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Survol de la crise financière de ses suites (2007-2010)
Publié dans El Watan le 19 - 06 - 2010

« Chaque fois que la liberté du commerce atteint au droit naturel, c'est ce dernier qui doit l'emporter » T. Jefferson
La crise financière a eu deux vertus. La première a été de sortir certains néolibéraux de leurs illusions et de les convier à plus de pragmatisme.
La seconde a été de pousser les dirigeants des pays occidentaux et de pays « émergents » à un examen de conscience et à un désir de moraliser les marchés financiers, au sens large, qui ont tendance à servir de moins en moins l'économie réelle (celle qui produit des biens et services non financiers). Dans ce nouveau contexte, la plupart des Etats ont réinvesti, temporairement, la sphère économique, par le biais de politiques monétaires et financières laxistes, peu orthodoxes. Alors que leur impact favorable sur l'économie réelle a été plutôt limité, ces interventions tendent à refluer, non sans résistance sociale et inquiétude.
La cause première : Les « subprimes »
Pour doper leur croissance économique et, ajoute A. Greenspen, précédent président de la Federal Reserve Board (Fed), pour diffuser la propriété immobilière et rendre le système capitaliste séduisant, les Etats-Unis ont recouru à une politique monétaire expansionniste. Les banquiers américains, s'arc-boutant sur des taux d'intérêt, modiques mais variables et majorés de primes, ont financé, sans mesure, les achats de domiciles, en faisant le pari insensé sur l'irréversibilité de l'ascension du prix de la pierre et en engrangeant des profits substantiels ; encouragés par une distribution généreuse de « bonus » de primes ou par la cupidité (en l'absence de « malus » sanctionnant leurs contre-performances) et compte tenu de l'imprudence des agences de notation et des instances de supervision (quand elles n'ont pas été abusées), ils ont versé dans une gestion irresponsable du risque, en inventant les prêts (parfois supérieurs au prix d'acquisition du bien immobilier) consentis, non sans fraude, à des ménages sans capacité de remboursement. Deux événements quasi simultanés ont fait, dès 2007, la gravité de la débâcle du système financier américain : l'arrivée à terme de vastes programmes de construction et la hausse du coût des prêts immobiliers, responsable du défaut de millions de ménages dont l'habitation a été saisie et mise en vente ; certains débiteurs n'ont pas attendu cette saisie pour abandonner leur demeure hypothéquée au profit de l'institution créancière.
Cette offre excessive de logements en a provoqué l'effondrement du prix, empêchant les créanciers saisissants de recouvrer leur dû. La mévente des habitations à des prix dérisoires ont causé, au moins, un sévère problème de liquidité aux banques créancières mais également à tous les établissements leur ayant racheté, sur un marché financier intégré, globalisé des créances hypothécaires. Car, pour partager les risques et, aussi, pour reconstituer leurs fonds propres et se conformer aux règles prudentielles (édictées par les autorités monétaires), il est courant que les banques, ayant consenti des prêts hypothécaires, « titrisent » ces créances et les cèdent (sans garantie de solvabilité du débiteur à l'échéance) à d'autres institutions spécialisées ou non, locales ou étrangères. La « financiarisation » des transactions immobilières (portée, en Algérie, par la loi 06/05 sur la titrisation) a conduit à l'apparition d'un marché opaque du refinancement hypothécaire (fonctionnant en cascades et dont l'existence n'est pas, maintenant, sans être stigmatisée). Avant la survenance de cette crise, la titrisation, qui est en soi une technique saine, a été profitable, incitant l'ingénierie financière à l'étendre à d'autres créances, des créances nées (comme celle du commerce international) ou des créances futures : certains pays en développement ont titrisé, avec succès, des recettes extérieures futures tirées des remises de leurs émigrés. La tempête ayant soufflé sur les « subprimes » ne pouvait donc emporter banques et institutions financière de nombreux pays ayant opéré, directement ou non, sur le marché hypothécaire américain. Ainsi Dexia, banque européenne, a dû être recapitalisée par trois Etats (Luxembourg, Belgique et France) et s'est lancée depuis, dans une profonde restructuration d'activité.
