Notre Saâdane national nous a avertis : « Nous n'avons rien à perdre contre l'Angleterre ! » Le « cheikh » se fait décidément un malin plaisir à nous saper le moral même si celui-ci est déjà dans les chaussettes de Ghezzal et de Chaouchi. Comment ça, nous n'avons rien à perdre ? Nous risquons tout de même de perdre un match et trois précieux points qui vont mettre nos Verts – que nous savons pas mûrs – hors du Mondial sud-africain. Cette justification par anticipation d'une défaite traduit la mentalité de « looser » dont le coach national a du mal à se défaire. C'est d'ailleurs la seule stratégie de riposte que Saâdane observe avec une rare maîtrise. A défaut d'un dispositif technico-tactique qui aurait pu nous éviter l'humiliante défaite contre de modestes Slovènes, le sélectionneur s'attache plutôt à mettre en place un rideau défensif contre les prétentions légitimement optimistes des Algériens. L'homme n'a pas changé et ne changera pas : c'est un indécrottable défenseur. Sur le terrain et sur le banc ! Que peut-on, objectivement, attendre d'un homme qui voue une sainte horreur à l'audace, à l'attaque, à cette grinta qui est la marque de fabrique du footballeur algérien ? Comment espérer secouer ses joueurs qui, à force d'écouter le même discours « arrière- gardiste », ont fini par perdre leur football ? Si « on n'a rien à perdre », pourquoi serions-nous là en Afrique du Sud parmi le gotha du foot mondial ? Jusqu'à quand, monsieur Saâdane, continuerons-nous à apprendre pour maîtriser ta science infuse du foot ? Il y a assurément un grand décalage entre les attentes du peuple et l'esprit « gagne-petit » du sélectionneur. Quand on en arrive à considérer la Slovénie comme un adversaire redoutable, c'est qu'il y a réellement problème… Hier, la Côte-d'Ivoire, sans Drogba pendant une mi-temps, a fait souffrir le Portugal du grand Cristiano Ronaldo. Tous les Algériens ont dû ruminer leur colère en se disant que ces Eléphants-là, nous les avons admirablement domptés à Benguela ! Mais Eriksson n'est pas Saâdane. Le Suédois sait que la meilleure défense c'est précisément l'attaque et que ses Eléphants n'étaient pas là pour suivre les exploits techniques de Ronaldo, mais pour aller porter l'estocade dans la défense lusitanienne. Et le prodige portugais a failli pleurer à plusieurs occasions. C'est cet esprit de la gagne qui nous manque. C'est ce qui manque, surtout, à Saâdane. Souvenons-nous, avant même le coup d'envoi de la CAN, Si Rabah nous assénait ceci : « Si ça ne tenait qu'à moi, nous n'irons même pas en Angola, cette CAN tombe mal… » La suite, tout le monde la connaît : les Verts sont allés en demi- finale avec ce match énorme contre ces même Ivoiriens ! J'avoue avoir du mal à suivre le discours de Saâdane. Un coach a-t-il pour vocation de galvaniser ses troupes ou de les mettre en garde jusqu'à les complexer devant un adversaire, fut-il l'Angleterre ? Pour Saâdane, la réponse ne coule pas de source… Récapitulation technique : il nous avait déjà seriné que les Egyptiens étaient supérieurs aux nôtres, nous avions payé la note très cher, 4 à 0 en Angola. Il nous a présenté les Slovènes comme les dignes héritiers de l'ex-Yougoslavie, nous venons de perdre bêtement sans gloire. Et pour boucler la boucle, Saâdane vient de rendre les armes aux Anglais et aux Américains avant les matchs. Lui, a déjà sifflé la fin du Mondial sud-africain pour les Verts ; il nous demande, sans rire, d'attendre le Mondial 2014 ! Yes we can't, nous dit-il. Mission accomplie « cheikh », merci.