Le bureau de wilaya de l'association algérienne d'alphabétisation, Iqra, demande la réforme administrative et pédagogique de la stratégie nationale de lutte contre l'analphabétisme, mise en œuvre en janvier 2007. Ce programme qui prendra normalement fin d'ici 2016, avec la perspective de réduire de moitié le taux d'analphabétisme à l'horizon 2012, est estimé par cette association « défaillant, et n'allant point de pair avec notre quotidien ». Pour réduire le taux d'analphabétisme en Algérie, qui était de 21,3%, selon les chiffres établis en 1998 par l'office national des statistiques, le gouvernement avait dégagé une enveloppe financière de 45 milliards de dinars. Une batterie de textes de loi pour le soutien du dispositif d'exécution du programme avait été également dressée. Plus de trois ans après la mise en application de ce programme, l'Algérie n'a pas enregistré des résultats satisfaisants, de l'avis de l'association, laquelle estime que ce programme ne répond pas aux besoins des apprenants. « Le niveau d'apprentissage de ces derniers est en dessous de la moyenne », souligne le président du bureau de wilaya, Djamel Bouhdjar. Ce dernier dira fermement : « Si nous avons à remédier aux nombreux problèmes qui caractérisent le dispositif d'exécution, il faut que le ministère de l'Education prenne une décision, celle de procéder d'abord à des changements au niveau de l'office national d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes. » Notre interlocuteur nous fera savoir que l'office, « véhicule non seulement de faux chiffres sur le nombre d'analphabètes, mais se distingue également par l'effet décourageant à l'égard des postulants désirant enseigner ». Il s'expliquera à ce propos : « Pour pouvoir signer le contrat, il est exigé de chaque postulant de ramener avec lui 40 apprenants, sinon, il ne sera pas admis. » Et d'ajouter : « C'est un scandale qui n'a pas cessé de soulever notre indignation. » Djamel Bouhdjar déplore le fait que les enseignants des classes d'alphabétisation de l'association Iqra n'aient pas perçu leurs salaires, évalué à 15 000 DA, depuis le mois d'octobre 2009. Selon lui, n'était le dévouement sans limites de ces enseignants à ces « illettrés », qui veulent apprendre dans un climat sain, ces professeurs auraient présenté une démission collective. Le président du bureau de wilaya soulève un autre problème lié au volume horaire. L'on apprend que chaque enseignant doit accomplir ses 12 heures par semaine ; un programme chargé pour des personnes âgées dont la capacité d'assimilation est faible. En tout état de cause, notre interlocuteur tiendra à préciser que l'association Iqra avait remis ses propositions dans le cadre de l'élaboration du programme en question, mais dont la majorité n'a pas été prise en considération.