Des turbulences boursières à la récession
Suivant le cas, le non-recouvrement de prêts hypothécaires a engendré, au niveau des établissements financiers, au sens large. • Soit des tensions surmontables, temporaires, au niveau de la liquidité, de la rentabilité ou de la solvabilité ; • Soit des situations de détresse, frisant la faillite (comme celle la bancassurance belgo-hollandaise Fortis) ayant ou non déclenché une intervention externe de sauvetage ; cette dernière a, en effet, manqué à la banque d'affaires Lehman Brothers mise en liquidation et continue de faire défaut à des dizaines de banques, de taille plus modeste. L'effroi provoqué par cette crise s'explique, aisément, les institutions financières de par leur interconnexion et leur ramification dans l'économie réelle, ne sont pas des entités commerciales comme les autres, l'effondrement de l'une d'entre elles est, toujours, un séisme économique et social de magnitude variable, c'est un risque pour le système financier et l'économie réelle qui en dépend, spécialement quand la taille de l'établissement et sa notoriété ne sont pas négligeables. Pour faire face à leur manque de liquidité, les institutions financières, y compris les acteurs boursiers, soucieux de sécuriser leur patrimoine sous forme liquide :
1- se sont mis à essayer de reconstituer leur trésorerie en se mettant à la quête d'acquéreur sur les marchés déprimés des actifs immobiliers et des valeurs mobilières, des fonds de pensions ou des compagnies d'assurance (ayant fait la part belle aux actions dans leur placement boursier), des fonds d'investissement des « hedge funds » (« fonds spéculatif »), etc. ont liquidé souvent à perte leur position en Bourse pour rembourser leurs adhérents ou leurs emprunts (à court terme) ou plus naturellement pour récupérer le maximum de fonds avec une décrue plus profonde du marché, des entreprises saines ont étaient sous-capitalisée en Bourse à la suite de la fonte du cours de leur portefeuille de titre, détériorant leur situation comptable et leur signature ;
2- ont, après réévaluation du risque, renchéri le crédit et comprimé son offre tant à l'économie réelle que sur le marché interbancaire, le marché monétaire ; même le crédit documentaire, encensé en Algérie, depuis 2009, pour sa « traçabilité » a été érigée en produit « toxique »
3- ont renoncé à investir ou ont désinvesti de grands groupes bancaires et par exemple réduit le financement de leurs filiales à l'étranger.
4- ont semé l'inquiétude au sein des populations, clientes, obligé des banques en vertu de la législation antiblanchiment. Les particuliers ayant volontairement effectué des investissements financiers par le canal de banque, s'en sont défaits, avec plus ou moins de moins-values, pendant que de simples déposants ont craint pour leur argent, car depuis la décennie 90, banque de détails et banques d'affaires ont été diluées dans la « banque universelle » qui peut spéculer à son propre profit avec les fonds des épargnants et à leur insu. Tout un chacun se souvient des files d'attente des déposants britanniques paniqués devant les agences de Northern Bank, en 2008, que seule l'interférence des pouvoirs publics a pu apaiser ;
5- N'ont pas hésité, dans certains cas, à accueillir et donc à blanchir des capitaux sales. Abstraction faite des entreprises détenant un portefeuille de créances consistant, qu'elles ont pu vendre à des « factor » (dont l'activité a reçu un coup de fouet) des entreprises viables ont dû, faute de prêts bancaires pour financer production et investissement et par conséquent, soutenir indirectement la demande globale, recourir à des fermetures temporaires de leurs portes, à du chômage technique et à des compressions d'effectifs associés parfois à des baisses de salaire ou à des délocalisations.
Parallèlement, des entreprises moins chanceuses ont purement et simplement déposé leur bilan, dégradant davantage et brutalement le marché du travail et le pouvoir d'achat de la population à la demande globale des produits domestiques et importer (comme les hydrocarbures) la courbe descendante de la demande a amplifié la contraction de l'offre de la production et de l'emploi et décourager l'investissement. Le cercle vicieux de la récession (caractériser par la déflation ou le ralentissement de l'inflation) a ainsi été mis au mouvement multipliant les défauts de débiteurs, à l'endroit du système bancaire et aggravant son ajustement. Le recul de l'activité économique surgi aux Etats-Unis s'est effectué à un rythme rapide, rappelant celui de la Grande Dépression des années 1929-30 sans changer aucune économie réelle du fait des interdépendances, plus ou moins denses, tissées par la mondialisation, le libre-échange ; cette transmission démontre la résistance de la capacité d'entraînement du reste du monde par l'économie américaine. Globalement, les pays en développement n'ont pas été affectés directement par le marasme bancaire et boursier international, quand leur système financier (comme celui du Maghreb) est déconnecté des grandes places au moyen du contrôle des changes.Toutefois, leurs réserves de change ont été écornées par une éventuelle défaillance d'une institution étrangère dépositaire et/ou par l'instabilité du marché des changes. Quant à la récession, elle les a affectés par le biais de la réduction de l'aide étrangère, des remises de leurs nationaux, des prix des quantité des produits primaires ou manufacturés exportés. Dans les pays de l'OPEP, les recettes extérieures, après avoir atteint sous l'effet de la spéculation des niveaux extraordinaires (auraient même des soucis quant à leurs placements ou leur affectation) ont sensiblement fondu.
