette loi, ce Conseil est chargé, dans le cadre de la protection des droits de l'homme, de l'«alerte précoce» dans les situations de tension ou de crise pouvant entraîner des violations des droits de l'homme et d'entreprendre, en coordination avec les autorités compétentes, les mesures préventives nécessaires. Alerte précoce ! Le CNDH a aussi pour mission de recevoir et d'étudier les requêtes sur toute atteinte aux droits de l'homme, de visiter les lieux de détention et de garde à vue… A ce jour, cette institution ne s'est pas exprimée sur des violations dénoncées ces derniers mois par les militants des droits de l'homme et des ONG internationales. Le CNDH a communiqué une seule fois sur ses activités : sa présidente, Mme Fafa Sid Lakhdar Benzerrouki, a donné le coup d'envoi, en décembre 2018, d'une session de formation sur «la cybercriminalité», organisée en collaboration avec le bureau de l'Organisation internationale de réforme pénale au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Elle s'est contentée d'évoquer les plaintes et requêtes (1448) déposées auprès de son institution en 2018, dont 900 cas ont été traités. L'article 8 de la loi 16-13 impose à l'organisation, dont la présidente, d'élaborer son rapport annuel sur la situation des droits de l'homme adressé au président de la République, au Parlement et au Premier ministre. Le rapport comprend les propositions et recommandations du CNDH en matière de renforcement et de promotion de ces droits. Mais à ce jour, aucun rapport n'a été rendu public, le Conseil se contentant de diffuser, sur son site, ceux rendus publics par la défunte Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), présidée par maître Farouk Ksentini. Le CNDH, pourtant institution constitutionnelle dont la présidente est une ancienne juge, connaîtra visiblement le même sort que la CNSPPDH, dont le rôle était insignifiant ou presque.