Décidément, rien ne peut arrêter un peuple sur le chemin de son destin. La grande mobilisation citoyenne, hier, à Tizi Ouzou, confirme amplement la détermination des marcheurs à maintenir la pression sur les décideurs jusqu'au départ de tous les symboles du système. «Le régime incarné par la bande de voleurs et de corrompus doit tomber tôt ou tard. C'est une question de temps. Mais, nous n'allons pas cesser de manifester jusqu'au départ de toute la caste au pouvoir», clame un marcheur en brandissant le portrait d'Abane Ramdane, au milieu d'une procession composée essentiellement de jeunes qui criait, à gorge déployée, «Pouvoir assassin». Le 33e vendredi de protestation pour le départ du système a été marqué par une démonstration de force dans la capitale du Djurdjura, qui a connu une immense déferlante populaire. «C'est un véritable tsunami humain», laisse entendre un citoyen qui explique ce regain de mobilisation grandiose par le mutisme du régime qui, dit-il, ne veut pas lâcher prise alors qu'il est acculé de toutes parts par le peuple qui revendique son départ depuis le 22 février dernier. La rue a ainsi vibré, encore une fois, au rythme de la protestation qui exprimait aussi son rejet de la prochaine consultation électorale. L'élection présidentielle du 12 décembre prochain a été, d'ailleurs, décriée, en bloc, par la foule. «Ulach l'vot ulach» (Il n'y aura pas d'élection), «Un Etat civil et non militaire», «Pour un Etat de droit et non à la justice du téléphone» et «Pas d'élection sans transition», crient, haut et fort, les manifestants. «Non à la mascarade électorale», «Le peuple algérien, seul souverain de l'avenir de son pays», «Nul ne peut défier le peuple», «Non aux élections, oui à la transition démocratique», est-il aussi écrit sur des pancartes brandies par des participants à la marche qui s'est ébranlée du portail principal du campus universitaire de Hasnaoua, moment où d'autres carrés se formaient de manière spontanée sur l'axe du stade du 1er Novembre. En un laps de temps très court, les lieux ont été, d'ailleurs, submergés de manifestations qui affluaient sans interruption. D'autres banderoles mises en avant par la foule stigmatisent les décideurs qui ont été traités de tous les noms d'oiseaux. «Gaïd Salah, Bedoui et Bensalah dégagez», tels sont les slogans les plus scandés par les marcheurs. La libération des détenus du mouvement qui croupissent dans les geôles du pouvoir est réitérée par les marcheurs qui crient, haut et fort, «Libérez les détenus, libérez l'Algérie». Justement, pour faire pression sur les décideurs en vue de la libération des prisonniers en question, des manifestations de rue sont organisées durant la semaine, à travers plusieurs localités de la wilaya. Lundi, une grandiose marche a eu lieu au chef-lieu de daïra des Ouadhias. La ville de Tigzirt a connu aussi, jeudi, une mobilisation importante à l'occasion d'une marche organisée pour exiger la libération de Amar Acherchouche et tous les détenus du mouvement. Il s'agit d'une imposante action de protestation. Ainsi, la procession s'est ébranlée de la placette du cinéma Mizrana jusqu'au siège du tribunal de la ville. Par ailleurs, il faut noter que des centaines de personnes se sont déplacées, tôt la matinée, à Alger pour prendre part à la marche dans la capitale. Certains marcheurs sont même partis la veille, par crainte d'être bloqués le lendemain par la police, comme Amar Telili, un citoyen de la commune des Ouadhias, que nous avons rencontré jeudi soir, à Tizi Ouzou, alors qu'il s'apprêtait à se partir pour la capitale afin de prendre part, le lendemain, à la marche. «Je suis ancien délégué des Aachs (non dialoguiste) et militant du FFS. Je participe à la marche du mouvement populaire chaque vendredi, particulièrement à Alger, car je suis convaincu qu'il s'agit d'un combat noble qui consiste à réclamer le départ d'un système qui veut nous inciter à l'affrontement, alors que le peuple reste civilisé en maintenant le caractère pacifique de ses actions», nous a-t-il déclaré. Ainsi, faut-il le rappeler, la détermination citoyenne se poursuit à Tizi Ouzou où la population demeure mobilisée.