Les réactions publiques : la résurrection du keynésianisme et du nationalisme
Abstraction faite de l'ère soviéto-communiste, la doctrine libérale (associée au capitalisme) s'est largement imposée, en s'étendant du secteur réel (agriculture et industrie) à la finance ; son double fondement est la protection de la propriété privée et le « laisser faire-laisser-aller », inscrit d'ailleurs dans la Constitution algérienne. Pour les libéraux, même en situation de spéculation, le marché est efficace, s'autorégule, exclut toute fraude et requiert pour conduire à des situations optimales, la neutralité de l'Etat ; c'est au nom de cette neutralité que la grande banque Lehman Brothers a été abandonnée à son triste sort en 2008, quand elle a chaviré. La spéculation effrénée à Wall Street (avec la bénédiction de conservateurs) a causé la Grande Dépression de 1929, d'où des mouvements populaires quasi révolutionnaires (fascinés alors par le mirage fasciste ou encore par la stabilité socio-économique de l'Union soviétique, espace autarcisant, « encerclé » par les « blancs et leurs alliés »).
Dans les années 1930, alors qu'aux Etats-Unis ont lieu, sous une administration démocrate, celle de F. D. Roosevelt, des réaction salvatrices (abolition de la banque universelle par le Glass Steagall Act, création d'une commission de surveillance de Wall Street, etc), l'Anglais J. M. Keynes cherche à sauver le capitalisme de ses excès, en le revisitant et en faisant de l'Etat l'agent économique majeur, l'Etat-providence surgit, ici et là, à la même période. Il se consolide après la Seconde Guerre mondiale. Le capitalisme libéral est momentanément refondé. A partir des années 1950, la notion de libre-échange gagne du terrain en Europe, notamment, avant que la déréglementation financière ne s'accélère (retour à la libre convertibilité du yen et des principales monnaies européennes, apparition à Londres du marché non régulé et non contrôlé de l'euro-dollar, flottement du cours du dollar, prolifération de programmes de stabilisation – ajustement structurel du FMI, restauration de la banque universelle, etc). Avec l'effritement du tiers-mondisme, fin des années 1970, puis l'effondrement du bloc soviétique, le néo-libéralisme pavane et semble ne disposer d'aucune alternative. La crise financière produite par les « subprimes » a paru, par sa brutalité, surprendre, en 2008, le monde politique. Pourtant, elle a commencé une année auparavant.
Après une large concertation internationale, procédant du multilatéralisme, symbolisé par les institutions internationales fondées dans l'après-guerre, des réactions publiques « contracycliques » similaires, convergentes se sont manifestées, ici et là, y compris aux Etats-Unis, en s'inspirant (temporairement) des enseignements keynésiens (sans en épouser leur protectionnisme commercial) et prônant une cohabitation de l'Etat régulateur avec le marché, fondement de la social-démocratie moderne. Ce retour de la puissance publique dans la vie économique a même été qualifié de dérive socialiste par les ultraconservateurs américains, hostiles à toute assistance aux agents économiques en difficulté (ménages, entreprises, etc.). La Grande-Bretagne, chantre du libéralisme depuis l'ère Thatcher, se faisant violence, a donné le temps et a servi, dans certains cas, de « modèle de référence ». Elle n'a pas hésité à user de nationalisations « temporaires » », en prenant des participations, dans des banques en défaut, tout en mettant en place un système de garantie étatique des prêts interbancaires (agenda imité par d'autres pays, comme la France, la Belgique, les Etats-Unis, etc.) ; de plus, contrairement à d'autres pays, elle a sollicité la coopération des monarchies du Golfe (dont les placements à l'étranger sont estimés à 2500 milliards de dollars) renflouer les institutions financières, en contrepartie d'une non-imposition, d'une « immunité monarchique » ; l'intérêt de ce recours à des fonds souverains arabes et ceux-ci interfèrent dans l'administration de leurs filiales, n'utilisent que leurs capitaux propres et s'impliquent à long terme (contrairement aux fonds spéculatifs ou à d'autres investisseurs, ayant un faible pour les placements à court terme). Par ailleurs. en plus des allégements fiscaux et de l'accroissement des transferts sociaux visant à accroître le pouvoir d'achat de la population et la consommation, la dépense publique a été mise à contribution à travers le déploiement ou le renforcement de grands programmes de travaux publics (à l'instar du « New Deal » lancé, en 1933, par le président F. D. Roosevelt) ou de commandes : aux industries d'armement (bien que les dépenses d'équipement public, contrairement aux dépenses de fonctionnement, aient un impact retardé sur le système productif). Le Japon, la Chine, la Suisse, la France, l'Allemagne, etc., déploient des programmes exceptionnels de sauvetage des banques et d'équipement publiqcs avec parfois des relents de nationalisme quand les pouvoirs publics érigent des mécanismes d'éviction et des prises de participation par des capitaux étrangers dans des entreprises en détresse est considéré comme stratégie.
