L'Uruguay, qui affrontera la Corée du Sud samedi en 8es de finale, après avoir franchi le premier tour sans encaisser de but, a enfin renoué avec son glorieux passé et pourrait bien être la « surprise » du Mondial-2010. L'attaquant Diego Forlan n'aime pas ce mot, jugeant qu'il fait injure au « passé glorieux » d'un double champion du monde (1930, 1950), double champion olympique (1924, 1928), codétenteur avec l'Argentine du record de sacres en Copa America (14). Mais depuis un ultime sacre continental en 1995, la « Céleste » était restée clouée au sol, avec un seul Mondial en 2002, terminé dès la phase de poules. C'est une sélection qui vit sur des souvenirs couleur sépia qu'Oscar Tabarez reprend en février 2006 : une équipe réputée violente mais désormais sans talent minée par les divisions aussi et qui n'a pas su tirer profit de joueurs d'exception comme Enzo Francescoli. Après avoir mené l'Uruguay en 8es de finale du Mondial-1990, Tabarez « reconstruit avec des jeunes joueurs ». On l'a d'abord payé en termes de résultats. « Mais on savait que si on se qualifiait, on serait dans de bonnes conditions », se souvient le technicien. Si le Mondial est une « joie », les qualifications furent « une souffrance », reconnaît-il, obligé de passer par les barrages contre le Costa Rica. Mais une demi-finale de Copa America perdue aux tirs au but, contre le Brésil en 2007, laissait présager des lendemains qui chantent pour ce que le milieu Alvaro Pereira décrit comme « un groupe impressionnant sur le plan humain, qui a toujours cru en lui ». La « garra » Cette cohésion, cette foi en un destin collectif, se voit sur le terrain. « Il n'y a pas de supervedettes, mais de très bons joueurs. Le sélectionneur a eu la bonne idée de conserver le même groupe depuis qu'il est en poste », explique Pablo Forlan, ancien joueur et père de Diego. L'entraîneur mexicain, Javier Aguirre, a rendu hommage à une équipe « compacte » face à laquelle monopoliser le ballon n'est pas gage de réussite. Des Français inoffensifs l'ont appris à leurs dépens en ouverture (0-0). L'Uruguay a retrouvé sa « garra », mélange d'engagement physique et de détermination mentale, qui fut sa marque de fabrique. A l'instar de l'Inter Milan de José Mourinho, les individualités sont au service du collectif, comme l'illustre parfaitement Diego Forlan, positionné derrière deux attaquants. Cette cohérence et le talent du gardien Fernando Muslera ont permis de ne pas encaisser le moindre but. « Bien défendre n'est pas un crime, c'est une vertu », rétorque Tabarez à ceux qui taxent son équipe de conservatisme. Avec Forlan et Luis Suarez, la Céleste dispose de joueurs capables de capitaliser sur le socle collectif. Face à la Corée du Sud, l'Uruguay sera favorite. Après... « On sera dur à battre », prévient Tabarez.