L'Algérie jouera aujourd'hui son premier match de Coupe du monde contre la Slovénie. Un jeune pays, peu connu en Algérie, qui est à sa deuxième qualification en Coupe du monde, après celle de 2002. Que sait-on de ce pays hormis qu'il a une coriace et redoutable équipe de football qui a arraché son billet pour le Mondial sud-africain en prenant le dessus sur les Russes dans un match barrage qui a tenu toutes ses promesses ? Peu connue en dehors du vieux continent, la Slovénie est un jeune Etat de l'Europe de l'Est qui n'a pas encore fêté ses vingt ans. Née de l'éclatement de la Yougoslavie en 1991, après la faillite définitive du stalinisme, la Slovénie s'est vite lancée dans des réformes structurelles et dans la modernisation de son économie. En sortant du communisme, la Slovénie a, sans hésitation, opté pour une économie libérale. Première province yougoslave à prendre son indépendance, la Slovénie n'a pas été touchée par le conflit des Balkans. S'étendant de la mer Adriatique à la plaine pannonienne, en passant par les Alpes juliennes et une partie du Karst, elle n'intéressait pas les leaders nationalistes serbes. Cela tandis que les provinces voisines – Croatie, Bosnie, Macédoine, Serbie – étaient, dix ans durant, le théâtre de combats meurtriers. Pendant ce temps-là, la Slovénie s'est échinée à développer son économie et construire des institutions politiques stables et démocratiquement élues. Parcours exceptionnel En 2004, ce petit pays de 2 millions d'âmes a pu atteindre l'un de ses principaux objectifs affichés au lendemain de son indépendance, à savoir intégrer l'Union européenne (UE). Quatre années plus tard, en 2008, il deviendra le premier pays issu de l'ancien bloc communiste à présider le Conseil de l'UE. « Dès l'indépendance, notre objectif était de rejoindre l'UE. Les gouvernements successifs, de centre droit et centre gauche, ont mené d'importantes réformes politiques et économiques dans ce seul but. Des réformes difficiles, mais acceptées par la population, car adhérer à l'Union européenne signifiait appartenir au monde libre et développé », avait expliqué, dans le quotidien Le Monde, Janez Lenarcic, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. Pour nombre de spécialistes, ce petit pays dix fois plus grand que le Luxemburg a eu, de l'avis de nombreux spécialistes, un parcours plus qu'exemplaire. Majoritairement catholique et ethniquement homogène (93% des habitants sont Slovènes), la Slovénie est l'un des rares pays à réussir une telle prouesse en une décennie. En 1996, elle fait acte de candidature auprès de Bruxelles. En mars 2003, l'adhésion est approuvée par référendum par 89,6% des votants ; adhésion qui devient effective le 1er mai 2004. La même année, la Slovénie rejoint l'Otan. Deux ans plus tard, le pays satisfait aux critères de Maastricht concernant l'inflation, la maîtrise des comptes publics et la stabilité des taux d'intérêt. Des dix entrants dans l'UE en mai 2004, il est le premier à rejoindre la zone euro, le 1er janvier 2007. Puis, le 21 décembre 2009, il adhère à l'espace Schengen sur la suppression des frontières intérieures. Au régime politique républicain, la Slovénie est présidée depuis novembre 2007 par le diplomate de renom Danilo Türk, 55 ans, qui se présentait comme candidat indépendant, mais était soutenu par l'opposition de gauche. Politiquement stable et soutenue par l'UE, la Slovénie jouit d'une économie des plus prospères de l'Europe de l'Est. Bien entourée de l'Italie, de l'Autriche, de la Hongrie et de la Croatie, la Slovénie profite de sa proximité géographique avec l'Europe occidentale. Sa capitale, difficile à prononcer, Ljubljana (Loubiana) est bien plus proche de Venise et Vienne que de Belgrade. Pour le visiteur, il est difficile d'imaginer que la Slovénie a appartenu un temps au même pays que ses bruyants voisins serbes ou croates. Un havre de paix à l'économie florissante. Croissance à deux vitesses L'économie slovène affiche de bons résultats depuis de nombreuses années. Sa croissance économique moyenne