Aux Etats-Unis, le Parlement a voté le « Troubled Asset Relief Programme » autorisant entre autres le rachat par le Trésor de créances douteuses ou d'action d'institutions financière (sans implications dans leur gestion, sous réserve que leurs dirigeants modèrent leur rémunération), de plus, malgré ses hésitations idéologiques, l'administration américaine a fait le pas vers la nationalisation partielle, pour mieux contrôler la gouvernance et la restructuration de certaines institutions, comme l'assureur l'AlG. Enfin, les Etats-Unis et d'autres pays ont relevé le seuil de garantie des dépôts bancaires. Ces efforts financiers, destinés à soutenir la demande globale et l'activité économique, sont déployés par les Etats au mépris de l'équilibre des finances publiques, si cher à l'orthodoxie libérale : presque partout, les déficits budgétaires abyssaux ont alourdi la dette publique (à léguer aux générations futures de contribuables). Aux Etats-Unis, le ratio dette publique/produit global s'est alourdi de 63 à 103% en 2007/09, à cause, entre autres, des guerres en Orient, alors que son déficit budgétaire s'est monté, en fin d'exercice, en septembre 2009, à 1400 milliards de dollars. En Europe, même les pays signataires de l'Accord de Maastricht, l'accord de « stabilité et de croissance » ont convenu de geler l'obligation que leur dicte ce dernier, de cantonner leur déficit budgétaire éventuel à moins de 3% du produit global et le ratio dette publique/produit global à 60%. La France a vu son déficit budgétaire et le poids de sa dette se hisser, respectivement, à 9 et 75 % du produit global. La Grande-Bretagne a renoncé à sa rigueur budgétaire pour afficher un déficit impressionnant des finances publiques. La conséquence de cette démarche a été l'affaiblissement de la marge de manœuvre des Etats, c'est-à-dire de leur aptitude à poursuivre leurs dépenses sans compromettre au moins leur crédibilité, leur solsolvabilité.
Parallèlement aux Trésors publics, les banques centrales ont pris trois mesures importantes pour tenter d'endiguer la dépression annoncée et soutenir le crédit à l'économie réelle :
1) la perfusion au Japon, en Europe, aux Etats-Unis, etc., des marchés interbancaires (sans se soucier du risque inflationniste susceptible d'être entraîné par l'expansion de la masse monétaire) ;
2) l'amenuisement du taux d'intérêt pour alléger l'asphyxie financière des entreprises et réactiver l'investissement boursier, une fois la confiance rétablie ; aux Etats-Unis, comme en Suisse, le taux d'intérêt directeur est proche de 0% tandis que celui de la Banque d'Angleterre n'a pas été aussi bas qu'aujourd'hui, depuis plusieurs siècles. Pourtant, cette mesure n'a pas montré son efficacité, lors de la grave récession subie dans les années 1990 par le Japon ; cette inefficacité explique que si, en 1950 et 199, le produit par tête de pays a représenté, respectivement, 20 et 85 % du même produit aux Etats-Unis, en 2006, il n'en formait plus que 72% ;
3) l'ouverture par la Fed de crédits à moyen terme aux entreprises financières et non financières (rachat de titres hypothécaires, prise en pension de titres de trésorerie du secteur réel et souscription BCE vient d'accepter de racheter des obligations des Etats membres sur le marché secondaire. Le FMI (qui se plaignait, il n'y a pas si longtemps, d'une sous-activité) a vu, de son côté, arriver brusquement à sa porte une cohorte d'Etats membres dont les avancées en matière de stabilité macro-économique ont été menacées par les soubresauts du système financier international. Il a, même, instauré une ligne de crédit, modulable et inconditionnelle consistant à garantir les emprunts obligataires des seuls Etats membres (à l'instar de la Pologne ou du Mexique) ayant mené, jusque-là, une politique économique saine, conforme aux normes orthodoxes. Quant aux nombreux autres pays membres (comme la Grèce ou la Roumanie, présentement), le FMI tient à leur disposition son traditionnel guichet de soutien conditionnel qui, en dépit des adaptations qu'il a connues en faveur des pays les moins avancés, reste le vecteur de diffusion de la pensée et de la pratique libérales dans le monde.
