Les manifestants arrêtés lors de la marche du vendredi ont été libérés le soir même et le lendemain. Ainsi, l'avocat de Boumerdès, Me Abdelhak Mellah, interpellé par des policiers en civil le matin à la marche d'Alger, a été libéré en début de soirée. Figure du barreau, cet ancien juge est engagé dans le mouvement populaire et a plaidé pour le boycott de l'organisation des élections prônée par l'Union des barreaux d'Algérie (UNBA). «Tous les gens arrêtés hier (vendredi) ont été libérés. Les quatre manifestants interpellés à Oran par la police pour port du drapeau amazigh ont été libérés le soir même, grâce à la forte mobilisation citoyenne. Des avocats et des activistes parmi eux, Kadour Chouicha, s'étaient déplacés au commissariat central. La libération des personnes interpellées est intervenue juste après», relève Kaci Tansaout, coordinateur du Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Le jeune activiste de Annaba, Zakaria Boussaha, arrêté à un barrage de la gendarmerie et placé en garde à vue après la marche du vendredi à Sidi Ammar, a été libéré en fin d'après-midi d'hier. Le jeune Boussaha animait une page Facebook, «La révolution blanche», qui s'intéressait à l'actualité des détenus d'opinion, a précisé le Comité des détenus, qui a annoncé dans un précédent post que le concerné devait être présenté aujourd'hui devant le procureur de la République près le tribunal d'El Hadjar. Ces derniers jours, des manifestants ont été arrêtés par les forces de l'ordre et présentés devant le procureur de la République qui les a placés sous mandat de dépôt : en plus des 24 détenus du 30e vendredi (13 septembre), il y en a eu 6 lors du dernier mardi de la marche hebdomadaire des étudiants. «Une étudiante a été arrêtée pour port d'une pancarte. Elle a expliqué au juge que quelqu'un la lui avait donnée, mais qu'elle ignore l'identité de la personne en question. Il y a un cas autrement plus grave, celui d'un malade mental arrêté lors de la marche et placé sous mandat de dépôt. Son frère a dû présenter son dossier médical. On espère qu'il sera libéré. Mais sans trop d'illusion», signale Tansaout. Un cas a ému l'opinion ces derniers jours, celui du moudjahid Garidi Hamidou, 76 ans, arrêté à l'entrée d'une bouche du métro, vendredi 13 septembre et présenté le même jour devant le procureur de la République près le tribunal de Hussein Dey, sans que sa famille ne soit informée. «Les gens ont perdu sa trace. Son fils Hassan a appris son lieu de détention par son codétenu, Rasselma», précise le coordinateur du CNLD. A ce jour, quelque 70 détenus croupissent à la prison d'El Harrach, parmi lesquels le commandant Lakhdar Bouregaâ et Fodil Boumala. «Il y a d'abord les 41 premiers détenus rejoints par les 24 du vendredi 13 et les 6 du dernier mardi de la marche des étudiants. La plupart des personnes placées en détention préventive sont des jeunes. Ils ont moins de 35 ans. Les premiers mis en cause sont accusés d'‘‘atteinte à l'unité nationale'', et les derniers d'‘‘incitation à attroupement'' et ‘‘atteinte à la sécurité de l'Etat''», détaille M. Tansaout. Hier, des membres du CNLD se sont réunis et ont adopté le principe d'une action commune – marche ou sit-in – en dehors de l'action hebdomadaire du vendredi, signale le coordinateur. Précisons que Mourad Amiri, fonctionnaire au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, comparaîtra en audience devant le juge au tribunal Sidi M'hamed aujourd'hui, dans une affaire l'opposant à l'actuel ministre de l'Intérieur. Un appel a été lancé, hier, pour un sit-in devant le tribunal afin d'exiger l'annulation de toutes les poursuites judiciaires.