Le grand jour est arrivé. Aujourd'hui à 12h30, heure algérienne, les verts fouleront la magnifique pelouse du stade Peter Mokoba à Polokwane, pour donner la réplique à la Slovénie dans un match qui, peut-être, déterminera leur avenir dans cette prestigieuse compétition. Au coup d'envoi de la partie, tous les tracas vécus, au cours de ces dernières semaines, seront oubliés. L'essentiel est d'être présent aux alentours de midi. C'est le leitmotiv des joueurs algériens depuis leur venue d'Allemagne. Le capitaine Antar Yahia, qui prend la succession de Yazid Mansouri, fidèle à son habitude va droit au but : « Ce sera un match extrêmement difficile face à un adversaire de qualité. Nous nous sommes préparés en conséquence. Nous devons répondre présent au combat que la Slovénie va nous imposer. Comme toujours, je reste optimiste, parce que nous, les algériens, nous nous transcendons toujours dans les grandes occasions. » Son coach, Rabah Saâdane, est sur la même longueur d'onde : « Nous ne serons pas ridicules comme beaucoup le pensent. Dès le départ, nous savions où nous allions. Toute la préparation a été basée sur ce tournoi. » Le sélectionneur a dégagé une grande assurance lors de la conférence de presse qu'il a animée jeudi. A aucun moment il n'a renvoyé l'image d'un coach tourmenté, inquiet. Ses propos et surtout ses réponses étaient ceux d'un homme sûr de son fait. Son seul moment de faiblesse est apparu lorsqu'il a abordé le cas Mansouri, relégué au rang de remplaçant. Là, Rabah Saâdane a montré son émotion : « Yazid est un grand monsieur et un grand joueur. Il a beaucoup apporté à l'équipe d'Algérie depuis de longues années. Aujourd'hui, je suis obligé de me passer de ses services comme titulaire, parce que j'avais des arbitrages à faire. En mon âme et conscience, j'ai choisi les joueurs qui me semblent les plus en forme pour jouer. L'intérêt de l'équipe passe avant nous tous. » Traduisant l'état d'esprit de Rabah Saâdane à quelques heures de l'ouverture du mondial, un membre de l'entourage du staff technique avance : « Je discute avec lui tous les jours. Il me rassure. Il ne panique pas. Au contraire, il dégage une assurance qui en dit long sur ses compétences. Il ne craint pas ses adversaires. Ses appréhensions concernent le rendement de ses joueurs. Il dit que s'ils sont bien dans leur peau le jour du match, il n'y aura aucun problème. » Le patron des verts n'est pas le seul à nourrir ce type d'inquiétudes. La méforme persistante de certains joueurs combinée aux blessures à répétition, qui ont handicapé pendant de longs mois des cadres de l'équipe, ont de quoi instaurer un doute quant aux capacités des joueurs de matérialiser l'optimisme du coach. Karim Ziani, lui, ne s'encombre pas de ce type de réflexion : « Le groupe vit bien, s'est bien préparé et a envie de faire une grande coupe du monde ». C'est cet état d'esprit qui prévaut au sein du groupe. Karim Ziani le symbolise le mieux. Il est résolument tourné vers les 3 matches du groupe C. Lorsqu'on lui demande s'il n'a pas trop souffert des critiques qui se sont abattus sur l'équipe et les doutes nourris quant à ses performances en coupe du monde, à cause de son faible temps de jeu avec son club (Wolfsburg), il réplique d'une (sèche) pirouette : « Je ne lis pas les journaux » et s'éloigne en souriant. Sur ce sujet, joueurs en méforme et blessés, le sélectionneur a tranché dès le départ : « Vous pensez que moi je n'étais pas perturbé par cette situation ? Que pouvais-je faire ? Les éliminer ? Et qui faire jouer à leur place ? Ce sont des joueurs qui sont là depuis la construction de ce groupe. Ils arrivent à maturité. Ils ont franchi avec succès les éliminatoires de la coupe du monde. Ils ont amassé un capital expérience et assuré une cohésion de l'équipe qu'il est difficile de remplacer au pied levé. Moi, dès le départ, je savais que notre grand atout serait la cohésion, nonobstant les blessures et la méforme de certains joueurs. Je n'allais pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ! » Le ton est ferme et la détermination à aller jusqu'au bout de cette logique est totale. Les joueurs, eux aussi, ont fait leur cette démarche. Karim Matmour la résume : « Il ne fallait pas se disperser. Dans toute préparation, il y a des aléas qu'il faut prendre en charge. L'essentiel, aujourd'hui, c'est que tout le monde a répondu présent. Nous sommes sereins et allons tout faire pour nous imposer devant la Slovénie. » Donc, l'esprit qui prévaut au sein de l'équipe nationale, à quelques heures de la première sortie dans la coupe du monde 2010, est celui d'un groupe qui ne se prend pas trop la tête, qui ne craint et ne prend personne de haut. Ce sera peut-être l'alchimie gagnante dans un tournoi où il ne faut pas rater la première marche. Cet après-midi, les verts doivent tirer les premiers pour préserver leurs chances de qualification au second tour.