Il y a beaucoup de gens qui souhaitent mon départ depuis très longtemps. Je verrai cela à tête reposée avec le président. » Non cheikh, « Yarhem walidik », retire-toi tranquillement et « smah binatna ». Je suis certain que 20 millions d'Algériens au moins auraient envie de dire ceci à Rabah Saâdane, qui vient de réussir un rapide aller-retour en Afrique du Sud. Mais en attendant que El Hadj Raouraoua prononce la « fetwa » presque évidente contre le cheikh, on entend déjà des vuvuzelas plus au moins audibles qui tentent de vendre des candidatures au poste de sélectionneur. Certains « techniciens » à la petite semaine iront jusqu'à éviter de critiquer le parcours des Verts au risque de griller leur joker. D'autres pensent plutôt qu'il faut tirer sur l'ambulance Saâdane pour se mettre dans les bonnes grâces de Raouraoua qui apprécierait l'embuscade pour trancher dans le vif. Une autre catégorie joue le patriotisme de mauvais aloi, genre « mois j'aime l'Algérie », « je ne peux pas refuser l'appel de la patrie » et j'en passe. La quatrième vague met en avant la « légitimité historique » dans la pure tradition FLN ; un peu comme les anciens champions du monde 1998 en France. Or, ni les exploits passés ni le patriotisme de bazar et encore moins la proximité suspecte avec les dirigeants de notre football ne doivent être des critères de choix. Mohamed Raouraoua devrait fermer la porte aux opportunistes de tout poil. Il devrait leur interdire l'accès au vestiaire. A ceux qui se gargarisent sur un technicien local pour remplacer Saâdane, personnellement je n'en vois pas qui en a le profil et surtout la poigne. Même Khalef Mahieddine, qui remplit ces conditions, semble un peu vieux jeu puisqu'il conseille de garder son ami Saâdane… Or, notre sélection a besoin d'un homme charismatique, compétent et décideur. Un homme capable de dire à Ziani : « Tu ne joues pas aujourd'hui », à Antar « ne te mêle pas du choix des joueurs à sélectionner » et à Chaouchi « si tu n'es pas content d'être remplacé la porte est ouverte » ! Voilà l'homme qu'il faut, au-delà, bien sûr, de son niveau intellectuel et son vécu sur les terrains de foot dans le monde. Un type capable de gérer le bouillant vestiaire des Verts et qui a du caractère. C'est ce qu'il faut à un groupe de joueurs certes talentueux, mais qui a besoin d'être discipliné par un mec qui ne rigole pas et qui n'accepte pas les nababs, les intouchables. Y a-t-il un technicien algérien qui soit tout cela à la fois ? Ceux qui portent l'étendard du « mentouj bladi » (produit local) mènent assurément un combat douteux. On vient de voir les résultats avec Rabah Saâdane qu'on présente – pas moi – comme le meilleur entraîneur algérien ! Alors Messieurs, si vous n'avez pas le niveau du cheikh, nous n'avons besoin de ses élèves ! Les défenseurs de valeurs défensives, nous en avons assez. Nous avons une équipe qui promet beaucoup. Il serait suicidaire d'en confier les rênes à ces apprentis techniciens qui collectionnent des échecs en club. Nous allons le vérifier dès aujourd'hui, des noms et des visages vont écumer les unes de nos journaux sportifs. Comme un cadavre encerclé, les Verts vont faire saliver d'envie certains entraîneurs qui rôdent autour de la sélection et de la FAF. Sauf que l'équipe nationale est loin d'être un cadavre. Et à ce titre, elle mérite largement mieux qu'un vautour attiré par le confort du poste de sélectionneur. Les Verts ont mûri, ils ont besoin d'un grand technicien même s'il doit nous coûter les yeux de la tête. La performance est à ce prix. Une consolation tout de même : notre valeureuse sélection de goal-ball (handicapés) s'est brillamment qualifiée aux quarts de finale du 9e Championnat du monde de Sheffield. Elle a même battu le Canada, l'Angleterre et l'Allemagne !