Deux marches ont été organisées hier, à Amizour et Kherrata, pour exiger la rupture avec le système actuel, en passant par une transition démocratique et la libération des détenus. Les manifestations contre le système continuent de s'élargir à travers les daïras et communes de la wilaya de Béjaïa. La population ne déserte plus la rue, l'occupant le week-end comme les journées ouvertes. Ce fut le cas à Tazmalt, où deux marches successives ont été organisées par la population mercredi et jeudi derniers en fin de journée, suivies par deux autres à El Kseur et à Seddouk, en fin de semaine pour «exiger la libération de tous les détenus d'opinion et l'annulation des élections de la honte». A Akbou, la marche hebdomadaire de samedi a été suspendue à la faveur d'une conférence animée par Hend Sadi. Dans la journée d'hier, les villes d'Amizour et de Kherrata ont repris le relais à travers deux actions de rue initiées par les populations des deux régions. A Amizour, la population de la daïra a participé massivement à une marche, suivie d'un sit-in devant le tribunal de la même ville pour exiger une «véritable rupture avec le système actuel», à l'appel des collectifs des communes d'Amizour, Kendira, Feraoun et Beni Djellil. Les manifestants se sont donné rendez-vous près du pont du Printemps noir, où des banderoles ont été accrochées. Dans la déclaration-appel, les organisateurs estiment que cette action répond au constat faisant état de la persistance du système algérien, «à travers son chef d'état-major, dans sa démarche autoritaire faisant preuve de mépris à l'égard de tout un peuple qui a décidé d'arracher son indépendance confisquée depuis 1962». Ils ont dénoncé également le mode de répression utilisé par le pouvoir. «La machine répressive s'est mise en marche afin d'écraser toute velléité de changement, usant de la répression, de la manipulation des médias, de kidnapping et prise d'otages de toutes les voix discordantes pour imposer une élection présidentielle dont le but est de pérenniser le système». A ce propos, les manifestants ont revendiqué la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et de mettre un terme aux arrestations arbitraires. Dans le même contexte, les marcheurs ont rejeté catégoriquement l'élection présidentielle annoncée par le pouvoir en place. La foule qui a fait une halte devant le siège de la daïra a scandé : «Dawla madaniya, pour un Etat civil non militaire», et «Pas de vote», en s'adressant à la îssaba. «On ne votera pas jusqu'à ce que vous partiez», jurent-ils. Les portraits des détenus ont été brandis par les marcheurs, notamment celui du détenu originaire de Feraoun. «Le peuple doit être vigilant, il faut aller vers la forme d'un Etat moderne qui fera la rupture avec ce système politique algérien et consacrera l'unité du peuple. Le seul moyen de parvenir à cet idéal, c'est de rester unis», estime une voix dans la marche. Même son de cloche à 70 km d'Amizour. Dans la ville de Kherrata, les citoyens se sont mobilisés, comme chaque samedi depuis plusieurs semaines, à l'occasion d'une manifestation qui a drainé des centaines de marcheurs. Les manifestants ont repris les slogans des marches populaires des vendredis, en insistant sur le rejet de l'élection du 12 décembre et réaffirmant leur attachement à une période de transition démocratique. Pour la population, «les menaces de Gaïd Salah sont synonymes de panique en haut lieu, les hommes forts du moment n'ont plus aucun autre choix que de se plier à la volonté du peuple».