Cotrôler les flux de capitaux
Dans certains pays émergents, les taux d'intérêt n'ont pas baissé (par crainte d'une « surchauffe », de l'inflation), freinant la consommation et attirant des capitaux étrangers à court terme, spéculatifs dont l'effet est d'apprécier la monnaie locale et donc de stimuler les importations et de gêner les exportations. Les cours du real brésilien et du won sud-coréen se sont raffermis, respectivement, de 41,5% et 36,5%, depuis mars 2009 ; le Brésil a injecté, par le biais de sa banque centrale et de son fonds souverain, des quantités considérables de reales sur Ie marché des changes pour peser à la baisse de son cours. Le FMI a conseillé à ces pays d'établir temporairement un contrôle sur les flux de capitaux. Aux côtés de pays « émergents » où la croissance est demeurée vigoureuse (Chine, Inde, Brésil, etc.), d'autres ont souffert de méventes à l'exportation ; de ce fait, le taux de chômage a atteint 25% en Afrique du Sud. Pour tenter d'améliorer ses exportations hors hydrocarbures, le Venezuela, dont le taux d'inflation est de 30%, a dévalué sa monnaie, le bolivar, et établi un taux de change double. La Russie, dont les performances économiques sont tributaires des ventes de pétrole, a préféré, de son côté, abaisser son taux d'intérêt à 8,75% pour booster son économie, en forte décroissance et réduire l'attrait du rouble (comme devise de placement spéculatif).
Quant à l'Algérie, elle a enregistré un fléchissement de sa croissance ; excessivement dépendante aussi des exportations d'hydrocarbures et traumatisée par la crise de la dette des années 1986-94, elle a préféré « réévaluer » sa marche, sa transition vers l'économie de marché, en prenant des mesures ciblant, directement ou indirectement, la diminution des payements vers l'étranger (achats de biens, transfert de dividendes, « reconfiguration » des accords de libre-échange etc.). Toutes ces politiques ont eu, plus ou moins, pour unique but le cantonnement des effets désastreux du krach financier. En revanche, au niveau du traitement de ses causes, la planète, après un période de rhétorique, semble être déterminée à passer à l'action, comme le démontre la décision unilatérale allemande interdisant certaines transactions du marché à découvert, la vente de titres que l'on ne possède pas et surtout les avancées réalisées par les Etats-Unis, par le vote sénatorial de la réforme proposée, depuis des mois par l'Exécutif et qui devrait recevoir son contenu final dans les prochaines semaines. La réforme globale, portée part les Etats-Unis, est appelée à faire des émules, une démarche commune et consensuelle étant imposée, pour plus d'efficacité, par la globalisation du marché financier. Les Etats-Unis ont su tirer des leçons des réformes des années 1930 qui ont délivré Wall Street des crises récurrentes pour en faire une institution dont la stabilité et la fiabilité étaient des références avant d'être mises à mal par la déréglementation initiée, il y a une trentaine d'années. Aussi, cherchent-ils, maintenant, à éclairer et contrôler les zones d'ombre résultant de la prolifération de produits et d'opérateurs financiers en durcissant les raciaux de fonds propres et de liquidité des institutions financières, en amoindrissant les incitations à la prise de risque en liant le bonus des traders aux performances à long terme de leur établissement, en réglementant les transactions sur les produits dérivés, en soumettant les gestionnaires de portefeuille (fonds spéculatifs inclus) à immatriculation, en créant une agence de protection des petits déposants et des « consommateurs » de crédit, à introduire un audit de la Fed et à s'opposer, au sein du FMI à l'aide aux pays insolvables, etc.
Réagissant à la reprise des comportements dangereux du monde financier, l'administration américaine a complété, en 2009, sa panoplie de propositions en ciblant la trop grande taille des banques : il est question de leur interdire de sponsoriser ou de posséder des organismes spéculatifs (comme les « privates equities ») ou d'y placer des fonds propres ou d'affecter ceux-ci à des opérations de trading ; cette position reflète le désir de l'Administration américaine de délivrer les contribuables du chantage exercé sur eux par les banques dont les difficultés constitueraient (en l'absence d'une assistance publique), un risque pour le système socio-économique et la stabilité politique ; elle cherche, ce faisant, à réhabiliter, dans une large mesure, le GIass Steagall Act (qui a démantlé les conglomérats financiers, a interdit aux banques de détail les transactions de trading ou des placements dans les institutions financières à risque, y compris pour le compte de leur clientèle).
