Paris. De notre correspondant Le désamour est consommé. La presse tire à boulets rouges sur l'équipe de France. Le quotidien sportif L'Equipe s'étrangle d'indignation. Sous le titre « Les imposteurs », le journal n'a pas de mots assez durs : « la nullité de l'équipe de France dément tous les discours tenus par Raymond Domenech et ses joueurs sur leur force de caractère et leur capacité de réaction. Ce matin, la France contemple un champ de ruines : son équipe nationale. Pas de tristesse, pas de désolation, surtout pas de colère. Ce serait trop donner à ces hommes qui ne savent rien offrir. Le je-m'en-foutisme est la seule bannière sous laquelle cette équipe est capable de rassembler ». Les quotidiens rivalisent de titres colériques. « Indigne ! », « Lamentable ! », la presse française ne digère pas la désastreuse prestation de l'équipe de France contre le Mexique (0-2), à Polokwane, qui l'élimine pratiquement du Mondial. Libération met dans le même panier sélectionneur et joueurs, « complètement dépassés », et parle de « cauchemar bleu » et de « nettoyage aztèque ». Pour le quotidien de droite Le Figaro, la défaite s'explique aussi par le manque de générosité des joueurs qui ne seraient pas arrivés à créer un collectif : « on ne voit pas comment cette équipe sans moelle ni âme peut espérer un miracle. Il faudrait que les dieux du football soient tombés sur la tête pour sauver une sélection française qui ne mérite que l'opprobre ». Même son de cloche au Parisien qui reproche aux Bleus de ne pas assez mouiller leur maillot. « Pathétiques, les Bleus n'ont jamais fait illusion hier soir. Ce résultat est-il vraiment étonnant ? Comment une sélection qui ne régale jamais peut-elle se transformer en usine à rêves du jour au lendemain ? Par la magie de joueurs qui ne s'entendent pas ? Par le savoir d'un sélectionneur qui tâtonne encore et toujours ? ». La presse est unanime : l'équipe de France est dépourvue d'âme. « Cette défaite est une sanction logique et méritée pour une équipe sans âme, sans envie, sans fierté. Ces Bleus n'étaient capables que d'un orgueil mal placé, de mesquines cabales et de mépris pour leur environnement », s'offusque La République du Centre. Le meilleur a gagné Il n'y a pas que la presse à s'indigner de cette défaite. Tous les experts ont envahi les plateaux de télévision pour dire tout le mal qu'ils pensaient de cette équipe. Le clan 98, en référence aux champions du monde, n'a jamais apprécié le sélectionneur Raymond Domenech. Zinedine Zidane ne cache pas sa déception. « La France n'a pas très bien joué. Je suis déçu pour la France, parce que (l'équipe) n'a même pas eu l'occasion de tirer au but, et cela, c'est peu pour espérer quoi que ce soit d'important. Elle a eu face à elle un rival très bon, qui a fait une très bonne partie. Le Mexique a été très supérieur à la France, surtout physiquement. Ce soir, le meilleur a gagné », constate amèrement l'ex-capitaine des Bleus. Zidane a également critiqué certains choix de Raymond Domenech, en particulier celui d'avoir laissé son protégé, Yoann Gourcuff, sur le banc des remplaçants pour ce match contre le Mexique. « L'entraîneur a pris cette décision, mais je ne suis pas vraiment d'accord avec cela ». Pour Aimé Jacquet, ancien sélectionneur national et champion du monde en 1998, le terrain a rendu son verdict : « La vérité est tombée. Le terrain a donné son verdict. Les Mexicains ont manœuvré avec beaucoup d'intelligence. Les Français ont été incapables de faire preuve de rythme, de réaction, d'orgueil de jeu. C'est une grosse déception. Je pensais qu'on allait avoir une équipe agressive, percutante, tentant tout, mais elle a été incapable de réaliser un match de ce niveau-là et j'en suis très déçu. Je suis très touché ». Presse et experts sont d'accord pour dire que cette défaite est le signe de la fin d'une époque : « L'équipe de France va très probablement prendre la porte et sceller une faillite immense, celle d'un sélectionneur, d'un système fédéral et d'une génération de faux cadres », prophétise, écœuré, le quotidien sportif.