De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le jugement du tribunal d'El Hadjar rendu lundi dernier, ordonnant aux travailleurs de suspendre le mouvement de grève et de reprendre le travail n'a pas eu d'effet et les quelque 6 200 salariés ont maintenu le mot d'ordre de grève lancé par leur syndicat au complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar. La direction qui avait notifié par voie d'huissier le jugement au syndicat tôt dans la matinée d'hier s'attendait à ce que la situation soit rétablie et que le jugement soit exécuté mais les choses ont évolué différemment. En effet, une assemblée générale tenue hier avait donné lieu à un vote à main levée pour ou contre la reprise du travail, un vote auquel ont participé 5 000 travailleurs présents et à l'issue duquel il a été décidé la poursuite du mouvement de grève jusqu'à satisfaction par l'employeur de la plate-forme de revendications portant essentiellement sur des augmentations de salaires. «La grève est un droit et personne ne peut nous le confisquer !» entend-on répéter dans les rangs des travailleurs. Des travailleurs déterminés à aller jusqu'au bout malgré les risques encourus, à savoir un licenciement sans indemnités ni préavis, ce que ne craignent nullement les milliers d'ouvriers réunis hier. «La direction ne veut pas appliquer la convention de branches pourtant entérinée par la tripartite, on ne fait rien pour l'amener à respecter cela et on nous pénalise pour avoir revendiqué ce droit, c'est à n'y rien comprendre», nous lance un des travailleurs présents à l'assemblée générale. Affichant une sérénité déconcertante face à ces événements, la direction exige que la loi soit appliquée. «C'est une ordonnance du tribunal, nous sommes dans un Etat de droit et il faut que les décisions de justice soient appliquées à la lettre», nous confie un responsable au niveau du staff dirigeant. Visiblement, la tendance générale au niveau du complexe sidérurgique d'El Hadjar est à l'escalade et la tension monte malgré les appels à la raison tant de la part de l'Inspection de travail que de la wilaya. Le bras de fer continue et les jours à venir nous en diront peut-être plus.