La plupart de ces pistes, véhiculant une plus grande capacité à mieux maîtriser les crises, sont également, empruntées, en les adaptant à son organisation propre, par l'Union européenne (bien que, dans cette zone, la Grande-Bretagne, soucieuse de protéger la City, résiste à toute idée de supervision supranationale). Par ailleurs, il y a un souci quasi-universel de reformuler certaines normes comptables internationales et en généraliser l'usage, y compris aux Etats-Unis. Ces normes, en imposant aux entreprises financières et non financières l'estimation de leurs actifs à leur « juste valeur », au cours du marché, en chute libre et volatile, en 2007/09, leur ont fait subir une contraction de la valorisation de leur patrimoine et donc, de lourdes pertes comptables additionnelles, les exposant à une sanction plus dure par le marché. Le Comité de Bâle et le Bureau américain des Standards Comptables Financiers ont considéré que l'application de la « juste valeur » n'est pas convenable quand elle procède d'un marché troublé où les opérations d'achat-vente s'apparentent à une liquidation forcée. La Fédération européenne des Banques a participé à cette réflexion visant à redéfinir la « juste valeur » (concept devant être, dès cette année, introduit dans le système comptable algérien).
Enfin à Bâle, la Banque des règlements internationaux (réunissant les banques centrales) s'emploie à améliorer les règles prudentielles mises en œuvre par les banques, après les recommandations dites de Bâle 1 et de Bâle II, se profilent à l'horizon les recommandations de Bâle III. Comment expliquer le peu d'empressement des pays industrialisés - et spécialement des Etats-Unis qui tiennent, toujours, dans cette conjoncture la place de locomotive - à refonder, malgré ses dérives, l'économie libérale capitaliste ? Il y a trois réponses possibles : • Tout d'abord, jusqu'en 2009, l'administration américaine, entre les mains des républicains (comme, en 1929-32, du temps du président H.C.Hoover), était acquise à un libéralisme sans borne, refusant de faire de l'Etat, selon l'expression du professeur W. Ropke, un producteur de normes juridiques ; • Ensuite malgré la nécessité d'une harmonisation des mesures nationales imposée par la globalisation, l'érection d'un marché unique mondial, les égoïsmes nationaux n'ont pas disparu ; • Enfin, l'apparition, en 2009-10, de signes de reprise économique, a conforté momentanément les lobbies de la City de Londres et de Wall Street, dans leur entreprise de blocage de la réforme de la régulation et de la surveillance des marché.
Perspectives
Après une phase de décroissance, aux Etats-Unis, le produit global a retrouvé la croissance, dès le milieu de l'année 2009. Dans la zone euro et au Japon, les économies affichent une performance plus faible et plus fragile. En dépit de ces signes, plus ou moins encourageants, le sous- emploi du travail s'étend presque partout bien que la destruction des emplois semble se ralentir ; dans deux régions du monde, le taux de chômage frôle les10%. En Espagne, il dépasse 19 % à la suite de l'extinction de la frénésie immobilière, entretenue par des investissements étrangers. Dans certaines contrées, pour éloigner le spectre du dépôt de bilan ou investir, des entreprises ont dû diminuer les salaires nominaux, les néolibéraux ayant, de longue date estimé que l'une des causes des récessions ou de leur aggravation résidait dans un rapport salaires/profits élevé. Le sentiment d'insécurité sociale s'est répandu, avec en « prime » la montée des nationalismes et de la xénophobie. Aux Etats-Unis, la période donnant droit aux indemnités de chômage a dû être quasiment doublée à 53 semaines (au lieu de 26) tandis qu'en France plus d'un million de chômeurs devraient être en fin de droits, en 2010.
