Les présidents du Burkina Faso, du Niger, du Mali, de la Mauritanie et du Tchad ont appelé la communauté internationale à «renforcer son soutien» contre «la menace terroriste», et redemandé à l'ONU de renforcer le mandat de leur force militaire conjointe et celui de la Minusma au Mali. Les responsables des Etats membres du G5 Sahel ont décidé dimanche à Niamey de renforcer leur coopération pour combattre le péril terroriste qui frappe de plus en plus violemment leurs pays. Le sommet qui devait initialement se tenir à Ouagadougou a été relocalisé à Niamey, en signe de solidarité après la sanglante attaque du camp militaire d'Inates mardi dernier, dans l'ouest du Niger, près de la frontière malienne, dans laquelle 71 soldats nigériens ont été tués par des terroristes de l'Etat islamique pour l'Afrique de l'Ouest. «Les chefs d'Etat réitèrent leur volonté de tout mettre en œuvre pour améliorer la coordination entre la force conjointe, les forces nationales et les forces internationales alliées», selon le communiqué final du sommet qui a réuni les chefs d'Etat du Niger, du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et de la Mauritanie. Les chefs d'Etat du G5 ont également lancé un appel aux autres pays de la grande région pour «un renforcement de la coopération entre les services de sécurité et de renseignement dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière», selon le communiqué. Ils ont demandé par ailleurs à la communauté internationale de les soutenir et à l'ONU de muscler le mandat de leur force militaire conjointe et celui de la Minusma au Mali. La Force militaire conjointe du G5 Sahel, lancée en 2015 et qui devait compter 5000 hommes pour lutter contre les groupes terroristes dans les zones frontalières entre les pays membres, peine à monter en puissance. «Nous ne sommes pas tout à fait au bon niveau d' »opérationnalisation » de la force du G5», a reconnu le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, président en exercice du G5, au cours d'un point de presse, déplorant la lenteur «de décaissement des financements internationaux». Pour améliorer l'action de la force conjointe, les pays du G5 ont décidé de «mobiliser davantage de forces» dans la zone des trois frontières, (Burkina-Mali-Niger), selon le communiqué final. Malgré la présence des forces françaises (4500 soldats de «Barkhane»), régionales (force militaire conjointe du G5 Sahel), de l'ONU (Minusma au Mali), ainsi que de forces américaines, le Sahel subit des attaques terroristes de plus en plus fréquentes et meurtrières, depuis les premières violences dans le nord du Mali en 2012. L'attaque d'Inates a profondément choqué l'opinion nationale nigérienne. C'est la plus meurtrière qu'a connue le pays depuis 2015. Le Sahel vit depuis six mois une intensification du conflit. Le Mali a perdu plus de 140 soldats sur cette période, et le Burkina plus d'une quarantaine. Les armées des pays du G5 Sahel semblent impuissantes à enrayer cette spirale de violences. Opération Barkhane : L'armée française joue à quitte ou double Lors d'une visite de trois jours au Niger et au Mali (du 11 au 13 décembre), le cChef d'état-major français des armées (CEMA), le général François Lecointre, s'est employé à rappeler aux officiers de la force «Barkhane» le sens de la mission et les défis qui les attendent. «Nous sommes ici pour assurer notre sécurité pour les 30 ans qui viennent», a-t-il déclaré. Il a précisé que «si nous laissons le chaos s'installer, les Etats sahéliens vont s'effondrer sur eux-mêmes et laisser la place à l'Etat islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l'Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera». Le général François Lecointre s'est notamment rendu à Ménaka, la ville carrefour du Lipatko-Gourma, la région des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, où les raids terroristes se sont multipliés ces dernières semaines. Sur place, indique la presse française qui rapporte l'information, il a mesuré la possibilité d'appuyer plus encore des Forces armées maliennes, découragées par les revers. Sans elles, sans l'appui de la communauté internationale, rien ne pourra se faire, estime Paris. Les terroristes ne s'y trompent pas : plutôt que d'attaquer les soldats français, ils s'en prennent aux Maliens, «valeureux mais vacillants», a dit le général Lecointre. Il conteste néanmoins l'enlisement de l'opération lancée le 1er août 2014, et la fatalité qui voudrait que l'armée malienne ne sera jamais à la hauteur. Pour le général Lecointre, «c'est maintenant, dans l'année qui vient, que se joue l'avenir du Sahel». «C'est pour ça que nous nous engageons en avant-garde, et que nous allons passer à la vitesse supérieure. Si nous loupons ce moment charnière, je suis assez pessimiste», a-t-il affirmé. A. Z.