Bonne nouvelle pour la communauté des startupeurs algériens exerçant dans les Technologies de l'information et de la communication (TIC) ! Facebook a décidé d'ouvrir, pour la première fois, son programme d'accélération, Facebook Accelerator London (FAL), aux start-up africaines utilisant l'intelligence artificielle (IA), la réalité augmentée et la réalité virtuelle (RA/RV), la Blockchain et d'autres technologies Facebook pour créer de l'impact à grande échelle. A ce titre, un appel à candidature sera lancé au mois de novembre prochain dans la cadre de la troisième édition de FAL, programme conçu pour les start-up de toute la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique), est-il indiqué dans un communiqué transmis, ce week-end, à notre rédaction par APO Group, Organisation de Presse, basée à Dakar (Sénégal). D'une durée de 12 semaines, Facebook Accelerator London, tout en offrant un mentorat personnalisé, devrait permettre aux start-up retenues un accès aux «connaissances et à l'expertise des équipes de Facebook, notamment à travers des ateliers pratiques sur les produits, l'ingénierie, la croissance et l'influence». Hébergé dans le bureau de Facebook à Londres, le programme sera mené en partenariat avec Founders Intelligence, l'agence du Founders Forum Group chargée du conseil stratégique dans le domaine du numérique. Les start-up y participant seront encadrées par des chefs de produits, des spécialistes des données, marketeurs, des spécialistes du recrutement et des ingénieurs de Facebook. Aussi, à travers Facebook Connectivity, FAL soutiendra les entreprises qui «trouvent des solutions pour éliminer les obstacles à la connectivité numérique, en offrant un accès et des services Internet plus rapides, moins coûteux et meilleurs, en rendant l'information plus facilement accessible ou en améliorant la culture numérique». Cap sur l'Afrique En décidant de mettre le cap sur l'Afrique, les dirigeants de Facebook aspirent «nourrir et encourager, grâce à ce programme, un nouvel essaim d'entreprises qui exercent un impact positif sur le monde». Car, tel que souligné par Nicola Mendelsohn, vice-présidente pour la zone EMEA à Facebook, «l'innovation est au cœur de Facebook et nous ouvrons aujourd'hui à l'Afrique notre programme Facebook Accelerator London. Les start-up sélectionnées pourront rencontrer des experts de Facebook, y compris des spécialistes travaillant dans les domaines de la réalité augmentée, de la Blockchain et de l'Intelligence artificielle». Sélectionnés, les jeunes Algériens, ayant opté pour l'aventure entrepreneuriale, dans le cadre des dispositifs d'aide à l'emploi ; ANSEJ (Agence Nationale de Soutien à l'Emploi des Jeunes), CNAC ou autres, pourraient, en se frottant aux experts de Facebook, apporter un plus indéniable à l'industrie numérique, filière qui peine à se développer dans notre pays. Avec à peine 15 % d'entreprises connectées à Internet, moins de 8% qui sont dotées de leur propre site-web, 2% disposant d'un catalogue de produits en ligne et quelque 200 à 250 sites marchands dédiés au e-commerce (données publiques de 2014), notre économie, à l'inverse de ses voisines marocaine et tunisienne et tant d'autres du monde arabe ou d'ailleurs, n'est toujours pas près d'oser le bond vers le développement numérique. Et pour paraphraser un expert : «Nous ne sommes pas en retard, nous sommes en décalage de phase», déplore-t-on dans le milieu des strat-ups. Alors qu'une étape nouvelle, après celle de l'investissement dans les infrastructures, tout aussi complexe, exige désormais de redéployer l'appareil de production et de mettre en place les conditions d'une fonction de production sur laquelle pourrait, et donc devrait, se construire le développement durable du pays. Aujourd'hui, le «Sortir l'économie algérienne de sa dépendance aux hydrocarbures» peut ne plus être qu'un simple slogan récurrent. Pour cela, il suffit juste de savoir comment saisir les opportunités et tirer profit des avantages de la dernière révolution industrielle que constitue le numérique. En effet, «la transformation numérique des entreprises -digitalisation- offre de nouvelles opportunités de création de valeur. Actuellement, les entreprises tirent leur performance de la combinaison de trois facteurs : l'automatisation des process de production induite par la fabrication assistée par ordinateur, la dématérialisation par l'usage de logiciels et la réorganisation des schémas d'intermédiation à travers l'instantanéité des