Suite au décès tragique d'un jeune collégien au sein de son établissement scolaire à Sétif, les parents d'élèves entament aujourd'hui une poursuite en justice et réclament du procureur de la République d'ouvrir une enquête. Ils pointent du doigt le directeur de l'établissement ainsi que celui de l'éducation. Scandaleux ! C'est ainsi que la société civile et les différents syndicats de l'éducation ont qualifié l'accident survenu, hier, au collège Zermani Ali de la commune de Bouândas, à l'extrême nord de la wilaya de Sétif. Bilan : le jeune collégien Boukerchi Abdelhak est décédé et deux de ses camarades sont blessés. L'accident est survenu vers 10h, pendant la récréation. Le jeune garçon qui vient à peine d'intégrer le cycle moyen s'est rendu aux sanitaires. Il ne pensait pas que l'un des murs allait s'effondrer et lui ôter sa vie. Les parents de cette jeune victime, appuyés par les représentants de l'Organisation nationale des parents d'élèves, ont choisi de ne pas se taire. Ils saisissent aujourd'hui le procureur de la République afin d'ouvrir une enquête. «Le malheur, c'est qu'une commission du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, accompagnée d'un directeur central au ministère de l'Education, a fait son tour dans les écoles avant la rentrée scolaire. Dans leur rapport final, ils ont relevé que ce mur constituait un danger pour les enfants. Ces sanitaires devaient être fermés. Ce qui n'a pas été fait», déclare Azzouz Rebaï, représentant de l'organisation des parents d'élèves à Sétif. Pour lui, il y a un véritable manque de responsabilité, notamment en ce qui concerne les travaux de réfection. Selon lui, ce problème est déploré dans beaucoup d'autres établissements. Certains datent de la période coloniale et leur état laisse à désirer. Les syndicats, de leur côté, confirment ce constat et le généralisent à plusieurs autres wilayas. A Chlef, par exemple, deux établissements sont classés menaçant ruine par le CTC. Il s'agit des écoles primaires Ben Zerfa Djelloul et Boutibane M'hamed dans la commune de Beni Haoua. Bien que constituant un danger réel sur la vie des élèves, elles restent toujours opérationnelles. Les parents d'élèves de ces deux établissements ont tenu des sit-in et réclament plus de sécurité pour leur enfants dans des écoles dignes de ce nom. «Pour le moment, rien n'est fait», soulignent les syndicalistes. Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapeste), met ce problème sur le compte de l'absence de suivi des travaux menés et de la corruption. «Comme dans tous les secteurs, le nôtre est gangrené par la corruption. Une infrastructure, même nouvelle, avec la corruption généralisée comme mode de fonctionnement, fait qu'elle n'est pas réalisée dans les normes. Une simple secousse tellurique peut générer des dégâts considérables. Tout ce que l'entrepreneur distribue comme pots-de-vin, il le récupère dans les matériaux utilisés», dénonce-t-il. Boualem Amoura, SG du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), évoque la réduction du budget alloué aux établissements pour le volet réfection. Toutefois, il dit avoir interpellé les services du ministère à maintes reprises, sans qu'aucune disposition ne soit prise pour la réhabilitation ou la rénovation des anciens établissements scolaires. De son côté, le ministère de l'Education nationale a vite dépêché une commission d'inspection sur les lieux afin de déterminer les «véritables causes» et les responsabilités. Des sanctions peuvent être prises.