Le HCA a réuni un panel d'experts venant de diverses universités et centres de recherche nationaux et internationaux (Grèce, Soudan, Tunisie, Espagne…). Assumer notre histoire et revaloriser la langue et la culture amazighes. Organisé par le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), en collaboration avec la wilaya et l'université de Tébessa, le colloque, placé sous le thème : «Résistance des femmes en Afrique du Nord de la période antique jusqu'au XIXe siècle», était l'occasion pour les organisateurs d'insister sur la nécessité pour les Algériens d'assumer leur histoire sans en négliger une partie pour des raisons idéologiques. «On doit assumer totalement notre histoire, on ne doit pas zapper une étape (…). Notre société a connu deux chocs, la colonisation et le terrorisme. Il y a un travail à faire en direction de l'université, de l'école. Il y a une génération qui est là, qui ne connaît rien de son histoire. Il y a ce refus de quelques étapes de notre histoire. A qui la faute ? Je pense que c'est la responsabilité de tous», tranche Si El Hachemi Assad, le secrétaire général du HCA, lors d'un point de presse organisé hier, en marge du colloque. Evoquant l'exemple de Saint Augustin, il a fait remarquer que les voisins tunisiens «ont su profiter» de leur patrimoine et celui situé sur le territoire algérien : des visites sont organisées au profit de leurs touristes sur les lieux, où est planté l'arbre de l'évêque à Souk Ahras. Comment s'en sortir ? Par «la sensibilisation, la pédagogie pour permettre aux générations montantes» d'être fières de «ce référent commun». Lors de son allocution à l'ouverture du colloque, Assad a considéré qu'il est temps d'avoir un «nouveau regard» pour «dépasser» l'histoire traditionnelle qui «nous a privés de connaître notre profondeur». Le wali de Tébessa, Attalah Moulati, qui a insisté sur la «restauration» de l'identité nationale, estime que les tabous liés à l'histoire nationale tomberont d'eux-mêmes grâce au savoir. «Avant, on regardait les choses d'une façon passionnée. Je pense que les tabous tomberont d'eux-mêmes avec le savoir scientifique… Nous devons prendre le côté positif de notre histoire et laisser de côté les choses négatives. Pourquoi alors passionner le débat ?» s'interroge-t-il. M. Moulati évoque la revalorisation du patrimoine de sa wilaya «peu ou pas du tout exploité». Deux études sont lancées par les services de la direction de la culture pour la réhabilitation de la basilique et de l'amphithéâtre romain, situés au centre-ville de l'antique Thevestis. Un bémol : le même wali a évoqué, dans sa courte allocution, la résistance de la Kahina aux… Romains, une contre-vérité historique que les présents, spécialistes ou simples profanes, n'ont guère omis de relever. Très actif président de l'association Thevestis, Salah Barika signale que l'identité amazighe des Algériens est une «constante» dans la longue histoire du pays. «L'identité religieuse peut changer, celle culturelle est là, tamazight, pour nous, est constante. Elle ne s'exprime pas uniquement par la langue, comme le pensent beaucoup, mais par d'autres aspects qu'on a tendance à négliger, à savoir l'habillement, la musique, etc.» détaille-t-il. M. Barika se remémore la décision «arbitraire» du directeur de la maison de la Culture Mohamed Chbouki d'enlever, en 2016, la plaque en tifinagh placée à l'entrée de son établissement. «Cette plaque est la première à avoir été installée dans tout l'Est algérien. Il a fallu l'intervention de Mihoubi (ancien ministre de la Culture) pour la réinstaller», signale le président de l'association créée en juin 2018. «Il y a actuellement une propagande qui essaie de porter un coup à l'identité amazighe de la société algérienne…Nous espérons qu'il n'y aura pas de confrontation entre les Algériens», soupire-t-il. Le colloque organisé par le HCA en collaboration avec la wilaya de Tébessa et l'association culturelle Thevistis se poursuivra jusqu'à demain. Des conférences, des expositions auront lieu lors de la rencontre placée sous la direction scientifique de Soltani Amel et des professeurs Hareche Mohamed El Hadi et Zerdoumi M'hamed, respectivement docteur spécialiste en numismatique, directrice du Musée national Cirta, Constantine et maîtres de conférences à l'université d'Alger 2. Pour la réussite de cet événement, le HCA a réuni un panel d'experts venus de diverses universités et centres de recherche nationaux et internationaux (Grèce, Soudan, Tunisie, Espagne…).