ALGERIE31/08/2019 10h:57 CET https://www.huffpostmaghreb.com Depuis des mois ces familles sont dans une attente insoutenable. Ils estiment que le délit pour lequel leurs enfants se retrouvent en prison "ne contrevient à aucune loi ». Les familles des détenus d'opinion, mis en prison depuis le début du soulèvement populaire le 22 février, ont décidé de se rassembler et de créer le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD). Depuis des mois ces familles sont dans une attente insoutenable. Ils estiment que le délit pour lequel leurs enfants se retrouvent en prison "ne contrevient à aucune loi». Face à l'adversité de la situation ils espèrent par le biais de cette association que justice soit rendue pour leurs enfants. Sandra et Mohammed, sont membres de cette association. Ils sont respectivement frère et sœur d'Akram Ghimouz et Bacha Abdelkader Toufik. Ces deux jeunes étudiants ont été arrêtés le vendredi 28 juin avec d'autres amis au domicile familial de l'un d'entre eux. Pour eux, leur arrestation relève de l'aberration. Akram et Toufik avec d'autres amis à eux avaient décidé de lancer un petit business pendant l'été pour se faire un peu d'argent de poche. Fans de mangas, ils se lancent dans la conception et l'impression de pins manga et d'autres portant les slogans phares du Hirak. Le vendredi 28 juin, un membre de la bande d'amis a été interpellé à la manifestation en possession de ces pins. Pendant l'interrogatoire, il dit au policier que ces pins n'ont pas été conçus dans un but "politique" et qu'il s'agissait juste d'un petit business dont l'atelier se trouve au domicile d'un ami à lui à El Madania ex Clos-Salembier. La police décide alors d'aller vérifier ses dires et se rend au domicile. Abdelkader et Akram et deux autres amis, Dechicha Fazil et Benzine Khirdine, étaient sur place en train de jouer à la console. La police décide de les embarquer sans motif apparent, relate Sandra et Mohamed. "On ne peut pas mettre des jeûnes en prison pour atteinte à l'unité nationale parce qu'ils ont monté une petite affaire de conception et impression de pins. Ils ne sont même pas impliqués politiquement. Le plus âgé a 25 ans ce sont encore des enfants. Ils voulaient juste se faire un peu d'argent de poche pendant l'été", dénoncent Sandra et Mohammed. Deux mois après l'arrestation de ces jeunes gens, les familles sont dans le désarroi total. Aucune date n'a été fixée par le procureur pour qu'ils soient entendus une seconde fois. Entre-temps l'espoir de voir leurs enfants libres s'effiloche. "Il ne devrait même pas être en prison. Un policier m'a confié le jour de leur arrestation que même des délinquants en procession de drogue étaient libérés après 24 heures. Nos frères n'ont jamais eu de procès-verbal pour excès de vitesse et là ils se retrouvent en prison. C'est pour ça qu'on a peur pour eux, il n'y a rien qui les inculpe et pourtant ils sont en prison", dénoncent-ils. Les familles de ces détenus tentent de s'adapter à cette nouvelle vie. Ils ont droit à une visite chaque 15 jours pendant un quart d'heure. Pour Mohammed, son frère fait bonne figure, mais ce n'est pas la joie. "La rentrée est dans quelques jours et il ne sait même pas quand il pourra reprendre une vie normale. Il m'a dit la dernière fois, selon les rumeurs qui circulent en prison, on risque 10 ans de prison, donc je m'adapte" Une seule voix Kaci Tansaout est membre fondateur du Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD). Créé, il y a quelques jours, ce comité rassemble les familles des détenus, des avocats et des militants des droits de l'Homme. Il vient en premiers lieu en soutien aux familles des détenus, et tentera par le biais de plusieurs actions de mettre la pression pour que la justice prenne en charge rapidement ces affaires. "Les familles des détenus sont complètement désemparées. Plusieurs détenus ont à peine la vingtaine et leurs parents ne connaissent rien du monde de la justice. Avec ce comité nous tentons de leur expliquer les démarches à suivre et à obtenir le maximum d'informations. Seulement la situation de ces détenus est stagnante", déplore Kaci Tansaout. L'objectif du Comité National pour la Libération des détenus est aussi de dénoncer les conditions d'incarcération "déplorables" des détenus. "Beaucoup de parents avaient peur de dénoncer l'état lamentable dans lequel ils ont trouvé leurs enfants. Certains se sont retrouvés dans le carré des condamnés à mort. Autres étaient malades depuis des semaines et personne ne les a pris en charge. C'est pourquoi nos avocats se déplacent régulièrement à la prison d'El-Harach pour veiller à ce que leurs droits soient respectés notamment l'accès aux soins". Le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD), a également pour mission d'informer l'opinion publique des défaillances de toute la machine judiciaire. "Ces détenus n'ont commis aucun délit pour se retrouver derrière les barreaux. Ils avaient juste l'ambition de vivre dignement. Leur incarcération sans aucune base juridique démontre l'étendue de l'injustice en Algérie", souligne Kaci Tansaout.