Des centaines de personnes ont répondu à l'appel lancé par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) pour l'officialisation effective de tamazight. Pendant la marche, qui a démarré de la place des Martyrs de la ville jusqu'au siège de la wilaya, les militants du RCD épaulés par ceux du Mouvement pour l'autodétermination de Kabylie (MAK) ont scandé les traditionnels slogans antipouvoir : «Pouvoir assassin», «Ulac Smah Ulac», «A bas la répression, liberté d'expression». Sur une banderole géante déployée par les militants du RCD, on pouvait lire également «Pour une transition démocratique, 126 assassinats, aucun coupable». La marche s'est déroulée dans le calme, sous l'œil vigilant des éléments des forces de sécurité mobilisés le long de l'itinéraire emprunté par les militants et autres sympathisants du RCD. Des adhérents du parti ont dénoncé les provocations, menaces et intimidations de la police, qui a interpellé la veille deux jeunes dans la commune d'El Esnam alors qu'ils étaient en opération d'affichage de l'appel à la marche populaire commémorative du Printemps berbère. Dans la wilaya de Bouira, plusieurs militants du parti ont fait l'objet d'interpellation, surtout de la part des éléments de la Brigade de recherche et d'investigation (BRI) ayant interdit l'affichage de manière brutale à des adhérents du parti mobilisés dans le cadre de cette opération, ont dénoncé des responsables du RCD. Dans le communiqué lu hier à l'occasion de cette marche, le RCD affirme que, comme à l'accoutumée, «le pouvoir a encore une fois joué la provocation. Le RCD a déjà appelé à la vigilance car le pouvoir nous a habitués, dans le contexte politique de règlements de comptes claniques, à créer des abcès de fixation pour faire diversion». Le RCD souligne également que le combat pour l'officialisation effective de la langue amazighe «va continuer sans relâche et de manière pacifique, n'en déplaise à ce pouvoir qui alimente la violence pour embraser la région de Kabylie». Pour leur part, les militants du (MAK) étaient nombreux, hier, à la marche organisée depuis l'université Akli Mohand Oulhadj vers le siège de la wilaya. Les militants de ce mouvement, dont des étudiants, ont scandé des slogans hostiles au pouvoir en revendiquant l'autodétermination de la Kabylie. La situation a failli dégénérer après que la police ait interdit tout rassemblement devant le siège de la wilaya. Un dispositif impressionnant des forces antiémeute a été mis en place, sécurisant surtout le siège de la wilaya et la statue de l'Emir Abdelkader. Les militants du MAK ont quand même réussi à accéder à l'esplanade de la maison de la culture Ali Zammoum, où une prise de parole a eu lieu ; les animateurs de ce mouvement ont appelé leurs militants et surtout les étudiants à «ne pas céder aux provocations de l'administration qui leur a interdit des conférences commémoratives du Printemps berbère».