Le Festival national de la littérature et du cinéma de la femme revient après une éclipse de trois années faute de financement. Domicilié à Saïda, sa troisième édition se tient du 28 septembre au 2 octobre. Abdelkrim Bahloul a fait le cadeau à sa ville de la première mondiale de son dernier film, étoffant ainsi l'alléchant programme de cette 3e édition. C'est à 18h, au premier jour, que Jennia sera projeté. Non, il n'est pas question, comme on pourrait hâtivement le supposer, de Cheikha Djenia, surnommée encore «El Hakania bent Saïda». Selon le synopsis, c'est l'histoire d'une diablesse privée de liberté par un vieil homme qui l'a secourue. Des années plus tard, à sa demande, elle porte aide à un jeune homme dont elle devient l'épouse comme dans toute fable à l'ancienne. Mais le besoin de liberté s'avère plus fort que l'amour que lui voue son compagnon. C'est dire les pistes de lecture auxquelles peut prêter ce 9e opus de Bahloul. Plus tôt dans l'après-midi, à 14h, après l'ouverture officielle, deux activités suivent. La première avec le lancement d'un atelier de formation à la prise de son, encadré par le réalisateur Salim Hamdi. La deuxième, puisque la manifestation comprend un volet littérature, est une rencontre modérée par Aïcha Bouabaci, avec un auteur de best-sellers, Yasmina Khadra en l'occurrence. Enfin, une production du TR Oran, El Naji (Le rescapé), un spectacle de théâtre de rue complète le programme de la journée. Ecrit et mis en scène par Adila Bendimred sur la base des aventures de Sindbad le marin, nous en avons rendu compte en indiquant tout le bien que nous en pensons (El Watan du 6 juillet 2019). Au deuxième jour, dans la matinée, une autre rencontre littéraire figure avec l'écrivaine Djamila Talbaoui, modérée par Lakhdar Bakhti. Dans l'après-midi, deux courts et un moyen métrages seront présentés avec Mohamed Bensalah pour modérateur du débat. Réalisé en 2019, La chambre est le 3e cours métrage de Latifa Saïd : Anne est appelée par le foyer où réside son père, ouvrier immigré. Elle doit libérer la chambre de ses affaires suite à son décès. A travers ses objets, elle fait la connaissance posthume de son géniteur, prenant la mesure de ses conditions de vie comme de la solitude qu'il a vécue. De Hassiba, réalisé par les frères Abdelli, Abdelhadi et Salah Eddine, on sait juste qu'il porte sur la condition féminine. Enfin, de 46 mn, réalisé en 2018 par de Lyna Zerrouki, elle nous donne à suivre le voyage initiatique de Rayan, un jeune Français qui vient de perdre sa mère. Il doit accompagner sa dépouille en Algérie son pays d'origine. A 18h30, c'est un long métrage, sorti fin 2007, Jusqu'à la fin des temps, plusieurs fois primé en divers festivals: Ali, fossoyeur septuagénaire et gardien de cimetière, rencontre Djoher, une sexagénaire qui lui demande de préparer, de son vivant, ses funérailles. Au fil des jours, une idylle se noue entre les deux personnages. Le film, entre gravité et légèreté, développe une réflexion sur la vie et la mort. Yasmine Chouikh, dont c'est le premier long métrage, en débattra avec le public. Au troisième jour, dans la matinée, la littérature reprend à nouveau ses droits sous le thème «Couples d'écrivains, destins croisés», avec Zineb Laouedj et Wassiny Laredj. Dans la deuxième partie de la journée, Les bienheureux, plusieurs fois primé, sera projeté. Sorti en 2017, c'est le premier long métrage de Sofia Djama. Film d'atmosphère, où la ville, un Alger qui part en lambeaux, est un personnage à part entière, tout autant que ceux d'un microcosme représentatif de deux générations de ses habitants. La plastique de l'amère chronique qu'il déroule, les lumières, les cadrages au plus près de l'intime et les silences accentuent le rendu d'une Algérie post-terrorisme, tétanisée, baignant sous l'emprise d'un rugueux rigorisme et d'une hideuse bigoterie. L'efficacité du film tient également à la fine direction d'acteur et à un casting de qualité. Le mardi 1er octobre, une seconde rencontre littéraire occupera la matinée avec un autre couple d'écrivains, Rabia Jalti et Amine Zaoui. Dans l'après-midi, c'est la projection de Irfane (Reconnaissance), en présence de Malika Belbey. Pour les personnages qu'elle y campe, cette racée comédienne a décroché en juin dernier le Prix de la meilleure interprétation féminine à l'occasion du 8e Festival maghrébin du film d'Oujda. Le thème de la mémoire et de l'oubli du combat pour l'indépendance est pris à bras-le-corps dans ce long métrage de Salim Hamdi. Enfin, en début de soirée, un hommage sera rendu à Rachid Bouchareb, l'invité d'honneur du festival. Son London River rapporte deux solitaires quêtes, qui deviennent solidaires, celles d'Ousmane (Sotigui Kouyate) et Elisabeth (Brenda Blethyn), un musulman et une chrétienne. Les deux personnages sont chacun à la recherche de son enfant n'ayant pas donné signe de vie depuis les attentats qui ont endeuillé Londres en 2005. Enfin, à l'ultime journée de la manifestation, dans la matinée, autour de la question de l'émergence de la nouvelle génération de cinéastes algériens, une table ronde réunit Rachid Bouchareb, Ahmed Bedjaoui, Adila Bendimred et Rim Laredj. Et, en début de soirée, la clôture du festival s'opère avec la projection du film Le flic de Belleville, suivie d'un débat avec son réalisateur. Sorti en 2018, ce dernier film de Bouchareb est un pastiche du Flic de Beverley Hills. Enfin, on ne peut terminer sans annoncer la bonne nouvelle aux Saïdiens que la salle Dounyazad, qui abrite le festival, rénovée et équipée d'un DCP de dernière génération, ne refermera pas ses portes jusqu'au prochain festival. En effet, une convention entre la direction de la culture et l'ONCI a été conclue pour la mettre à la disposition de cet office pour l'exploiter.