Photo : S. Zoheïr Par Abderrahmane Semmar Un mois et demi après le violent séisme qui a frappé la région de Beni Ilmane et de Melouza, les sinistrés de ces douars isolés et pauvres continuent à souffrir des privations et de la précarité. Pis, jusqu'à aujourd'hui, la prise en charge des habitations détériorées tarde à venir, et des centaines de familles qui ont perdu leurs maisons vivent encore sous les tentes. A l'heure où l'été distille sur la région une chaleur étouffante, ces familles se retrouvent soumises à des conditions de vie des plus insupportables. L'eau potable qui manque cruellement dans la région et les coupures fréquentes du courant électrique rendent la vie encore plus dure. Mais la population sinistrée est désormais à bout de patience à cause de l'insouciance des autorités de la wilaya de M'sila qui n'ont proposé, jusqu'à l'heure, aucune solution de relogement aux familles touchées par ce séisme et les multiples secousses qui ont en suivi. «Près de mille familles dorment toujours dehors sous des tentes sans aucun autre moyen pour résister à la chaleur étouffante qui sévit ces derniers jours dans la région. Les autorités n'ont pas daigné venir nous expliquer de quoi sera fait notre avenir puisque toutes les procédures d'indemnisation restent bloquées. Croyez-moi, si ça continue comme ça, la région va s'embraser et des émeutes vont éclater», préviennent des membres de comités de quartier de Beni Ilmane qui craignent le pire pour leur région. Il faut savoir que, la semaine dernière, plus de 550 citoyens de cette localité ont fermé les sièges des administrations et des établissements publics, notamment l'APC, la poste et la polyclinique, pour protester contre le mépris des pouvoirs publics. Il faut dire que l'élément déclencheur de cette vague de colère a été le décès, dimanche passé, à l'hôpital de Douéra, du citoyen Myah Messaoud, 41 ans, père de trois enfants, qui, n'ayant pas bénéficié d'une tente, s'était immolé par le feu quelques jours après le tremblement de terre du 14 mai dernier. Ce drame en a ébranlé plus d'un à Beni Ilmane qui n'en peut plus de compter ses enfants brisés par cette terrible catastrophe. Une tragédie à laquelle est venue s'ajouter l'incurie des autorités locales qui n'ont guère été à la hauteur des attentes de leurs citoyens, notamment en ces temps de crise. Du coup, les citoyens en colère revendiquent plus de transparence et d'efficacité dans la prise en charge de leurs habitations répertoriées dans l'inventaire des habitations sinistrées. A ce propos, il est à souligner que plus de 2 400 familles, signalent des sources locales, ont déposé un dossier d'indemnisation à Beni Ilmane et Melouza. Mais jusqu'à présent, aucune suite n'a été donnée à ces requêtes car le travail fait par les membres de l'APC et les éléments des services techniques, dans l'opération classification des habitations détériorées, a été fortement contesté par les sinistrés de la région. Ces derniers ont même demandé le départ de leur région de toutes les entreprises de réalisation qui opéraient pour la réhabilitation des édifices publics endommagés par le séisme. En fait, les associations et les comités de quartier de Beni Ilmane ont exprimé leur vive protestation contre la solution de «replâtrage» des structures qui ont subi trop de dégâts pour que leur réhabilitation se limite à une opération de restauration. Il en est ainsi de l'hôpital de Beni Ilmane très touché et qui, normalement, devrait être reconstruit. Mais au lieu de cela, les autorités locales se sont contentées juste de quelques travaux de consolidation. Si, par malheur, la terre vient à trembler encore, cet édifice risque de s'effondrer définitivement, mettent en garde les habitants de Beni Ilmane. C'est dire, enfin, que le drame de cette région s'aggrave de jour en jour.