échanges sur les réseaux, et pour les plus performantes, les objets connectés…», souligne Nadia Chettab, professeure de sciences économiques à l'université Badji Mokhtar de Annaba. Aux yeux de cette experte consultante internationale dans le domaine de l'industrie numérique, désormais «le numérique constitue une réalité qu'il est nécessaire d'intégrer, surtout pour les industries bâties sur un modèle ancien». Et d'insister sur le besoin urgent de trouver comment transformer le choc négatif de la conjoncture actuelle en choc positif et orienter les politiques économiques publiques vers une réindustrialisation, tout en tenant compte des grandes mutations technologiques et numériques en cours, en tirant le meilleur parti des chaînes de valeurs mondiales, sans se laisser enfermer dans des modèles de développement introverti qui ont montré toutes leurs limites. «C'est par le croisement des compétences et dans le travail collaboratif entre les grandes entités économiques et les jeunes start-up que peut se construire le futur de l'industrie algérienne», insiste-t-elle. L'Algérie toujours à la traîne Un appel qui n'a pas, semble-t-il, trouvé une quelconque oreille attentive, la confiance et l'investissement en capital-risque faisant toujours cruellement défaut en Algérie. En témoigne. En 2017, plus de 560 millions de dollars ont été investis en capital-risque dans 124 start-up technologiques africaines, en progression de 53% en un an, fait ressortir une enquête du Fonds de capital-risque Partech Africa. 63% des volumes investis est à l'actif de 3 pays : Afrique du Sud, Nigeria et Kenya. Dans la région nord-africaine, près de 4 millions ont été investis au Maroc, 1,5 million en Tunisie et zéro investissement pour l'Algérie. Mieux, en 2018, les jeunes pousses du continent, région, qui compte désormais plus de 500 hubs technologiques contre à peine quelques dizaines il y a cinq ans, ont pu attirer dans leur tour de table capitaux-risqueurs et multinationales dont les investissements ont dépassé le milliard de dollars (1,163 milliard) sur douze mois, soit deux fois plus qu'en 2017. Si les levées de fonds ont tant progressé, relève la même enquête, «c'est d'abord parce que les start-up, qui ont émergé les premières il y a cinq ou dix ans, sont parvenues aujourd'hui au stade de l'expansion continentale, voire au-delà». S'agissant des start-up plus récentes, c'est-à-dire celles qui ont éprouvé leur concept mais ont besoin d'argent frais pour s'exporter, elles ont tout aussi sensiblement prospéré. Leurs levées s'élevant en moyenne à plus de 14,4 millions d'euros. «Pour cette catégorie (appelée série B), ont été recensés 19 tours de table pour un montant total de 274 millions d'euros, en 2018, contre 15 un an auparavant pour un total de 157 millions.» La révolution que connaissent, dans le continent, les secteurs des télécoms et des finances, est également pour quelque chose dans l'essor spectaculaire des start-up africaines, d'où l'engouement accru des grands groupes internationaux pour la région. «Des géants tels que les Français Total, Axa et Orange ; les Japonais Sumitomo, Mitsui ou Sompo Holdings, l'Indien Bharti Airtel, le Kényan Safaricom et le Sud-Africain Naspers sont désormais des investisseurs majeurs dans les start-up africaines». Cet intérêt et ces flots d'investissements étant susceptibles de leur offrir «un excellent accompagnement à l'échelon panafricain, l'internationalisation étant une compétence-clé pour les multinationales». Qu'en est-il de nos start-up, ont-elles les atouts nécessaires pour séduire d'abord dans leur propre pays avant de tenter l'aventure internationale ? Le chemin à parcourir risque d'être long, très long et laborieux. Pour les banques et les télécoms, deux secteurs névralgiques, encore à la traîne, la peur du changement demeure omniprésente. La véritable transition numérique peut toujours attendre. Ce qui explique l'absence de l'Algérie dans le décompte du Fonds de capital-risque Partech Africa, alors que ses voisins continentaux s'y sont illustrés par leurs performances en termes de levées de fonds : le Sénégal ayant réussi à attirer 22 millions de dollars d'investissements en 2018, ce qui le place bien loin devant le Ghana avec ses 6 millions de dollars. Au Rwanda, qui compte à peine une douzaine de millions d'habitants et où il est possible d'y créer une entreprise en quelques heures, les start-up ont pu lever 19 millions de dollars en 2018 contre 11 millions de dollars pour l'Ethiopie.