C'est impressionnant. La mobilisation populaire, hier, à l'occasion du 34e vendredi de protestation pour le départ du système, était vraiment grandiose à Tizi Ouzou, où la ville était inondée par des masses humaines indescriptibles. D'ailleurs, dès 12h, au moment où des manifestants commençaient à planter le décor de la marche devant le portail principal du campus universitaire de Hasnaoua, des grappes de gens affluaient sans discontinuité vers la capitale du Djurdjura, qui, en un laps de temps très court, a été submergée par des dizaines de milliers de personnes. Arborant l'emblème national et le drapeau amazigh, des marcheurs n'ont cessé de crier, haut et fort, «Pouvoir assassin !», «Etat civil et non militaire !», «Gaïd et Bensalah dégagez !», «Révolution pacifique contre la mafia et la dictature !», «Pas d'élection avec le pouvoir assassin !» et «Non à une justice aux ordres !». Puis, alors que la procession s'ébranlait avec, au-devant des carrés, des banderoles décriant les symboles du régime, les marcheurs ont scandé d'autres slogans hostiles aux décideurs qu'ils accusent, sans ambages, d'être à l'origine de la situation qui prévaut dans le pays. Toutes le ruelles qui donnent sur la ville des Genêts sont pleines de monde. La procession se dirige vers la rue Lamali, en longeant le CHU Nedir Mohamed. Tandis que les premiers participants à la marche atteignent l'avenue Abane Ramdane, d'autres amorcent la montée du stade du 1er Novembre. C'est un tsunami humain. Même les trottoirs sont occupés par des marcheurs. Les premiers manifestants sont arrivés devant le mémorial des martyrs de la Guerre de Libération, en face de l'ancienne gare routière, où un immense rassemblement a été observé par la foule qui a brandi plusieurs pancartes portant, notamment, les mots d'ordre du mouvement populaire, à savoir le départ, pur et simple, de tous les symboles du régime en place. «Le peuple algérien est le seul héros», «Le pouvoir constituant appartient au peuple», «On veut une transition démocratique et souveraine», «La seule réussite du pouvoir est d'empêcher l'Algérie de réussir», «Le régime est dépourvu de légitimité», lit-on sur les multiples étendards déployés par les manifestants. Ces derniers ont également réitéré l'exigence de la libération des détenus d'opinion qui croupissent toujours dans les geôles du pouvoir. «Libérez les otages, libérez l'Algérie», «Non à la prise d'otage de l'Algérie» et «Même sans Tabbou, le hirak reste debout», est-il écrit sur des pancartes portées par des personnes qui ont pris part à la marche d'hier dans le chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, et qui ont aussi exhibé les portraits des prisonniers du mouvement populaire, dont ceux arrêtés pour avoir brandi le drapeau amazigh. Les marcheurs ont aussi réaffirmé leur rejet de l'élection présidentielle annoncée pour le 12 décembre. «Non à la mascarade électorale», ont martelé des jeunes qui ajoutent : «Election = soumission». La capitale du Djurdjura ne s'est vidée qu'à 17h, et ce, après avoir connu une grandiose démonstration populaire. La révolution continue…