Ne liez pas le sort de Louisa Hanoune à ceux de Saïd Bouteflika, du général Toufik et encore moins à celui de Tartag. Hanoune est une femme politique qui a agi comme telle. Elle n'a jamais comploté contre l'Etat.» Cette sentence revient comme un leitmotiv chez les proches de Louisa Hanoune et les militants du Parti des travailleurs, dont elle est la secrétaire générale. L'entourage de Hanoune refuse de lier son sort aux luttes de clans d'un système qu'elle a combattu durant quatre décennies. Le procès de Louisa Hanoune s'ouvrira aujourd'hui et le comité national pour sa libération, présidé par Zohra Drif-Bitat, reste convaincu qu'il sera politique et aura des relents de règlements de comptes. Louisa Hanoune, qui a milité dans la clandestinité et a écopé de six mois de prison dans les années 1980 sans jamais être jugée, a toujours combattu le système de parti unique qui est resté le même jusqu'à aujourd'hui, malgré les espaces de liberté arrachés. Comme secrétaire générale du PT, elle a milité ouvertement, rappelle Taazibt, cadre du parti, pour le changement radical. Et à chacune de ses sorties médiatiques, elle évoque le cours irréversible de la décomposition du système et la nécessité qu'il dégage. D'où son militantisme, ajoute Taazibt, pour une Assemblée constituante souveraine comme moyen de mettre en place un nouveau système garantissant tous les droits démocratiques, sociaux, économiques… En 2015 avec un groupe de 19 personnalités, elle avait dénoncé les forces extraconstitutionnelles et les oligarques qui avaient commencé à créer un Etat parallèle, ainsi que la mise au pas de plusieurs institutions de l'Etat. Elle a toujours fustigé les politiques d'austérité qui accablent les larges masses et enrichissaient une poignée d'hommes d'affaires. Hanoune était de ceux qui se sont élevés contre le mélange de l'argent sale avec la politique et l'achat des voix. «Louisa Hanoune n'a jamais fait partie du système, n'a jamais fait partie d'un clan, ni d'une clique, ni d'une îssaba. Son procès est politique et le verdict à attendre du point de vue du respect de la démocratie et du multipartisme est la relaxe», insiste Taazibt, qui rappelle que Hanoune a pris part aux marches et a plaidé pour donner la parole au peuple afin qu'il choisisse librement la forme et le contenu des institutions qu'il souhaite mettre en place. Son arrestation et son emprisonnement, le 9 mai dernier, sont, selon son entourage, des actes répressifs arbitraires. Selon eux, c'est une voix de la révolution que veut étouffer le pouvoir. Son incarcération, dénoncée par plusieurs partis, syndicats, organisations de droits de l'homme, a ouvert la voie à toutes les arrestations et mesures liberticides qui ont suivi. «L'image du pays est ternie par cet emprisonnement. Louisa Hanoune n'a jamais caché son opposition à la nature du système politique du pays. Elle ne peut en aucune manière être associée à quiconque, à telle ou telle chapelle du pouvoir et encore moins au système. Elle est en prison pour ses positions et ses activités politiques», défendent les militants du PT, qui estiment que dans un Etat de droit auquel aspirent des millions d'Algériennes et d'Algériens, aucun citoyen ne doit être mis en prison pour ses positions politiques et ses opinions.