En dépit d'une décision de justice ordonnant l'arrêt immédiat de la grève générale déclenchée avant-hier au complexe ArcelorMittal d'El Hadjar, le syndicat a décidé de maintenir le mouvement de protestation. « Plus de 5000 travailleurs ont voté, lors d'une assemblée générale, pour la continuité de la grève jusqu'à l'aboutissement des revendications », a déclaré hier à la presse Smaïl Kouadria, le représentant des travailleurs. En réaction, la direction a déposé une troisième plainte près la section pénale du tribunal d'El Hadjar contre Smaïl Kouadria en tant que secrétaire général, avec comme grief la non-application de la décision de justice. Ce dernier et avec lui les travailleurs acquis à la grève s'estiment, pour leur part, dans leur plein droit et affirment avoir respecté la démarche de préavis, soutenant par ailleurs le caractère légitime de leurs revendications. La grève s'est donc poursuivie hier pour la deuxième journée consécutive. Toutes les installations de production du complexe étaient paralysées. Dans un bulletin d'information adressé à ses travailleurs, la direction générale d'ArcelorMittal a usé d'un langage ferme en avertissant ses employés : « Hier le tribunal d'El Hadjar a rendu un jugement ordonnant l'arrêt de la grève. Le texte intégral du jugement a été affiché dans toute l'usine. Dans un pays de droit, cette décision de justice doit être respectée par tous. Ceci signifie que tous ceux qui ne reprendront pas le travail s'opposeront à la décision du tribunal avec toutes les conséquences légales d'une telle attitude. » Selon des juristes spécialisés dans le domaine des conflits socioprofessionnels, l'employeur est en droit de prendre des mesures coercitives à l'encontre de ses employés après la notification de la décision par affichage dans tous ses ateliers. Tout en laissant la porte ouverte à une éventuelle nouvelle négociation, la direction générale a tenté, dans le même document, de sensibiliser en estimant que « le recours à la grève est un droit que la direction respecte lorsque le processus décrit par le code du travail est respecté. De ce fait, chaque salarié est libre de suivre ou pas ces mouvements, comme le précise la loi. Dans le cas précis, il est de la responsabilité de chacun de se conformer ou pas à une décision de justice ». Cet appel a trouvé plusieurs oreilles attentives, poussant quelques centaines de travailleurs à rejoindre leur poste de travail. Cependant, ils ont été confrontés à l'hostilité des grévistes, selon des témoignages.