Les campagnes de sensibilisation et les appels au calme se poursuivent à Bouira. La préservation du caractère pacifique du mouvement révolutionnaire est désormais l'affaire de tous. Pour éviter d'autres dérapages et incidents pouvant sortir le hirak de sa ligne pacifique, des activistes et des militants multiplient les actions après que la région ait été plongée dans la violence ayant fait des centaines de blessés parmi les manifestants et les forces de l'ordre de la police et de la gendarmerie. Depuis le début de cette semaine, des rassemblements quotidiens sont organisés à la place des Martyrs du chef-lieu de wilaya appelant au calme. Le même appel est relayé sur les réseaux sociaux. «Nous devons rester vigilants et pacifiques dans nos actions», a appelé Meziane Chabane, militant et également élu du RCD, à l'occasion d'un rassemblement à la place des Martyrs, où les présents ont débattu aussi de la question d'emprunter un autre itinéraire, évitant ainsi le passage de la procession à l'occasion des prochaines marches devant le siège de la sûreté de wilaya. Vendredi dernier, la situation a failli dégénérer, n'était le sang-froid de la police qui, faut-il le préciser, n'a pas répondu aux provocations de quelques «marcheurs» qui ont lancé des pierres en direction de l'enceinte sécuritaire. Les mêmes appels au calme ont été adressés aussi par les trois blessés des récentes manifestations de jeudi et qui sont toujours hospitalisés au service ophtalmologie du l'établissement hospitalier Mohamed Boudiaf de Bouira. Blessés tous à l'œil, leur état de santé est stable. «Notre fils a perdu son œil au cours des affrontements survenus sur le RN05 avec les forces de la gendarmerie», a déclaré un proche de Djemai Amazigh, lycéen appelant au calme tout en condamnant toute forme de violence et de provocation. Un élan de solidarité a vu le jour autour des trois victimes blessés tous à l'œil. A Ath Laaziz, au nord de Bouira, un appel à la solidarité et à une quête pouvant aider le jeune lycéen Djemai Amazigh a été initié par le mouvement associatif. Il s'agit du deuxième cas ayant perdu son œil après celui enregistré, à l'occasion d'un meeting électoral du candidat Ali Benflis, qui vient d'annoncer son retrait de l'activité politique après avoir essuyé des échecs successifs. «Nous devons rester calmes et aussi contribuer pour que notre mouvement ne sorte pas de son cadre initial. Tout acte de violence doit être banni et surtout dénoncé», a déclaré Chabane Slimane, un habitant de la région. Et d'ajouter : «Les manifestations violentes ont fait presque 300 blessés. J'appelle au calme et surtout de ne pas répondre aux provocations qui ne viennent pas toujours de là où on pense. Le pacifisme est la seule voie qui mènera la révolution à son terme», a-t-il souligné.