Avec les problèmes recensés les premiers jours dans plusieurs wilayas, la rentrée, cette année, ne serait pas aussi rose que l'ont voulu les hautes autorités du secteur de l'Education nationale. Plus de deux semaines après la rentrée scolaire se sont déjà écoulées. Les partenaires sociaux du ministère de l'Education nationale dressent des bilans chargés en insuffisances. Qu'il s'agisse des syndicats autonomes ou des parents d'élèves, les problèmes sont presque les mêmes. Il s'agit essentiellement de la surcharge des classes, de l'état de délabrement de certains établissements, le retard dans l'octroi de la prime de scolarité et le manque d'encadrement pédagogique et administratif. A chaque rentrée scolaire, la surcharge des classes revient dans la majorité des rapports finaux des partenaires de Abdelhakim Belabed, actuel premier responsable du secteur. «Avec les problèmes que nous avions recensés les premiers jours dans plusieurs wilayas, nous savions que cette rentrée ne serait pas aussi rose que l'ont voulu les hautes autorités du secteur, déclare Ali Benzina, président de l'Organisation nationale des parents d'élèves. Nous avons remis récemment un rapport à la tutelle, dans lequel nous avons cité des doléances des parents d'élèves dans 28 wilayas. Parmi ces problèmes, la surcharge et aussi des conditions insensées quant à la remise de livres scolaires et de la prime de scolarité.» Dans le rapport, dont nous détenons une copie, l'organisation cite le CEM d'El Marsa, dans la banlieue est d'Alger, où les dossiers de remise des livres scolaires gratuitement aux enfants issus de familles défavorisées ont été refusés. Y est également cité le CEM Soltani Haouas, dont les responsables ont restreint les livres gratuits aux enfants dont les parents n'ont que 5000 DA de salaire mensuel. Aux écoles Boudjmaa Lahcen et 17 Octobre à Bachjarrah (Alger), les livres, les primes et les différentes aides n'ont pas été remis. Cette organisation recommande une meilleure prise en charge de ces problèmes et surtout l'ouvertue des portes du dialogue avec les parents d'élèves. Ils proposent l'après-midi du mardi pour l'organisation de rencontres entre eux et le personnel administratif et pédagogique. Les bureaux du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) qualifient cette rentrée de «perturbée». Les wilayas les plus touchées par ces perturbations sont Chlef, Mila, Tipasa et Tébessa. Dans cette dernière, le bureau local de ce syndicat a carrément fait appel à la justice contre le directeur de l'éducation de la wilaya pour non-application des décisions de justice. A Chlef, les problèmes sont plus concrets. Le bureau local évoque des établissements menaçant ruine, mais qui continuent à recevoir des élèves. Il s'agit des écoles primaires Ben Zerfa Djelloul et Boutibane M'hamed dans la commune de Beni Haoua. Le rapport cite également le lycée Mekki Abdelkader, où les parents d'élèves, les lycéens et les enseignants ont tenu des sit-in et procédé à la fermeture de l'établissement pour dénoncer la surcharge des classes. D'après ce document, il y aurait plus de 50 lycéens par classe. D'autres établissements ont été le théâtre d'accès de colère dans cette wilaya. Les causes sont essentiellement le délabrement des classes, l'absence d'équipements, tels que les chaises et les tables, les travaux de réfection toujours en cours et l'absence de raccordement au gaz naturel et de transport scolaire. Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapeste) relève en plus de la surcharge, l'affectation d'enseignants loin de leur lieu de résidence, constituant ainsi un handicap pour la prise en charge des élèves. «Il y a également un manque dans l'encadrement administratif. Dans plusieurs établissements, ce sont d'autres fonctionnaires qui assurent l'intérim. Cette année est déjà entamée, mais si nous voulons avoir une meilleure rentrée 2020-2021, il faut la préparer dès maintenant afin de cerner tous les manques et coordonner tous les efforts afin que tout soit prêt à la rentrée et non pas gérer au jour le jour», souligne-t-il. Pour Zoubir Rouina, président du Conseil des lycées d'Algérie (CELA), l'école, qui fait partie des revendications du hirak, reste une question de fond qui, sans un véritable changement et une volonté concrétisée sur le terrain, ne sortira pas de l'auberge. Face à toutes ces revendications, le ministère, par le biais de son chargé de la communication, Lamine Cherfaoui, explique que la surcharge reste liée aux différents mouvements de la population suite aux multiples opérations de relogement. «Des solutions sont engagées dans ce sens, en inscrivant des projets d'écoles en même temps que la réalisation des nouvelles cités urbaines», explique M. Cherfaoui, qui dénonce également l'attitude de certains parents qui refusent d'envoyer leurs enfants vers des écoles un peu plus éloignées du lieu de résidence. Concernant les enseignants affectés hors wilaya, le ministère nie la présence de ce type d'affectation, sauf si l'enseignent lui-même accepte ou demande d'y travailler.