Dans un communiqué rendu public hier, le tribunal militaire de Blida a déclaré avoir statué en «audience publique» sur le dossier des poursuites «engagées contradictoirement contre Bouteflika Saïd, Mediène Mohamed, Tartag Athmane et Hanoune Louisa qui ont comparu devant le tribunal», assistés par leurs avocats, et par défaut à l'encontre des nommés Nezzar Khaled, Nezzar Lotfi et Benhamdine Farid, en fuite hors du territoire national. Le tribunal a par ailleurs fait état du contenu du verdict et précisé que l'audience «s'est déroulée dans le strict respect des règles du code de la justice militaire et du code de procédure pénale et tous les droits et toutes les garanties pour un procès juste et équitable ont été observés». Le communiqué a fait réagir Me Mokrane Aït Larbi, avocat de Louisa Hanoune, qui dans une déclaration a balayé les propos de la juridiction militaire. Me Aït Larbi a affirmé que l'audience n'a pas été publique, tel que précisé par le tribunal militaire, parce que n'était présent qu'un nombre très limité des familles des accusés et que les nombreux barrages sécuritaires installés tout autour de la juridiction ont fait que l'arrivée à celle-ci était impossible aux citoyens, aux journalistes et à certains avocats. «Non, l'audience n'était pas publique. Pour preuve, l'interdiction d'accès faites aux journalistes (…). La presse est pourtant le trait d'union entre ce qui se passe à l'audience et le peuple au nom duquel les décisions de justice sont rendues en son absence. Une audience publique est ouverte, au sens de la loi, à tous les citoyens qui veulent y assister. Mais la présence des avocats et de quelques gendarmes aux missions déterminées, ne veut absolument pas dire qu'elle est publique.» Me Aït Larbi s'est demandé : «Comment le tribunal parle de procès équitable, alors que Louisa Hanoune a été condamnée sans aucune preuve sur le complot, ni enregistrements du contenu de la réunion qui a duré une heure de temps. Cela prouve que la décision du tribunal vise son militantisme, son combat et surtout ses idées qu'elle a exprimées publiquement et réitérées lors de son procès ?» L'avocat a déclaré en outre que le tribunal, malgré l'insistance de la défense, a refusé de convoquer l'ancien président Liamine Zeroual, dont le nom a été cité dans le dossier, ajoutant qu'il a aussi refusé de remettre à la défense une copie du dossier, ce qui est pour lui une violation de l'article 132 du code de justice militaire qui consacre ce droit. «Le tribunal a voulu faire de ce procès celui des questions-réponses, mais en réalité, il a démontré que Louisa Hanoune n'est qu'une détenue politique. Ce même tribunal a rejeté des questions posées à Tayeb Belaïz, qui était pourtant disposé à répondre.»