La reprise économique, découplée de l'emploi, a été tirée par les primes (temporaires) à la casse bénéficiant à la branche automobile, le regain d'activité de certains marchés immobiliers (aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne), la consommation des ménages (soutenue par des réductions fiscales voire un versement d'aides de toutes sortes) et surtout, le secteur financier. Elle est, par conséquent, vulnérable. En d'autres termes, les plans de relance (déroulés aux dépens de la santé financière des Etats) ne semblent pas avoir eu les effets salvateurs, un grand nombre d'entreprises (exclus du marché), les autres continuant à être paradoxalement confrontées à un accès problématique au crédit et à son renchérissement ; pour tenter de contourner cette barrière érigée par les banques traditionnelles, de grandes entreprises et des PME, américaines et européennes, ont lancé des coopératives de crédit devant consentir des prêts à moyen terme à leurs membres. De plus, l'affaissement du cours du dollar (comme du yan chinois qui lui est lié) a, dans un contexte de contraction du commerce mondial, érodé la compétitivité de bien des pays émergents et de l'Europe (du moins jusqu'à la dépréciation récente de l'euro) ; les difficultés à l'exportation (et leur effet sur l'économie de certains pays développés et émergents) sont dues aussi à la faiblesse du cours du yuan que la Chine (menacée de représailles commerciales) semble disposer à réévaluer graduellement. Le secteur financier présente, quant à lui, un tableau plus reluisant mais inquiétant. Il reprend des couleurs en ne s'interdisant nullement les opérations sur des produits « pourris », très risqués mais à rendement élevé ; les souscriptions d'obligations qui étaient de 19 milliards de dollars en 2007 ont atteint les 17 milliards de dollars, en 2009, après avoir été négligeables, courant 2008. L'indice boursier mondial a connu une remontée de 79% en 2009. Le marché des changes a été, de son côté, dynamique : certains acteurs ont, par exemple, emprunté des monnais faibles (à un taux d'intérêt dérisoire) pour les placer en monnaies fortes (portant un intérêt élevé), y compris dans les pays émergents ; ces opérations, qui accentuent l'instabilité des taux de change, leur ont permis de réaliser (abstraction faite des commissions de change) un gain résultant du différentiel d'intérêt voire, aussi, d'une prime de change. Des « hedge funds », des compagnies d'assurances, des fonds souverains, etc., ont relancé leurs transactions spéculatives sur les valeurs d'Etat ou les matières premières (comme l'or, redevenu la valeur refuge). Dans le monde de la finance, les comportements anciens ont repris le dessus, comme si, cyniquement, une crise n'était pas passée par là et comme si l'aide publique n'vait eu pour objet que de les remettre sur la voie du seul gain spéculatif, et non pas d'aller, par le crédit au devant de l'économie réelle et de l'emploi (fortement affaibli) ; la banque Goldman Sachs a, en 2009, tiré 90 % de ses profits du trading et de la gestion de porte feuille pour compte propre. Grâce à leurs nouveaux profits, des banques et autres institutions financières « rescapées » ont remboursé à l'administration américaine ses aides pour lever sa tutelle encombrante, tout en envisageant de distribuer, à nouveau, d'importants bonus, suscitant un certain émoi aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, etc.
Alors que Citigroup et Bank of America ont été empêchés de distribuer des bonus, d'autres comme Goldman Sachs ou San Francisco Wells Fargo ont, pour ménager l'opinion publique, choisi de verser leurs bonus sous forme d'actions, incessibles pendant quelques années. Pour faire face à leurs engagements, les Etats (dont la notation s'est dégradée, en dépit de l'enjolivement de leurs statistiques macro-économiques), ont songé à émettre des titres obligataires mais le marché a manifesté ses craintes d'avoir à souscrire des titres « pourris », des « rossignols » dont le remboursement hypothétique, serait assuré à l'aide d'une monnaie dépréciée à terme. C'est dire que l'Etat, comme tout agent économique, déploie ses activités, sous une contrainte de ressources ; dès lors que la dépense publique est sollicitée de toutes parts, il est permis de penser que le risque de faillite, au sens d'une cessation de payements, même de pays développés, n'est plus un phénomène à sous-estimer : la Californie, région riche, en est venue à dégraisser ses effectifs de fonctionnaires et à honorer ses factures commerciales par le biais de reconnaissances de dettes (miraculeusement escomptées par le système bancaire). La Grèce, considérée comme non crédible à cause de son déficit budgétaire et sa dette publique formant, respectivement, 13 et 113% du produit global, n'a mobilisé un emprunt qu'en contrepartie d'un intérêt de 6,6 % (contre 3,1 % pour l'Allemagne). Minée par l'activité informelle, l'évasion fiscale et la corruption, il ne restait à la Grèce, pour honorer le remboursement d'emprunts arrivant à échéance, d'autre solution qu'une assistance publique. En dépit de l'hostilité de l'Allemagne (où a été évoquée l'éventualité d'une éjection de la Grèce, de la zone monétaire), ses Etats-membres ont finalement cédé aux sollicitations helléniques tout en exigeant que leµr concours soit accompagné, malgré les réserves de la BCE, par le FMI.
