Un diagnostic général sur l'état des lieux s'impose pour la protection d'une région, cible de multiples agressions, notamment de la part des riverains. Après un retard notable, le projet d'élaboration d'un plan de gestion du complexe de zones humides Guerbès-Sanhaja reprend enfin du service, et ce pour le plus grand bien d'une zone à notoriété mondiale. En effet, un premier atelier destiné aux analyses des perturbations physiques sur les écosystèmes dans le complexe de zones humides a été conjointement organisé à la maison de jeunes de Ben Azzouz, en ce début de semaine, par la direction du projet et la direction générale des forêts. Celui-ci a également vu la participation des représentants du programme des Nations unies pour le développement (PNUD), et du fonds mondial pour la nature (WWF), en présence du chef de daïra de Ben Azzouz, du conservateur des Forêts de la wilaya de Skikda, du mouvement associatif, de l'office local du tourisme et quelques chercheurs universitaires et consultants d'un bureau d'étude de Bejaïa. Les débats ont essentiellement porté sur la nécessité de faire un diagnostic général de l'état actuel de la zone. L'identification des repères, les limites et les composants paysagés de la région ont fait l'objet d'une présentation à travers des exercices présentés par le bureau d'étude. Cette approche didactique a d'ailleurs donné lieu à un débat assez riche, qui s'est globalement intéressé à la nécessité de faire participer la population locale dans la concrétisation effective du projet. Ce qui amènera le chef de daïra à insister sur l'implication bénéfique de deux autres projets, le premier relatif à l'aquaculture et le second à la fixation du cordon dunaire dans l'ensemble de la région. La rencontre a également été une occasion pour dénoncer les multiples agressions que subit la zone, avec l'espoir de voir les riverains directement impliqués pour en minimiser l'impact. A ce sujet, il est utile de rappeler que la zone a été l'objet de graves atteintes. Ces agressions, humaines pour la plupart, sont essentiellement dues à l'utilisation des eaux des lacs pour l'irrigation, l'extension dangereuse des périmètres agricoles aux dépens de l'espace naturel et la nocivité des intrants chimiques. Dans un précédent rapport sur les éléments défavorables qui minent la zone, l'extraction sauvage du sable et le défrichement de grands périmètres ont été mentionnés comme étant « de graves facteurs d'érosion qui, compte tenu de la texture sableuse des sols, peuvent entraîner l'ensablement de toute la zone y compris les lacs et dépressions. Ceci risque à long terme de provoquer la déstabilisation d'une partie de la zone et provoquer des modifications du site ». La journée s'est clôturée par la présentation de travaux par les groupes participants, qui ont également fait des recommandations. Rappelons que ce projet qui vise à préserver la zone humide Guerbès-Sanhaja a été lancé dans le cadre de la politique nationale de préservation des zones humides. Il a été conclu avec le PNUD et le WWF. Un montant de 400 000 dollars US a été alloué au projet, et l'Algérie, à travers la direction générale des forêts, assure 32% du financement global. Cette zone, composée de plusieurs « garaates » (sortes de marais), qui s'étend sur plus de 42 000 ha, a été déclarée zone d'importance internationale ; elle relève de la convention Ramsar relative aux zones humides. Véritable vivier, elle abrite plus de 14 % de la flore du nord du pays, comprenant 19 espèces végétales rares, 23 autres carrément rarissimes et pas moins de 23 espèces floristiques aussi rarissimes. C'est également un véritable réservoir hydrique.