par an est de 6%. Mais elle a atteint des pics, notamment de 9% en 2008. Sa performance économique est due à plusieurs facteurs. D'abord, son adhésion à l'UE lui a permis de bénéficier de beaucoup d'avantages et d'assistance de la part de Bruxelles. Elle dispose également d'une main-d'œuvre qualifiée, productive et à bon marché qui a attiré beaucoup d'investisseurs qui ont créé énormément d'emplois. Cela a ramené le taux de chômage dans ce pays à un taux bas par rapport à la moyenne européenne. Si son adhésion à l'UE était bénéfique, l'abandon de sa monnaie et son entrée dans la zone euro en janvier 2007 a eu des effets pervers sur, notamment, le pouvoir d'achat des couches moyennes. Depuis le passage à l'euro, le taux d'inflation est passé de 2,6% en 2005 à 5,7%. Cela inquiète de plus en plus les Slovènes qui ont eu à l'exprimer grandement dans une manifestation contre la vie chère organisée vers la fin 2007. Des actions visant à soutenir le pouvoir d'achat des citoyens ont été lancées. La hausse des prix a en effet contraint le gouvernement à mettre en place un plan de relance de l'activité économique avec particulièrement des mesures de soutien à l'emploi, le renforcement de l'accès au crédit et le financement d'infrastructures publiques. Des mesures qui fonctionnent plutôt bien. Mais la crise financière mondiale et ses conséquences sur l'Europe ont vivement affecté la Slovénie, en particulier son commerce extérieur. Grande exportatrice, surtout vers l'Allemagne, la Slovénie a vu son économie stagner en 2009 pour reprendre petit à petit en 2010. De l'agriculture aux services Jadis grenier à blé de l'Europe, la Slovénie diversifie ses exportations, tout en maintenant son agriculture riche et de qualité. Avec le développement de l'industrie et des services, le secteur agricole a cependant stagné, ne représentant que 2,5% du PIB en 2008 par rapport à 4,2% en 1995. Depuis 2000, cette ancienne province de la Yougoslavie s'est industrialisée, jouant dans la cour des grands transformateurs, principalement de bois, de papier, de textile et de l'agroalimentaire. Dès son indépendance, le pays a encouragé la création d'industries mécaniques comme celles de l'automobile et des équipements industriels qu'elle exporte partout dans le monde. Elle a également une technologie de pointe dans le secteur de la chimie et de la pharmacie. La Slovénie exporte plus de 80 milliards de dollars par an. Le secteur industriel représente environ un tiers du PIB. Elle exporte des véhicules, des machines, des équipements électriques et électroniques, des meubles et des produits pharmaceutiques. Ses trois principaux fournisseurs sont l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche. Ses importations sont faites essentiellement de produits énergétiques et de certaines matières premières comme le pétrole, le fer et l'acier. Dépendante de la santé économique de ses principaux clients, la Slovénie a vu ses exportations chuter de 9,4% au quatrième trimestre 2008 et le déficit de la balance commerciale s'est dégradé, passant à près de 6% du PIB. Le secteur industriel, affecté par le recul de la demande mondiale, recule pour laisser sa place au secteur des services qui est en plein essor. Ce secteur représente plus de 60% du PIB et continue d'évoluer, en particulier dans les domaines des technologies de l'information et de la communication, des services financiers et commerciaux, du tourisme et de la distribution. Etant membre fondateur de l'Organisation mondiale du commerce, la Slovénie est ouverte au commerce extérieur essentiellement vers l'UE qui représente les deux tiers de son commerce. Ses voisins sont ses principaux clients, à savoir l'Allemagne, l'Italie et la Croatie. Sur le plan environnemental, la Slovénie est sérieusement touchée par les changements climatiques. Troisième pays forestier d'Europe, la Slovénie est couverte à 57% par 1, 2 million d'hectares de forêts. Mais le réchauffement climatique risque d'avoir des impacts sur la biodiversité et les forêts anciennes qu'abrite ce pays.