La lutte contre le phénomène de constructions illicites, menée depuis peu par les autorités de la wilaya de M'sila, confrontée à la réalité du terrain, s'en trouve être pour le moins inopérante dans certains quartiers réputés illicites. Des populations, vivant dans des conditions insoutenables, oubliées des années durant par les autorités et pour des raisons qui leur sont propres, ne semblent pas prêtes à se soumettre à la règle qui stipule la destruction de leurs habitations. Le cas des constructions illicites situées sur la route de Madher à Bou Saâda est édifiant à plus d'un titre, où plus de 200 familles vivent sans discontinuité et refusent d'adhérer à toute proposition qui va dans le sens de les vouer à un destin inconnu. Ils ne se résignent pas. Même s'ils ont pour cadre de vie un quartier insalubre, où les fosses septiques aux puanteurs débordantes prolifèrent, des masures sommairement bâties, dans une configuration inextricable, dissimulent mal leur intimité, et le tout ponctué de dépôts d'ordures jusqu'à se confondre avec les habitations. Ce quartier est alimenté en énergie à partir d'un réseau aléatoire qu'un particulier sans vergogne s'est résolu à leur fournir moyennant le paiement de 1000 DA par mois, croit-on savoir. L'eau potable est transportée à dos d'homme sur une longue distance à partir du quartier Mohamed Chabani et la briqueterie de Bou Saâda. Il va sans dire que cette population vivant dans les pires conditions d'insalubrité semble être victime du black-out des autorités de la commune et celles de la wilaya quant à la prise en charge de leurs doléances. Au moment où le nombre d'habitants, nous a-t-on expliqué, ne dépassait pas les 90, on avait attiré l'attention des autorités locales à temps pour prévenir la prolifération des constructions illicites qui en font un quartier ingérable. Le black-out sur les revendications de ces citoyens s'en trouve être vérifié par le fait que ce quartier n'est pas inscrit au programme de la résorbtion de l'habitat précaire au même titre que les quartiers de Sidi Slimane et Rasfa, eux-mêmes illicites, qui ont bénéficié du programme financé par la Banque mondiale. Par ailleurs, ces citoyens, ayant bâti leur construction sur une partie d'un périmètre agricole que l'Organisation des enfants de chouhada de la wilaya de M'sila avait tenté sans résultat de s'approprier, n'ont pas cessé de revendiquer des lopins de terre dans ce périmètre par le fait qu'ils s'y trouvent depuis plus de vingt ans.