Une cure d'austérité
La Grèce est donc engagée, sous une double tutelle, dans une cure d'austérité (relèvement de la tva, réduction des traitements des fonctionnaires, etc.) que la population ne semble pas accepter. L'incertitude quant à l'efficacité de ce programme, les tergiversations des Etats européens à secourir la Grèce, les craintes d'une transmission de la maladie hellénique à d'autres pays ont incité les marchés à fuir l'euro et à l'affaiblir (après une phase de surévaluation spéculative). Certains analystes ont même envisagé l'éclatement possible de la zone euro car, abstraction faite des zones monétaires prévalant en Afrique Francophone et dotées de Spécificités, une union monétaire, seule, non complétée par une coordination des politiques budgétaires et donc, par une même gouvenance économique, est peu viable. Les lacunes dans la construction économique européenne, sont de plus en plus manifestes, l'euro n'ayant été introduit (en remplaçement de l'écu de compte) que pour faire faciliter et sécuriser les échanges commerciaux au saint de l'euro groupe. Il n'est donc pas pour combler, en partie, ces lacunes et calmer les marchés, les états-membres de la zone euro aient aient, dans l'urgence, annoncé l'établissement d'un fond de soutien mutuel. Instruite pa la crise grècque, la Commission européenne a préconisé que les manquements à l'accord de stabilité soient, à l'avenir,sanctionnés. Plus même, elle a convié les états membres de l'Union a soumettre à son « visa » leur projet de budget avant même qu'il ne soit transmis à leurs parlements respectifs pour débat et adoption.
Par conséquent, le glas des politiques publiques atypiques, laxistes a commencé à sonner en Espagne, en Grèce, au Portugal, etc. Leur correction semble de plus en plus impérieux pour ne pas générer des pressions inflationnistes (un mal que les économistes libéraux et les banquiers ont en horreur) et ne pas créer des soucis quant â la soutenabilité de la dette souveraine ; il faut, d'ailleurs, rappeler que le défaut de discipline financière aux Etats-Unis n'est pas étrangère à l'abandon, en 1971-73, del'étalon de change or et du système des taux de change fixes. La politique monétaire est, aussi, sous le coup d'un resserrement graduel ; certains pays (Australie, Etats-Unis, Norvège, etc.) ont déjà relevé leurs taux d'intérêt. Après avoir à l'aube, de la crise, pratiqué une politique du crédit sans retenue (afin de désamorcer un éventuel malaise social), la Chine, où le pouvor d'achat moyen de la population est modique, a décidé de bider le crédit en le rationnant (pratique bien connu dans ce pays) et de relever le taux de réserve obligatoire des banques de 14 à 17% : cette action anti-inflationniste se jutifiait d'autant plus que, faute d'un contrôle de l'usage des prêts, même les paysans emprunteurs ont choisi non de les affecter à la modernisation de leurs exploitations agricoles mais à des opérations spéculatives à la bourse de Shanghai.
En pratique l'annulation des taux d'intéret bancaires et l'expansion de la masse monétaire ont partout favorisé les placements boursiers, plus rémunérateurs et une ascension du cours des actifs, de nouvelles « buIles ». La Banque du Japon a annoncé la fin des achats des billets des trésoreries et d'obligations des entreprises en 2009. La Fed a achevé son programme d'acquisition des bons du trésor prémices d'une rigueur financière. La révision dans un sens respectif des politiques montéraires et financières (et des répercussions négatives sur la demande de la production), alors que l'économie réelle peine à se relever des effets colatéraux que lui ont causés « les fautes lourdes » de la finance n'est pas sans susciter les inquiétudes quant à une répercussion comme à la fin des années 30 de la dépression (avec son incommensurable coût social). En effet, lorsque les autorités américaines avaient levé, sans doute par excès d'optimisme, leur dispositif anti-recession (par exemple en diminuant le crédit), leur économie a, en 1937/1938 replongé dans des sévères turbulences effaçant les performances des trois années précédentes.
Il aura fallu l'avénement d'une économie de guerre pour assister au redemarrage de l'appareil productif américain et son développement continu jusqu'à la fin des « Trentes glorieuses ». Dans ces circonstances pour ne pas briser l'élan d'une entreprise fragile le défi qu'auront à relever les Etats sera celui de la gestion graduelle et perspicace du repli de leur interventionnisme (bâti sur des déficits budgétaires exagérés et une expansion rapide de la masse monétaire). Les causes du mal Les Etats membres du G20, en stigmatisant d'abord certains pradis fiscaux ont, pendant un certain temps, fait diversion tout en occultant leurs propres territoires ou entités « off shore ». Mais la résistance de la crise et des comportements risqués des institutions financières les ont contraints à penser à s'attaquer aux causes du mal. Aujourd'hui, les pays les plus immergés dans la mondialisation économique et financière. Il rest qu'il ne faille pas sous-estimer l'innovation financière, capable de creuser (avec une rapidité contrastant avec la lenteur des gouvernants) des couloirs pour contourner les nouvelles règles.
L'auteur est : Ancien ministre


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