A la lourdeur de la maladie vient s'ajouter le manque de produits indispensables aux cures de chimiothérapie. Les malades atteints de cancer vivent une situation alarmante. En effet, la rareté de certains médicaments et la cherté des examens mettent en péril la vie de ces patients, dont les soins sont souvent renvoyés sine die. La principale raison avancée aux malades par le personnel médical est la rupture de stocks des produits nécessaires pour la réalisation de certains gestes médicaux, notamment la chimiothérapie, à l'instar de l'Aceptil, produit qui est quasiment introuvable mais indispensable pour ce genre de cure. « De nombreux malades ont arrêté leurs cures à cause de la non-disponibilité de ce produit, ce qui fera perdre assurément les bénéfices des cures précédentes », explique un spécialiste en pharmacie. Au Centre national de lutte contre le cancer, Pierre et Marie Curie, le personnel thérapeutique confirme cette pénurie. « La structure accepte de prendre en charge uniquement les cas les plus urgents qui nécessitent des soins pressants, et ce, à cause de la rareté de certains produits », nous affirme-t-on sur place. Une malade atteinte de cancer du sein nous affirmera, quant à elle, que « c'est pour la troisième fois qu'on diffère (son) rendez-vous de chimiothérapie, faute de disponibilité des produits ». Des malades venus des wilayas de l'intérieur sont ainsi renvoyés chez eux sans soins. D'autres sont contraints de débourser davantage d'argent pour réaliser des examens dans des établissements privés, parce qu'au niveau du CNLC l'attente peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant que les patients n'effectuent leurs examens, alors que la célérité en matière de prise en charge dans ce genre de maladie est des plus vitales. Des malades affirment ainsi qu'ils ont été obligés de faire des examens de mammographie à 2500 DA, d'autres de scintigraphie à 8000 DA. « J'ai dû débourser plus de 50 000 DA rien que pour ces examens. Heureusement qu'on m'a épargné les frais de l'achat des médicaments, grâce à une association qui a pris en charge financièrement tout le contenu de mon ordonnance », assure un malade. Fort heureusement, il y a tout un travail qui se fait par le mouvement associatif afin de venir en aide à ces malades, particulièrement les plus démunis d'entre eux. A ce propos, Mme Rabehi, présidente de l'association El Fadjr, dira : « Nous essayons de venir en aide aux malades atteints de cancer, en menant des actions directes envers eux, telles que les prises en charge des ordonnances qui leur sont délivrées par les médecins, ou encore en les soutenant financièrement. » Bien que ce genre d'initiatives soient tout à fait louables, elles restent toutefois insuffisantes vu la lourdeur de la prise en charge d'un malade atteint de cancer, qui requiert, au-delà de la médication qui lui est destinée, un accompagnement également social. « Je suis arrivé d'Oran à deux heures du matin, et j'ai dû attendre avec ma mère malade à la gare routière du Caroubier jusqu'au matin pour rallier ensuite l'hôpital Mustapha Pacha », se lamente un homme accompagnant sa mère.