L‘échéance se rapproche, dans la série des grandes questions existentielles qui agitent actuellement tout être normal doué d'un ventre et d'un cœur, on se demandait pourquoi avoir couplé le procès sur le financement de la campagne présidentielle du 5e mandat de Bouteflika et celui sur l'assemblage des voitures. On a compris en cours de route, l'argent est donné par des monteurs privés de véhicules pour la campagne privée du chauffeur et guide suprême du pays, et en contrepartie le même argent est redistribué aux monteurs en signe de reconnaissance, sous forme directe ou indirecte. De l'argent public bien sûr, tiré de marchés publics et suspects, gérés par des gens très suspects. Il y a aussi un lien plus indirect dans ce double procès d'oligarques, on a voulu faire un 5e mandat comme on assemble une voiture, pièce par pièce, avec des non spécialistes, au final pour obtenir un véhicule plus cher et moins fiable que si on l'avait directement importé en l'état avec, bien sûr, l'argent public. Tout cela entre amis, car en Algérie tout le monde a des amis, même Ouyahia, réputé pourtant sans cœur, inamical et méprisant, qui a ainsi justifié devant le juge ses 30 milliards sur son compte par «un don d'amis». Il n'est pas le seul, le régime a des amis, Mihoubi en a aussi, Tebboune un peu moins, lâché par ses amis justement, et de façon générale, il y a peu d'Algérien(ne)s qui n'ont pas d'ami(e)s, ce qui, à première vue, pourrait assurer une transition amicale vers le futur. Ce n'est pourtant pas évident, entre grèves plus ou moins suivies, marches diurnes et nocturnes, menaces et violences, le pays s'engage dans une dernière ligne droite très sinueuse, surtout ce paramètre supplémentaire de la sexualisation des confrontations politiques. Car depuis quelque temps, participer au hirak, c'est être homosexuel ! Mais d'un autre côté, n'est pas un homme celui qui va voter… Que faire alors ? Quel que soit le résultat, il faut rester amis. De façon platonique bien sûr.